QUATRIÈME

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JE PENSE QUE le pire cours jamais initié est le sport, sérieusement, ça devrait être une option, nous n'avons pas tous les muscles au même endroit

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JE PENSE QUE le pire cours jamais initié est le sport, sérieusement, ça devrait être une option, nous n'avons pas tous les muscles au même endroit.

Bien que je n'étais pas le cliché de l'obèse ermite avec dix-huit de moyenne, je préférais quand même un bon cours de littérature plutôt que de sport, surtout les sports d'équipe.

Dans ce cas de figure, j'étais toujours le dernier à être choisi, je faisais office de gardien au badminton car selon Lucas "je prenais toute la cage donc c'est stratégique" et au basket, de défenseur car selon Jade "si je fonçais dans un des joueurs, il serait direct hors-service".

J'étais heureux que le Rugby ou le bowling n'étaient pas au programme.

J'avais donc choisi le menu "VOLLEY - ACCRO SPORT - STEP" par pure élimination: le second menu était "ESCALADE - NATATION - DANSE" donc autant vous dire que dans les trois sports, j'aurais pas eu la moyenne. De plus, si mes souvenirs sont bon, j'avais déniché un douze en volley-ball mais l'accro-sport, c'était autre chose.

— Bordel Minseok ! Tu vas pas rester là-haut trois heures ! Se plaignît Michaël.

Remise en contexte pour ceux qui ne sont pas allés en sport depuis la guerre Sainte; l'échauffement d'accro-sport consistait à se tonifier les bras en réussissant l'épreuve du "montage à la corde", mine de rien, le plus dur n'était pas de monter mais de redescendre.

— J'peux pas ! J...je s...suis coincé !
— T'inquiètes Ching-chong ! Je vais chercher un de tes confrères !

Bon OK, ça pouvait paraître vachement xénophobe (NDA: ce mot me donne des boutons, allez savoir pourquoi) mais Michaël adorait faire des blagues de ce genre, s'il pouvait en rire c'est qu'il ne le pensait pas. Du moins j'espère.

Puis par "confrères" il sous-entendait les autres asiatiques de notre classe c'est-à-dire Junmyeon, Jongdae et Momo. Même si les communautés métisse et Blanche restaient majoritaires, ça n'empêchait pas à notre lycée d'être très mixte, c'est d'ailleurs à cet époque que j'avais eu ma première petite-amie égyptienne, enfin bref.

Le cauchemar quand j'y repense ! Je voulais tomber sur Momo, cette gymnaste japonaise qui savait faire du skate comme personne mais au lieu de ça, j'étais tombé sur le pire des trois.

— Eh Minseok ! Je vais t'aider ! S'écria Jongdae.

Au lieu de ça, j'étais tombé sur ce franco-coréen dont le seul talent était de réciter l'alphabet en rotant.

J'observais le petit brun se démener pour tirer l'énorme tapis gonflable, apparemment y en a aussi qui souffrent d'avoir les bras aussi fin que des Ficellos. Mes mains commençaient sérieusement à me faire mal, je pouvais entrevoir des rougeurs au niveau de mes doigts, le fait de supporter mon poids ainsi que la pression de la corde brûlait les paumes de mes mains.

— J... Jongdae ! D...Dépêche ! Suppliais-je.

Il tirait de plus en plus en faisant appel au peu de muscles que possédait son corps, il était devenu aussi rouge que l'actuel président états-uniens. Une légèreté se fit sentir au niveau de son être lorsque Onika était venue l'aider, on disait que l'amour rendait plus fort.

Ou alors que Jongdae était tellement faible qu'il avait besoin de deux autres bras pour l'aider à pousser un vulgaire tapis.
Une fois le tapis positionné au-dessous de moi, je me laissais tomber afin de lourdement atterrir sur la surface gonflable, mon visage aussi avait viré au rouge.

— Bande de boulet ! Fit-elle en nous tapant. Vous êtes incapable de vous débrouiller seule !
— Merci Onika ! Rétorqua niaisement le brun.

La réunionnaise soupira avant de rejoindre son groupe, inutile de préciser que Jongdae l'avait bien évidemment suivie.

Comme convenu, c'était presque en courant que je m'étais dirigé à mon cours d'histoire-géographie, ce truc est la meilleure matière du monde. On apprend le pourquoi du comment, les relations entre pays, les révélations ainsi que les absurdités dont a fait preuve la race humaine, l'Histoire c'est la vie, littéralement.

Dans ce cours j'étais à côté de Junmyeon, un garçon bien élevé malgré le faible revenue de son père car à lui aussi, il lui manquait un parent. Junmyeon ne parlait pas souvent, d'ailleurs, je n'ai jamais su quoi penser de lui, quelques fois il pouvait s'avérer aussi froid qu'un zéphyr en Alaska alors que dans la même journée, pouvait se montrer aussi chaleureux qu'un rayon de Soleil en hiver.

Ce mec était un paradoxe à lui tout seul. Je prenais des notes de ce que racontait notre professeur tandis qu'il se limait les ongles, je me souviendrais toute ma vie de notre discussion.

— Eh Minseok, comment vis-tu ta vie en tant qu'obèse, asiatique et bouddhiste ?
— Pourquoi t...tu d...demandes ça ?
— Je sais pas, t'as pas l'impression d'être un parasite de la société ?

Je ne l'ai pas pris méchamment, au contraire, on aurait dit que pour une fois, quelqu'un avait cherché à me comprendre.

— Bah je suppose que les pires sont les femmes de couleur, lesbienne et non-chrétienne, elles incarnent toutes les formes de discrimination possible.
— Ouais mais les filles c'est pas mon truc, on se parle entre rejetés.

Junmyeon me sourit avant de reporter son attention sur notre chapitre sur la guerre de Cuba. C'est à ce moment qu'avait débuté ma longue réflection sur le monde qui m'entourait, comme cette manie qu'avait la société à nous classer selon notre couleur, orientation sexuelle et j'en passe.

J'étais Kim Minseok et je ne voulais pas être mis dans la même boîte que Mélissandre sous prétexte qu'elle était aussi grosse que moi ou que Kim Jungun parce qu'il est coréen, j'étais moi-même et n'avait rien avoir avec ces deux cas social.

Je ne suis pas un raté, je ne l'étais pas et ne le serais jamais. On ne naît pas en "gâchis", on le devient, c'est le monde qui nous fait sentir comme tel alors qu'on ne fait rien de mal.

Si le fait d'être soi-même est un crime, alors condamnez-moi à perpétuité.

Je ne me sentais pas supérieur aux femmes parce que la société me le faisait sentir, je ne rabaissais pas les non-hétéros parce que ma religion m'avait incité à le faire.

Et je ne me sentais pas mieux que Junmyeon parce que j'avais plus d'argent que lui, il n'était pas mon ami mais n'avait aucune raison d'être mon ennemi.

La sonnerie retentit dans tout l'établissement, je rangeais mes affaires lorsqu'une main posa violemment une feuille d'exercice sur ma table.

— Eh gros lard ! Vu que t'es Chinois, tu dois être fort en math, alors fais-moi mes devoirs ou j'te cogne à la sortie du lycée, menaça Troye.

Puis c'est là que j'avais compris que nous n'avions pas tous le même vécu. Alors je le répète: c'est en ayant connu la haine qu'on peut répandre l'amour.

10/02/17 • HYPERPHAGIE !

hyperphagie ! minseokOù les histoires vivent. Découvrez maintenant