J'AVAIS RÉUSSI à perdre du poids, la balance affichait "68.7" kilos, le fait de ne plus avoir ces dix kilos en trop me faisait du bien, je me sentais saint mentalement et physiquement car je me sentais de plus en plus dans la norme.
Mais ce n'était pas assez, je voulais encore plus mincir pour ressembler aux garçons que je voyais dans les magasines, puis ce jour-là, le défilé de la nouvelle collection Kenzo passait à la télé. Je regardais les mannequins défiler, ses femmes incarnaient la perfection d'un corps à l'état pur, comme si le sucre et le gras n'existaient pas et qu'elles se nourrissaient que d'eau et de radis.
Malheureusement, j'avais plus tard appris qu'en réalité, elles ne se nourrissaient pas. Cependant, un détail me marqua, il n'y avait aucun homme, je pensais alors à Jongin, il ne passera jamais à la télé ? J'avais rapidement fait un tour sur Twitter avant qu'une rafale de commentaire sexiste ne se présente à moi.
Ces meufs on dirait des portes-manteaux, je suis sûr que si j'en baise une je tombe sur un os.
La mode c'est vraiment un truc de meuf, heureusement qu'aucun homme ne défile ça serait la carotte sur le couscous.
Les gens pensaient vraiment que la mode était un domaine réservé à la femme, qu'un homme pouvait se négliger car justement "c'est un garçon" mais qu'une femme devait être sans arrêt parfaite et servir d'accessoire à son conjoint lors des fêtes. Puis même, vers mes vingt ans, j'avais commencé à me vernir les ongles et je me faisais insulter de tous les noms.
Byulyi, accompagnée de sa petite amie, Suzanne, et de Maïa étaient rentrées, maman allait rentrer plus tard du travail alors on devait se débrouiller pour le dîner. J'avais passé la soirée dans la cuisine entrain de les écouter, j'adorais écouter ma sœur et ses copines parler, elles me faisaient rire en se moquant des gens dans leurs classes ou des personnes de la télé-réalité.
On s'était fait des croque-monsieur, deux chacun, je les avais mangé devant elles, Maïa me scrutait du regard en me voyant mal à l'aise. Je commençais à jouer nerveusement avec mes doigts, je ne voulais pas reprendre tout le poids que j'avais perdu, tous mes efforts ne serviraient alors à rien. Je sentais les calories se stocker dans mes bourrelets.
Je m'étais alors levé de table en promettant que je reviendrais pour faire la vaisselle. J'étais arrivé dans les toilettes, j'avais sorti une fourchette que j'avais discrètement pris et me l'avait enfoncée dans la gorge, je vomissais toutes mes tripes. En voyant ce que je venais d'ingurgiter sous forme de bouillie, je reconnus le croque-monsieur, je me sentais mieux, plus léger, ce truc ne m'avait empoisonné qu'une demi-heure, c'était comme si je n'avais rien mangé.
J'avais tout nettoyé à l'eau de javel histoire de dissimuler les odeurs mais au moment de sortir des toilettes, j'étais tombé sur Maïa. Elle reniflait de plus en plus fort avant d'afficher une mine de dégoût.
— Pourquoi ça sent autant ? Demanda-t-elle.
— J...je suis malade, tu sais en ce moment on a tous la gastro, bon ce n'était pas très chic devant elle mais j'avais caché les soupçons.
— Minseok, je t'ai vu prendre la fourchette tout à l'heure, qu'est-ce que t'as fait ?On s'était regardés cinq bonne minute dans le blanc des yeux sans rien dire, elle me jaugeait du regard, attendant que je lui réponde mais rien ne sortit. J'avais beaucoup trop honte, j'avais peur qu'elle pense que j'avais des problèmes dans ma tête et qu'elle me laisse tomber alors j'avais préféré tout garder pour moi en étant persuadé que j'étais un cas désespéré et que même elle ne pourrait pas m'aider.
— Minseok, tu peux m'en parler, jamais j'oserais te juger, me rassura-t-elle.
Je ne sais pas pourquoi mais j'avais craqué, je m'étais mis à pleurer encore et encore, sentant toute l'eau s'évader de mon corps. Plus de nourriture, plus d'eau, plus d'estime de soit, je me sentais comme une coquille vide, un corps sans âme, une sorte de machine qui ne faisait que manger et recracher, se remplir puis se vider, je ne vivais tout simplement plus.
J'avais senti deux bras chaud contre mon corps gelé, une étreinte contre ma carcasse, quelqu'un qui osait m'approcher et me demander vraiment ce qui n'allait pas. Je ne m'étais pas senti autant en sécurité depuis longtemps, très longtemps, à vrai dire, je voulais juste être nourri d'amour, que l'on prenne soin de moi, que l'on me rassure en me chuchotant que j'étais très bien comme j'étais, que je me faisais du mal pour rien, que tout le monde était différent, que je n'avais pas besoin de ressembler à Untel pour être beau.
J'avais besoin que quelqu'un me dise que j'étais sa propre définition de la beauté.
Je pensais que le fait que les gens m'encouragent à perdre du poids signifiaient que j'allais enfin devenir comme eux, que j'allais enfin être accueilli dans la société à bras ouvert, qu'on m'accepterait. Mais on m'avait surtout incité à ne plus être moi-même, à devenir ce que je n'ai jamais été.
Aujourd'hui, en prenant du recul, je ne dis pas que les gens mince représentent la société et que les gens gros se battent contre celle-ci en restant eux-mêmes. J'insinue au contraire que chacun a sa particularité, qu'être gros ou maigre ne signifie pas d'être à côté de la plaque, à côté des standards de beauté mais juste être différent de ce qu'on les médias leur ont imposé.
J'aime les sportifs, les gourmands, les maigrichons, les gens potelés, les gens normaux, les gens avec des courbes, chaque corps est beau, la diversité elle-même fait la beauté de la nature. Être obèse signifie être malade, c'est une maladie, ton corps et ta tête ont un problème et se servent de la nourriture comme médoc. Être gros et être obèse sont deux contraires, gros c'est pour la société, obèse c'est pour ta santé.
J'ai tout été, sportif, obèse, anorexique, me priver de nourriture a toujours été la chose la plus compliqué à mes yeux car il y a tellement de bonnes choses à manger dans ce monde, finissez vos hamburgers, toujours, c'est un plaisir de manger. Puis aller courir avec un ami, vous dépenser en faisant ce que vous aimer car le sport c'est la santé, c'est le bien-être, se retrouver allonger toute la journée ne fera que vous rendre triste et dégoûter du monde qui vous entoure sans même l'avoir exploré.
Vivez. »
Minseok releva la tête vers l'épitaphe se trouvant devant lui, son minois afficha un radieux sourire que le ciel n'avait pas admiré depuis bien des années.
Un doux zéphyr chatouilla ses cheveux blonds et sa peau foncée avant que le jeune homme se décide de déposer une fleur de tournesol en guise de marque page et de refermer son livre.
— Tu vois Byulyi, je ne suis plus le petit frère agaçant, je suis un homme accompli désormais même si je me rends compte que tu as plus vécu en vingt ans que moi en vingt-sept ans.
Une tombe ne pouvait bien évidemment pas répondre mais il savait que son aînée était là, quelque part et qu'elle prenait soin de lui car une sœur ne cessera jamais de prendre soin de son frère.
Minseok se releva, il dépoussiéra son jean MOM FIT avant de se diriger vers la tombe de son père et d'y déposer son journal intime.
Après tout, un père connaît son fils mieux que quiconque, mort ou vivant.
26/02/2017 + HYPERPHAGIE
VOUS LISEZ
hyperphagie ! minseok
Fanfic« L'hyperphagie est un trouble de l'alimentation, la différence avec la boulimie est qu'elle ne se contrôle pas juste en se faisant vomir ou par le biais de laxatif. » [SÉRIE 1 - ÉPISODE 1] jaepoete | 26 Janvier - 26 Février 2017.