C'était la rentrée.
Kate s'était levée de bonne heure et était déjà habillée. Elle ne se sentait pas trop à l'aise dans son uniforme un peu trop grand. Heureusement, elle avait le droit de choisir ses chaussures. Elle portait donc ses Doc Martens noires. Ayant essayé diverses coiffures toutes plus farfelues les unes que les autres, elle avait finit par décider de se faire un simple chignon un peu haut. Son sac était fait, et Kate avait pris en vitesse son petit déjeuner - deux tartines de confitures et une pomme.
Elle restait assise dans le canapé, à écouter l'aiguille de sa montre trotter. Elle déglutit, un peu nerveuse. Pourvu que tout se passe bien ! Pourvu qu'elle soit dans une bonne classe ! Pourvu qu'elle se fasse de bons amis !...
Son raisonnement fut interrompu par le bruit du fauteuil roulant de sa mère entrant dans le salon. Celle-ci était décoiffée et sa mine fatiguée.
- Déjà levée ? demanda-t-elle en bâillant.
- Oui. Pour ma première rentrée au lycée, et dans un nouveau pays, il ne faudrait surtout pas que je sois en retard ! répliqua Kate, qui n'en pensait pas un mot.
- Ce n'est pas de ton habitude, rétorqua sa mère d'un air amusé. Ce qui était vrai. Kate était ce qu'on appelle une grosse dormeuse, et il lui arrivait parfois de dormir jusqu'à quatorze heures le week-end.
Un peu plus tard, elle se mit en route pour le lycée. Elle était plutôt contente que ce dernier soit près de chez elle pour ne pas avoir à prendre le bus scolaire, qui était toujours bondé.
Après une dizaine de minutes, elle entra dans l'enceinte du lycée. L'accueil des secondes se faisait dans le hall. Lorsqu'elle y parvint, elle s'arrêta, stupéfaite. Il devait bien y avoir 400 personnes ! Il y régnait un vacarme assourdissant.
Enfin, après une bonne dizaines de minutes, un homme plutôt petit - qui ne devait pas mesurer plus d'un mètre soixante - portant une petite moustache blanche qui devait être le directeur réclama le silence.
- Bonjour et bienvenue au lycée Kennedy, commença-t-il, ainsi nommé en l'honneur de John Fitgerald Kennedy, 35e président de notre chère patrie, les États-Unis et défendeur de l'égalité des droits pour les afro-américains. Nous sommes heureux d'accueillir chaque année tant de nouveaux élèves, et nous remercions leurs parents qui nous accordent leur confiance et la responsabilité d'instruire leurs enfants.
Son discours dura au moins une demi-heure, puis s'ensuivit la répartition des élèves dans leur classes respectives. Il y en avait trois. A,B et C. Vint le tour de Kate, dans la classe C.
- Graham.
Elle se leva aussitôt et vint se poster près de son professeur principal, un certain M. Hill, maigre et assez grand, à la barbe fournie blanche contrastant avec ses cheveux noirs.
- Il s'est peut être fait une teinture, pensa Kate.
Elle sentit tout d'un coup le poids du regard des élèves sur elle, ce qui la rendit mal à l'aise. Lorsque sa classe se mit en marche vers la salle B002, elle entendit des petits gloussements, mêlés à quelques ricanements. Elle avait la désagréable impression que la cause de ces rires, c'était elle.
Sa place était au dernier rang, au milieu et sans voisins. Lorsqu'elle eut fini de sortir ses affaires, un garçon brun aux cheveux bouclés se tourna vers elle.
- Tu t'appelles comment ? lui chuchota-t-il.
- Euh...Kate, répondit-elle, un peu décontenancée.
- C'est quoi ton légume préféré ?
Pourquoi lui posait-il une question pareille ?
- Euh...je sais pas...le concombre ?
Sa réponse fut des plus stupides.
- Ah bon ? ricana-t-il. Je croyais que c'était la carotte, vu la couleur de tes cheveux.
Kate n'en revenait pas. Des blagues de telle sorte ne se disait qu'en CP !
- Je...
Elle fut interrompue par le prof qui la réprimanda :
- Graham, voulez-vous bien écouter et cesser de disperser vos camarades ! Au lycée, on se doit de rester attentifs !
Le rouge lui monta aux joues. Son voisin de devant chuchota au sien, qui se mit à pouffer. Des filles se tournèrent vers elle, l'air narquois, en faisant des messes basses. Kate était stupéfaite. Comment pouvait-on rigoler de carotte au lycée ?
Le professeur se présenta, donna à chacun une fiche de présentation à remplir pour le lendemain, puis la sonnerie retentit. Kate souffla, soulagée. Elle allait avoir quelques minutes de tranquillité ! Enfin, c'est ce qu'elle pensait.
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"CAROTTE"
Ficção AdolescenteKate avait 15 ans et allait déménager à Chicago. C'était une jeune fille parfaitement ordinaire, avec ses qualités et ses défauts. Mais en changeant de lycée, elle ne se doutait pas que sa vie allait changer. Qu'on l'insulterait comme on ne...