Dèsl'instant où nos yeux se sont croisés sur les rails, j'ai su...
J'aisu que ses yeux innocents et naïfs, ses yeux où se reflétait toutsa confiance dans la société et la justice allaient me perdre.
Jedois m'éloigner d'elle au plus vite parce que je ne veux pas mettreun nom sur l'émotion qui monte en moi quand, en toute innocence,elle insiste pour changer la direction de ma vie.
C'estsans compter sur mon activité.
Jesuis un kurosagi, j'ai juré il y a 6 ans de vaincre tous lesshirosagi et les akasagi qui se présentaient à moi.
Ledestin a voulu, cette fois-là, que ma victime soit l'escroc del'oncle de cette fille. Je déteste ces gens qui croient en lajustice et qui méprisent les hors-la-loi que je suis. Avec ces yeuxde biches, pense-t-elle réussir à rembourser les dettes de safamille ? Au pire, l'escroc est en prison et ensuite ? Aura-t-elle undédommagement ? La justice n'a pas de pitié pour les victimes,n'importe laquelle.
Jedois me détourner d'elle, nous ne vivons pas dans le même monde,n'est-ce pas ?
Quele destin est cruel ! Il a fallu que je loue l'appartement à côtédu mien à une étudiante. Je ne connaissais pas son nom, je ne mesuis donc pas méfié. Quelle ne fut donc pas ma surprise en rentrantmon chat de la voir le nourrir. C'est mon chat, elle n'a pas à ytoucher !
Jeregrette de l'avoir sauvée avant qu'elle soit happée par letrain... Est-ce cruel de ma part ? Elle bouleverse les barrières quej'ai mises tant de mal à ériger après la destruction de mafamille.
"Personnene peut faire de mauvaises choses aussi calmement que toi !" Quepeut-elle comprendre ? Elle me parle de légalité, de famille,d'amitié... Parlons-en de l'amitié ! La seule que j'avais, je l'aidétruite, juste parce qu'elle s'est révélée être une de mesvictimes, un escroc qui se joue de l'innocence de jeunes fillesriches en mal de reconnaissance. Alors oui, c'est mon ami, alors oui,je l'ai envoyé en prison après avoir récupéré ce qu'il avaitvolé. Je l'ai fait parce que je ne voulais pas qu'il continue dansla voie de l'escroquerie.
Jesuis un solitaire par choix, je ne veux pas ouvrir mon coeur. Latraitrise fait trop mal ensuite.
Jesuis démuni devant son regard. Je ne veux pas de sa pitié à deuxballes. Elle veut devenir procureur ! Grand bien lui fasse. Ces genssont aussi fourbes que les escrocs, avides de l'appât du gain.Malgré ses belles paroles, elle deviendra comme eux car elle nepourra pas aller contre.
Maispourquoi faut-il qu'à chaque rencontre, les émotions soient tropfortes au point où je ne sais retenir aucune larme ? Ces larmes quej'ai retenues pendant 6 ans, pourquoi faut-il qu'une gamine me lesfasse ressurgir ? Elle est la seule à avoir vu ma faiblesse. C'estdécidé, je dois l'éloigner. Alors je jongle avec ses horaires pourla voir le moins possible en attendant qu'elle déménage. C'est dur.Je ne peux nier que j'aime nos rencontres. Et la titiller marchetellement bien avec elle ! Oui, je dois avouer qu'elle ensoleille mavie. Mais à cause de ça... ma vengeance devient amère.
Jevois dans son regard qu'elle n'est toujours pas d'accord avec monmétier mais elle ne dit plus rien. Elle a découvert chacun de messecrets. Elle connait maintenant mon lien avec Katsuragi. Si un jourelle décide de me trahir et de dévoiler cela à la police, jepourrais dire adieu à ma liberté. Ce ne sera pas non plus du goûtde Katsuragi qui cherchera à m'évincer, pire à l'éliminer, elle.
"Peux-tuêtre heureux de cette manière ?... Je pense que tu évites lebonheur. Ce n'est pas bon pour les gens d'abandonner le bonheur... Tun'es pas combatif. Tu fuis. Parce que c'est plus facile de détester."Non mais avec quoi elle vient là ? Bien sûr que non je ne suis etne peux pas être heureux tant que je n'aurais pas mis sous lesverrous l'escroc qui a détruit ma famille. Je fuis ? La belleaffaire ! Et je fuis quoi ? Depuis 6 ans, je ne suis plus rien,qu'une coquille vide et avide de vengeance. Ah, je fuis l'amour...C'est vrai, je ne veux pas m'attarder et réfléchir à ce sentiment.Haïr, c'est plus facile. C'est devenu ma vie depuis ma deuxièmenaissance.
Heureux! Un goût âcre empli ma bouche. Je suis la pire des créatures. Jelui annonce de but en blanc que son père est un escroc. Je préfèrequ'elle ne se fasse pas d'illusions trop longtemps. J'ai été trahipar mon père, je sais ce qu'elle ressent. Et je suis... "Pourquoies-tu fâché ?" Quand Katsuragi me retourne la question, je nepeux répondre honnêtement. Je veux la protéger de moi et de lui.Peut-être que je veux que quelqu'un m'aime pour moi et pas pour ceque je représente, le danger, l'illégalité, le délit.
Non,impossible.
Jamaisje ne changerai pas. Mon monde est trop différent du sien. Je neveux pas qu'elle y entre et tant que je n'aurais pas trouvé le butqui m'a amené là où je suis, je ne quitterai pas le mien.
Mesmots sont durs mais je le dis autant pour moi que pour elle. Alorspourquoi vient-elle me jeter ses sentiments à la figure ? Je viensd'éviter à son père d'être emprisonné. Est-ce comme ça qu'elleme remercie ? Je n'en veux pas. Pourquoi se joue-t-elle de moi ? "Pasd'ami, pas d'amour, ni de sympathie de pacotilles", voilà madevise.
Depuisque je l'ai rencontrée, tout va de travers : je prends un malinplaisir à jouer au chat et à la souris avec ce flic qui mepoursuit. Il m'attrapera un jour, je ne m'en fais pas ; ce plaisirque j'ai ressenti un bref instant quand la vieille dame m'invite chezelle.
"Cequi le motive à devenir escroc, vous ne le comprenez pas ? Il vousdéteste plus que tout... Malgré ça, il achète les informationschez vous, il veut toujours se venger. Ne comprenez-vous vraiment passes sentiments ? Ne le laissez pas souffrir encore plus. Ne lelaissez plus escroquer personne. Ne lui vendez plus d'informations."Elle crie, supplie, hurle devant Katsuragi. Ses mots me font mal. Pasmaintenant. Je ne peux pas abandonner. Jamais. Alors, je refuse del'écouter. Je refuse ses sentiments. "Si tu le dis vraimentpour mon bien, arrête de m'aimer". Voilà, je remets les pointssur les "i". Son amitié, j'en veux bien. Je saismaintenant que je ne suis pas seul même si je ne peux pas yrépondre.
Ettandis qu'elle me le rappelle, qu'elle sera toujours à mes côtésmême de loin, alors que les flics m'emmènent, je chéris au fond demon coeur, ce court moment où, devant les feux d'artifices quiéclataient autour de nous, nous avons joué à cache-cache. L'espaced'un instant, j'ai pu oublier qui j'étais, où j'étais. Mais laréalité s'est rappelée à moi. Non, je ne peux pas me laissertenter.
Je suis sorti, libre et plus déterminé encore.Parce que maintenant je sais. Je ne serais jamais seul, m'a-t-elledit. J'ai quelqu'un qui s'inquiète pour moi. Elle est un rayon desoleil dans ma vie. Je ne le lui avouerai jamais mais sa présencem'aide à continuer mon but.
Jesuis un Kurosagi et je continuerai à me nourrir des escrocs jusqu'audernier.
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Kurosaki - Perte de repères
Hayran KurguQuand Kurosaki rencontre Yoshigawa, il commence à perdre ses repères. Arrivera-t-il à aller au bout de son objectif ? Les pensées des trois principaux protagonistes du drama de 2006.