J'étais assis sur ce canapé en velours dans cet hôtel luxueux de Paris, les yeux bandés et l'air sceptique. Je pouvais entendre mes potes chuchoter et rire, fiers de leur soi-disant "cadeau d'anniversaire".
Sachant que je n'aimais pas ce genre d'embuscade, ils m'avaient traîné ici de force, à trois contre un, me piégeant devant la porte de mon immeuble.Et je me retrouvais sur ce canapé, complètement impuissant à attendre leur connerie. Cela faisait déjà dix minutes que je tentais tant bien que mal de rester patient et de ne pas me lever pour partir. Les connaissant, ce qui allait suivre était certainement plus un cadeau pour eux que pour moi, ce qui me faisait inlassablement soupirer à chaque fois que cette idée traversait mon esprit. J'avais des amis indomptables, dans tous les sens du terme.
Je me raidis lorsque le bruit d'une porte se fit entendre. Un silence de plomb s'installa dans la pièce et je pus entendre ma respiration irrégulière battre le tempo et résonner dans la chambre. Le bandeau qui couvrait mes yeux me dérangeait de plus en plus et je fus soulagé lorsque je sentis des mains le retirer doucement. Je gardai mes paupières fermées l'espace d'un instant, n'étant vraiment pas pressé de voir ce que mes amis m'avaient préparé. Mais je me résignai finalement à recouvrer la vue et à faire face à mon cadeau d'anniversaire.
Une musique assourdissante rompit le silence au moment où un corps se déhancha devant moi. Un corps d'une pâleur inquiétante.
Les reflets dorés de ses boucles châtain dénotaient totalement avec la lividité qu'elle dégageait. Le bleu de ses yeux brillait d'une lueur fade et insipide. Son fond de teint rendait ses quelques tâches de rousseurs à peine visibles et sa bouche rouge sang était fermement pincée, comme si elle se mordait l'intérieur des joues pour s'empêcher de crier.
Je vis mes amis la regarder bouger comme s'ils faisaient face à une merveille venue d'un autre monde. Moi je ne voyais qu'un mal-être personnifié, un fantôme vêtu d'une petite tenue à paillettes. Malgré ses courbes qui donnaient le tournis et ses mouvements qui suscitaient beaucoup trop de choses explicites, malgré sa danse suggestive et ses formes qui pouvaient rendre tout homme fou à lier, je n'arrivais pas à détacher mes yeux des siens.
Elle adoptait un regard hautain qui cachait un manque d'assurance et une innocence partie trop tôt. Ses yeux reflétaient la peine et le déshonneur et laissaient transparaître une haine des plus perceptibles. Son visage fermé et fatigué me tordit le ventre, ce qu'elle dégageait était à la fois époustouflant et attristant. Plus je la contemplais et plus elle m'intriguait.
Ses mouvements suivaient le rythme de la musique à la perfection mais une chose la trahissait : ses mains. Elles tremblaient malgré les efforts qu'elle fournissait pour le cacher. Les gars la regardaient avec des étoiles dans les yeux, tous assis sur le grand canapé de la suite qu'ils ont louée ; moi j'étais paralysé. J'étais presque aussi gêné et tremblant qu'elle et je savais parfaitement que ceci était causé par sa présence. Tout comme notre présence la rendait presque malade.
Elle s'arrêta de danser au bout de quelques minutes et ne se cacha pas de soupirer de soulagement. Bien entendu, je fus le seul à m'en rendre compte et elle parut surprise de m'entendre soupirer à mon tour, content que cette scène s'achève enfin. Les garçons applaudirent pendant un temps qui me parut interminable et se levèrent d'un même mouvement du canapé.
- Bon, on a assez profité de ton cadeau frère. On vous laisse un peu tous les deux, me lança Framal en appuyant sa remarque d'un clin d'œil lourdingue.
Je ne pris pas la peine de répondre et vis mes trois amis prendre la porte en prenant soin de me lancer des sourires entendus.
Seuls dans la pièce qui me parut d'un seul coup trop petite, j'étais scotché sur le canapé tandis que la jeune femme restait face à moi, stoïque. Je décidai de désamorcer la situation mais un mouvement de sa part m'en empêcha.
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J'avais aucune chance
FanfictionÀ la base c'était juste pour rire. Une connerie de plus de la part de mes potes. Mon "cadeau d'anniversaire" pour marquer le coup. À la base, c'était juste un délire, une rencontre fortuite et passagère. À la base, ouais. «Je l'ai vu apparaître pâl...