Chapitre 7

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Le brouillard s'était installé dans Paris, masquant la pleine lune et la visibilité des rues. Nous marchâmes en silence jusqu'à la boîte, tous plongés dans nos pensées. Je ramenai ma parka sur moi en croisant les bras et fus pris d'un léger spasme dû au vent. Je plissai les yeux et regardai attentivement devant moi. Ne pas arriver à discerner ce qui m'entourait était quelque chose que je dépréciais particulièrement.

Je m'arrêtai brusquement au niveau du passage clouté lorsque j'entendis des klaxons résonner. Je soupirai et me fis charrier par les mecs sur mon éternelle maladresse.



- Toi plus tard tu vas mourir trop connement, j'ai juré.

-          Y a du brouillard, je vois rien !

-          C'est juste que t'es archi étourdi frère, répondit Framal entre deux rires.

-          Tu vis dangereusement toi ! Continua 2zer en se tordant presque de rire.


Je me mordis la lèvre inférieure et ne répondis pas. Framal avait raison, ça m'arrivait depuis que j'étais gamin et ça empirait au fil du temps. J'étais le mec le plus maladroit du crew et j'en subissais les moqueries quotidiennes des mecs.


-          C'est ta discussion avec Elena qui te fait autant perdre la tête ?


Je tournai ma tête vers Mekra et le vis me regarder, les sourcils froncés.


-          Elle veut arrêter. Je crois qu'elle culpabilise de la tournure qu'a prise notre relation...

-          C'est peut-être pas plus mal.

-          Je sais pas, peut-être, dis-je en haussant les épaules, tête baissée.

-          Tu l'aimes cette meuf ?

-          Je sais pas... Non, je l'aime bien, je l'ai toujours trouvée spéciale par rapport aux autres mais il y a un truc qui s'est défait, je crois.


Il me tapota l'épaule et ne rebondit pas. Il savait qu'il fallait me laisser réfléchir de mon côté, dans ces moments-là.


-          En tous cas, finit-il tout de même par dire, on respecte votre relation. On a été un peu con tout à l'heure, parce qu'on s'attendait pas à la voir mais... On n'a jamais pensé que c'était une tshoin.

-          Je sais.


Je lui esquissai un sourire qu'il me rendit. Nous finîmes notre marche en silence et nous retrouvâmes très vite devant la fameuse boite.

Nous saluâmes le vigile et rentrâmes à l'intérieur, sous les regards des personnes de la file d'attente.
Je tentai d'esquiver les gens qui se bousculaient en dansant et évitai de justesse un verre d'alcool tombant à la renverse. La musique était au maximum et je ne sentais déjà plus mon cœur battre, ma cage thoracique prise par les tambourinements des amplis. Je fermai les yeux un instant et pris une grande inspiration, ces mouvements de foule m'angoissaient particulièrement et je me sentais déjà vacillant. Les gens autour de nous ne faisaient attention à rien, sauf au groupe auquel ils appartenaient et à l'alcool qu'ils ingurgitaient sans vraiment s'en rendre compte. Les trois quarts avaient leurs yeux plongés sur leur smartphone, certains tapant des messages, d'autres se prenant en photo. La génération 2.0. La génération de tous les idéaux, qui vit à travers le faux parce que tout paraît plus beau. La génération du fléau.

Nous nous rendîmes au premier étage de la boîte, vers le coin VIP où se trouvait déjà tout l'entourage. Je les tchéckai un à un et tournai la tête vers la petite scène. J'esquissai un sourire en voyant Lo' se démener aux platines, comme à son habitude. Les gens étaient en transe et je commençai à me laisser porter par l'ambiance, malgré le fait que je venais à peine d'arriver. J'acceptai le verre que me tendit Alpha et en bus deux gorgées en grimaçant. Je n'avais plus l'habitude de boire et je sortais de plus en plus rarement, ce qui me rendait légèrement fragile en ce qui concernait le fait de tenir l'alcool. Je n'avais clairement plus la même descente qu'avant et les garçons ne se faisaient pas prier pour me le faire remarquer, à chaque fois que je buvais un verre de trop.

J'avais aucune chance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant