Chapitre 3

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Je rodais depuis une heure dans le 13e arrondissement, ne voulant pas rentrer directement chez moi. La journée passée au studio m'avait claqué mais je cherchais encore une nouvelle inspiration pour mes sons solo.

En vérité, je cherchais surtout à m'occuper physiquement et mentalement pour ne pas avoir le temps de trop réfléchir. Mais l'inspiration n'était pas là et la nuit n'allait pas tarder à tomber. J'étais seul dans les rues encore bondées de Paris et je ne pus m'empêcher de trop penser ; comme d'habitude.

Les vibrations de mon téléphone m'indiquèrent une nouvelle notification. Je vis un message de Framal, perdu entre les quarante autres que j'avais reçu cette dernière heure.


De Framal :
Passe à l'appart soir ce

A Framal :
C'est mort j'suis claqué, je rentre chez oim

De Framal :
Pourquoi tu mens comme aç ? Avoue tu vas voir une go, c'est qui ?

A Framal :
Ta mère

De Framal :
Putain Nek on a dit pas les mères wesh


Je ricanai et verrouillai mon téléphone avant de le ranger dans ma poche.

Même si je savais que prendre un café à cette heure-ci n'arrangerait rien à mon état, je me dirigeai vers le Starbucks le plus proche et patientai dans la file d'attente en tapant machinalement du pied.

J'observai les gens installés aux alentours, certains en groupe, d'autres seuls. Les rires et discussions se mêlaient au bruit des touches des claviers d'ordinateurs de ceux qui travaillaient, le tout formant un écho qui me fit grimacer. Je sentis la migraine monter lentement et me pinçai l'arrête du nez tout en me massant la tempe gauche.

Lorsque je pivotai la tête vers le début de la file, je vis une chevelure châtain et bouclée qui me tournait le dos. Mon cœur s'accéléra quelque peu et les mêmes frissons que l'autre soir m'électrisèrent l'échine : une légère gêne s'empara peu à peu de moi sans que je n'en compris vraiment la raison. Je la suivis du regard et l'observai prendre son café avant de se diriger vers la sortie. Je me retournai et me mis sur la pointe des pieds en espérant pouvoir entrevoir son visage, mais rien. Plus de chevelure bouclée à l'horizon. Une simple foule de personnes patientant pour se faire servir un café.

Des toussotements venant de derrière moi me firent me rendre compte que je bloquais le passage. Je m'excusai auprès des autres clients et accédai à mon tour au comptoir.


-          Un long café serré s'il vous plait.

-          On a l'Espresso Roast, c'est ce qui se rapproche le plus de votre demande.


Pourquoi fallait-il qu'ils fassent une carte de cafés aux vingt appellations différentes pour un simple "long-café-serré" ?


-          Oui c'est très bien, tant qu'il est grand et serré, répondis-je en accordant un sourire au serveur.

-          On a aussi le Sumatra si vous préférez.


Je le fixai un instant, me demandant s'il était vraiment sérieux et empêchai un rire nerveux de sortir de ma bouche.


-          Je veux juste un café bien noir, dans un grand gobelet. Vous savez, un café qui décalque tellement que mes neurones se décollent et me réveillent un tant soit peu. C'est possible ?

-          L'espresso Roast sera parfait pour vous dans ce cas, me dit-il presque enjoué.

-          Vous êtes fait pour le commerce, persistez, lui répondis-je légèrement moqueur.


J'avais aucune chance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant