LeFou

105 9 0
                                    

Je trottine jusqu'à la maison et m'arrête, m'appuyant sur le mur pour reprendre mon souffle. J'ouvre joyeusement la porte en la tirant vers moi et la rattrape tant bien que mal, j'avais oublié qu'elle était cassée, encore une fois, il faudra demander à un voisin de la réparer.
J'enlève mes bottes boueuses en les frottant l'une contre l'autre et tape dans mes mains.
Gaston est toujours à la taverne, je vais pouvoir m'amuser un peu avec sa petite protégée.

Je prends de grosses poignées de cendres de la cheminée et en répands dans toute la maison, des volutes noirs s'élèvent, on dirait de la magie ! Je ris grassement et renverse les chaises, casse quelques assiettes et tournoie maladroitement dans la pièce comme un danseur.

Je me relève, après avoir glissé sur des éclats de porcelaine, et époussette mon derrière rebondi. Il paraît que les femmes aiment beaucoup faire le ménage, c'est pour ça que les hommes ne le font jamais, ils laissent à leur compagne ce petit plaisir !

J'ouvre un placard poussiéreux et sors un vieux balai plein de toiles d'araignées. Il était temps que Gaston ramène une femme à la maison ! Je monte les marches en sautillant et en sifflotant allègrement, du moins si on peut appeler ça siffloter. Je tourne la clef dans la serrure et ouvre la porte d'un coup de pied qui se veut puissant. Elle claque contre le mur, moins fort que quand c'est Gaston qui le fait, mais un peu quand même.

Notre chère invitée est roulée en boule, assise contre un pan du secrétaire, à l'autre bout de la pièce. Elle porte toujours le pantalon et la chemise de Gaston. La robe est étendue sur le lit, froissée.

Je laisse tomber le balai par terre et m'avance de quelques pas.

- Tu n'as pas mis la robe !

Elle ne répond pas, jugeant sans doute inutile de répondre à cette accusation si évidente. Elle n'a même pas levé la tête depuis ma magnifique entrée. Je décide alors de parler de son fiancé, elle réagira sûrement, folle amoureuse de lui d'après ce qu'il m'a raconté.

- Gaston ne va pas apprécier...

Elle relève brusquement la tête et me regarde de ses grands yeux marron. On dirait que j'ai touché un point sensible !

- Je me fiche de ce que pense Gaston !

Elle regarde avec envie derrière moi, vers le balai, mais c'est peut-être plutôt la porte qu'elle regarde ainsi...

- Tu as vu, je t'ai apporté une surprise...

Elle me saute au cou, attrape la robe et me l'enfonce dans la bouche. Elle l'attache derrière ma tête, et pendant que je titube, elle se précipite vers l'armoire et en sort un pantalon. Intrigué, je la laisse faire. Elle me retourne et colle mes mains ensemble dans mon dos pour nouer les jambes du pantalon autour. Elle grogne et retourne vers l'armoire pour en sortir une ceinture. Elle me ligote les poignets, c'est un nouveau jeu ? Mon nez s'écrase sur le sol et elle me pousse de son pied pour me faire disparaître sous le lit. Elle prend ensuite le balai et part en fermant la porte.

Elle va peut-être faire le ménage et elle m'a laissé ici pendant qu'elle fait sa tâche pour me réserver la surprise ? J'espère que c'est ça car sinon je vais passer un mauvais quart d'heure avec Gaston...


Et si... ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant