Zip

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Je saute dans la neige, me propulsant le plus loin possible pour finalement être englouti à chaque pas. Au départ, c'était plutôt amusant, mais c'est à présent fatiguant. Que voulez-vous, je suis peut-être une tasse, mais une tasse vivante, j'ai besoin de me reposer de temps en temps !

Longeant le mur d'enceinte, le chemin que je trace se met à descendre. Des gouttes de pluie commencent à s'écraser dans la neige. Je ne sais pas jusqu'où je vais comme ça, je ne vois rien qu'un mur glacé. Lorsque je suis en l'air, je n'ai pas le temps de voir où je vais, c'est à peine si j'arrive à suivre le mur !

J'atterris soudain près de la muraille, manquant de m'érafler. Une fine ouverture est dessinée entre deux larges pierres, elle est très étroite mais je prends le risque de m'y faufiler.
Je me penche en arrière, me glisse à moitié dans le petit espace, mais soudain quelque chose me retient alors que j'essaie de me retourner. C'est mon anse. Je me contorsionne pour la garder bien droite, regardant la neige, dehors, d'où je viens. Je progresse donc en reculant, incapable de voir où s'arrêtera le supplice.

Je me fraie un passage dans la bouillie blanche et me retrouve sur une allée de sable parfaitement déblayée. Les haies bien coupées du jardin me permettent de voir au loin le château et je me lance en avant, sautillant plus vite et plus loin que jamais.

Après l'éprouvante ascension des marches, glissantes à cause de la pluie, je déambule à l'intérieur du château. Le silence règne, c'est inquiétant, mes sauts résonnent longuement.
Dans le hall d'entrée, on pourrait croire qu'une bataille a eu lieu. C'est peut-être bien le cas. Les portes sont grandes ouvertes et battent au vent. Des morceaux de bois, écrous, tissu, plumes et autres jonchent le sol, mais il n'y a personne.

- Maman ?

Je me rue dans les escaliers pour aller dans la cuisine. Personne. Je continue de me déplacer et arrive dans une chambre. Collant ma porcelaine contre le verre glacé d'une fenêtre, je regarde vers le portail d'entrée du château.
A bout de force, Belle apparaît, appuyée sur le cheval qu'elle a volé. Je m'apprête à tourner le socle pour la rejoindre lorsqu'elle se laisse gracieusement tomber. Des bras la rattrapent et je soupire profondément, rassuré.

L'angoisse revient immédiatement en voyant le regard de l'individu qui la retient. La méchanceté brille dans ses yeux malgré la distance et il contemple la jeune fille d'un regard de convoitise avant de l'emporter et de s'éloigner du château, tirant derrière lui le cheval transi.

Et si... ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant