Prologue

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Je me sens mourir, mon âme s'envolant loin, très loin d'ici, et pourtant je ne ressens pas la peur. Au contraire, le monde peut très bien survivre sans moi. Mais moi sans Matthew n'aurait aucun sens. Une fleur sans pétales, un cœur sans artères, une vie sans amour... Que m'aura-t-il apporté ? Une confiance en moi, un amour indescriptible, une famille ? Non. Je dirais plutôt une vie entière, une renaissance. Mais maintenant, tout ceci est sur le point de partir en fumée.

Rose m'a dit un jour que l'on doit supporter le poids des jours qui défilent. Mais doit-on regretter aussi le bonheur ? Parce qu'à quelques instants de ma mort, je vois les images se défiler les unes après les autres. Que dois-je faire ? Rester ainsi à repenser à toutes les erreurs que j'ai commises pendant que je sentirais mon cœur cesser de battre ? Dois-je être aussi lâche ? Ne dois-je pas au contraire me battre pour les bonheurs futurs ?

Je reste allongée là, mon corps me faisant horriblement mal, comme craquelé. Mais mon indifférence à la douleur est pire que tout. Je prends la mort avec dédain, comme s'il ne s'agissait que d'une petite sieste. Je vois Matthew me supplier de me relever, ses yeux bleus magnifiques qui implorent un mouvement. Ses cheveux magistralement noirs se collent contre son front, la chaleur étouffante faisant briller les taches de sang qui dégoulinent de ses mèches. Il court s'agenouiller prés de moi, me relève la tête avec ses mains qui tremblent. Des larmes brillent le long de ses joues telles des diamants royaux, guérissant au passage les violentes griffures sur son visage d'ange. Je finis par lui sourire tandis que mon cœur bat pour la toute dernière fois.


-« L'Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires; tu oins d'huile ma tête, et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie, et j'habiterai dans la maison de l'Éternel jusqu'à la fin de mes jours. »


Charlie termine à peine sa prière que je laisse ma tête tomber sur le côté, prés des genoux de mon Matthew, que j'abandonne seul sur une Terre hostile. Mon âme s'apprête à descendre en Enfer.








Éternité, Tome 2 : VeritasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant