Alter Ego (Tome 2) - La Flamme Jumelle

Chapitre 11

L'enfer possédait-il en lui la présence d'ange ?

Non, il n'y avait que démons et désolations. Alors qu'elle était cette voix que je pouvais entendre ? Un chant divin ?

Je m'approchais vers ce son qui semblait même attirer les autres créatures de ce lieu de torture.

Une femme splendide se trouvait au bord d'une rivière à l'eau d'un bleu étrangement translucide. L'Enfer avait-il toujours eu une telle couleur en ces lieux où la terre était rougis par le sang, la rouille et la sécheresse, où le ciel était sans cesse assombrit à cause de l'absence éternelle du soleil ? Même la végétation y était morte.

Pourtant dans ce paysage infernal, une femme aux cheveux d'un très clair pastel bleuté se tenait droite devant le fleuve. Ses mains étaient jointes pour une prière, ses paupières étaient closes. Alors se cheveux, d'une longueur extrême, prirent une couleur blanche aussi pure que celle de sa peau. Ses oreilles étaient pointues et une auréole flottait au-dessus de sa tête. Elle portait une armure féminine très courte et révélatrice de ses formes divines, mais qui semblait néanmoins être très utile pour la protéger en cas de combat.

Il s'agissait d'un ange.

Un ange en Enfer. Un ange qui chantait :

-Pater est dulcis oratio

Requiem aeternam

Nam peccatores.

La voix angélique de la femme était enchanteresse. Elle semblait apaiser les âmes tourmentées de l'Enfer. Les démons étaient subjugués :

-Elevat orationem meam

Sancta Mater Jesu

Ducat spiritus.

En cet instant, l'Enfer n'avait plus rien de dangereux. Il ressemblait à un lieu apaisant, comme un Paradis Perdu. Un lieu qui ne m'atteignait pas :

-Spiritus Sancti, libera nos,

Peccator cum judicatur

Dimittite eum.

Lorsque l'ange eut fini son chant céleste, la paix avait semblé envahir les lieux. Le silence régnait jusqu'à des kilomètres. Les tortures avaient cessé, les guerres s'étaient arrêtées. L'Enfer était harmonieux.

Portant ma main à mon cœur, j'y sentis un faible battement. Cela avait été bref mais je l'avais sentie.

Soudain, l'ange ouvrit les yeux, présentant une magnifique couleur bleuté. Des yeux qui me fixaient. S'approchant de moi, elle semblait presque flottée dans sa démarche élégante et surnaturelle. Mes sœurs Yuki-onna auraient pu la confondre comme une Dame des neiges d'origine occidentale :

-Tu es la femme de la neige que Samael a ramenée, n'est-ce pas ?

J'affirmais de la tête pour toute réponse et l'ange me sourit :

-Je suis Hime. Yuki Hime.

-Enchanté Yuki. Je m'appelle Mikhael, se présenta-t-elle un grand sourire aux lèvres.

Elle me tendit la main pour serrer la mienne mais recula rapidement, surprise :

-Ta peau est vraiment froide. Serais-tu tombée malade ?

Elle semblait inquiète alors qu'il n'y avait aucun souci à se faire :

-Je suis une Yuki-onna, je suis toujours froide.