Monsieur d'Arque

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Je consulte ma montre. Parfait ! C'est l'heure de m'occuper d'un de mes nombreux patients. J'attrape sans délicatesse mon trousseau de clefs et marche avec entrain vers la cellule 92.

J'insère la clef dans la serrure et la tourne doucement. Le cliquetis résonne. Un deuxième tour, comme à mon habitude, pour s'assurer que personne ne s'enfuie. J'imagine qu'il sera, comme hier et les jours précédents, prostré dans un coin de la cellule, tremblant, après avoir entendu la clef tourner.

Je pousse la lourde porte métallique et entre. Je la referme dans mon dos et elle se verrouille automatiquement, mesure de sécurité ; prenant soin de faire toujours face à l'intérieur de la pièce. Je m'avance dans la cellule. Je ne le vois nulle part. Je frotte rapidement mes yeux de mes poings ridés, mais ne le vois guère plus. Il ne peut pas s'être échappé, c'est impossible !

Je fais volte-face, prêt à aller interroger celui qui lui a livré son repas, mais lorsque je tire la porte, celle-ci ne veut pas s'ouvrir. Évidemment, elle s'est refermée automatiquement ! Je prends machinalement mon trousseau, à ma ceinture, mais il n'y est pas. Je fouille la pièce du regard mais il n'est pas tombé, je l'aurais entendu ! Il a dû rester sur la serrure. Je rage, je vais devoir attendre que mon "apprenti" vienne porter le repas à cet homme pour lui dire de m'ouvrir. Mais s'il l'a fait sortir, comme je le pense, il ne viendra peut-être pas ? Quelqu'un passera forcément devant la cellule, on remarquera le trousseau sur la porte !

Il ne me reste qu'à attendre. Je m'approche du lit et m'assois dessus, lorsque je remarque une tâche de couleur sur l'oreiller. C'est une rose, aux délicats pétales, qui repose à la place de la tête du prisonnier. Je l'attrape, m'apprêtant à l'écraser entre mes doigts, lorsqu'un frisson me parcourt l'échine. Ma peau se couvre de poils rêches et sombres, je sens mes dents pointer et mes habits se déchirer.

Un pétale se détache de la fleur et voltige, tourbillonne, avant de tomber au sol avec légèreté.


Fin

Et si... ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant