The Sounds Of Silence | LS

Chapitre 17

(Hozier - Take Me To Church, en boucle)

Nous y sommes. C'est le grand jour. Le jour où je perd Harry pour toujours. Le début de la fin. Le début de ma nouvelle vie sans Harry. Le début de ma nouvelle vie, sans vraie raison de vivre.

En ce jour de mariage, je tire une tête d'enterrement. Je me suis vêtu de mon plus beau costume, je me suis coiffé comme Harry aime, avec mes cheveux en arrière. C'est une habitude, de me coiffer comme il aime.

Ca fait plus d'une semaine que l'on ne s'est pas vu. Plus d'une semaine depuis son pétage de câble. Plus d'une semaine que je n'ai pas de nouvelles de lui et plus d'une semaine que je me fais violence pour ne pas l'appeler. Il voulait de l'espace... je lui en ai donné. Même si ça m'a coûté. Même si ça m'a fait du mal. Pour une fois, j'ai fait ce qu'il voulait.

Jusqu'à aujourd'hui, je me suis dit, s'il m'appelle avant le mariage, c'est que pour lui rien n'est terminé. Mais il ne l'a pas fait. Il ne m'a pas appelé. Il n'a rien fait. Il n'a fait que se persuader que c'est avec Lottie qu'il veut finir sa vie.

Je ne pleure pas. Je suis fatigué de pleurer. Au fond, peut-être qu'Harry ne m'a jamais vraiment aimé. Peut-être qu'il jouait, je n'en sais rien. Mon esprit est complètement embrouillé au milieu de la circulation. Je n'ai même pas envie de klaxonner les voitures devant moi pour leur faire comprendre mon impatience à attendre dans la voiture que les choses bougent. J'en suis incapable car je ne suis pas impatient. Je ne suis pas impatient de voir l'homme que j'aime épouser ma sœur. Je ne suis pas impatient de voir ma vie voler en éclat, au milieu de ma famille, sans que je ne puisse réagir. Je ne suis pas impatient d'avoir mal à la gorge parce que je retiendrai mes larmes pendant la cérémonie. Et je ne suis pas impatient d'aller pleurer dans les toilettes à la fin de la cérémonie mais par dessus tout, je ne suis pas impatient de voir ma sœur heureuse au bras d'Harry et Harry faire semblant d'être heureux au bras de ma sœur. Ca me donne la gerbe mais n'ayant rien avalé au petit déjeuner, je n'ai rien à vomir. C'est juste un haut le cœur. Une nausée de penser à toute l'hypocrisie qui sera présente à ce mariage.

Et puis je suis fatigué, j'ai la mine affreuse, d'énormes cernes noires sous mes yeux rouges. Je ressemble à un toxico en plein sevrage mais je dois faire bonne figure. Je n'ai pratiquement pas fermé l'œil de la nuit. Trop occupé à penser au mariage. Trop occupé à penser à l'homme que j'aime et pour lequel je serai près à tout. Pendant de longues heures, j'ai imaginé mon mariage. Notre mariage, à Harry et moi. Je le voyais parfait mais il est surtout inexistant et impossible.

J'ai la boule au ventre quand j'entre dans l'allée de chez mes parents. Elle ne me quitte pas quand je me gare sur le parking. Et elle est toujours présente quand je salue toute ma famille et que je cherche Harry du regard sans le trouver. Je me sens mal. De sourire alors que dans ma tête je pleure.

Dans le jardin, de grandes tables de réception sont dressées sous une immense tente. Il faut dire que le temps n'est pas au beau fixe. Le ciel est gris et la pluie menace de tomber comme mes larmes. Le temps risque de basculer d'un moment à l'autre, comme ma vie.

Tous les employés sont occupés à mettre le couvert. Ma sœur est dans sa chambre, elle se prépare à être la plus belle des mariées et Harry a réquisitionné le bureau de mon père pour sa préparation. La cérémonie aura lieu dans le jardin, au milieu des fleurs et autres arbustes. Le cadre est magnifique, je dois bien l'avouer.

Sur une table sous la tente, je dépose le cadeau de mariage que je leur ai prévu ainsi qu'une enveloppe vide dans l'urne. Juste une enveloppe, vide, comme je le serai dans quelques heures. Sans signature, sans nom. Une enveloppe anonyme et j'espère qu'Harry comprendra qu'elle vient de moi. J'avais dans l'idée d'y glisser les quelques mots que j'ai écrit à Harry pour me vider la tête mais je ne peux pas. Je ne dois pas gâcher ce mariage puisque c'est ce qu'Harry veut. Le cadeau est un cadre avec une photo d'Harry, ma sœur et moi, au début de leur relation. Et j'espère qu'il se souviendra de nos débuts à nous aussi quand il l'ouvrira.