Chapitre 1 : Paradis

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Une idée, un besoin. J'en avais terriblement envie. Stephenie Meyer m'avait finalement aidée.

Je savais pertinemment que l'homme de ma vie n'allait pas revenir. Son état était bien plus préoccupant qu'ils ne le laissaient paraître. Je suis peut-être une humaine mais pas stupide. Son regard avant de partir avait suffit. C'était un adieu plutôt qu'un au revoir. Tous les pores de mon corps étaient comme électrifiés, meurtris, nerveux. Matthew souffrait. Je le sentais au plus profond de moi. Sûrement un truc d'imprégnation. En fait, je ressemblais à une coquille complètement vide. J'étais vide. Mon âme semblait être partie avec lui. Alors quand ma mère est venue dans ma chambre ce matin-là, je fus surprise par la normalité des faits. Elle devait avoir une réunion très importante. La banalité de l'événement me choqua. Les gens respiraient encore ? Vivaient-ils seulement leur vies ? Parlaient-ils, riaient-ils ? Je croyais être dans un monde totalement différent du mien. Une sorte de continuum- espace temps dans lequel mon vaisseau se serait trouvé par hasard. Ma mère commença son speech, on ne peux plus vaniteux, déblatérant des idioties ennuyeuses et ne remarquant pas ma tristesse, tandis que mes yeux se posèrent pour la première fois depuis longtemps sur la photo d'un chien aux poils longs et bruns et dont les yeux luisent d'un éclat rouge. Matthew.

Je ne le vis pas venir. Ce sentiment... Cette douleur. C'était horrible ! Tel un poignard glacé planté avec force, je sentais mon cœur qui se brisait littéralement en deux. Je sentais chaque pore de mon pauvre cœur d'humaine se pétrifier et tomber en poussière à mesure que mes yeux fixaient ces prunelles rouge-sang. Je pouvais presque entendre mon cœur me supplier d'arrêter cela. D'un bond, je me levais et courait vers les W.C, voulant m'enfermer là-bas jusqu'à ce que ma mère s'en aille. Je m'assis contre le mur tandis que les larmes meurtrières accompagnaient mon cœur qui descendait peu à peu en Enfer. Ma mère vint s'inquiéter :

- Ma chérie, ça va ? Tu ne te sens pas bien ? Demanda-t-elle avec une voix anxieuse mais pressée. Elizabeth, si tu veux je peux reporter...

- Non, ça va, Maman, dis-je aussitôt en prenant une voix des plus normales. C'est juste un haut-le-cœur ! Tu peux y aller !

-Très bien ! Dit-elle en n'insistant pas d'avantage. Je rentrerais sûrement tard alors ne m'attends pas pour dîner.

J'entendis la porte s'ouvrir en hâte et se refermer avec violence. Décidément, elle était vraiment très pressée. Tant mieux, il me fallait du temps pour me reprendre. Me reprendre ? Quelle ironie, n'est-ce pas ? Moi, seule, dans cet appartement terne, vide et glacial, et je voulais me reprendre ? Pour qui ? Pas pour moi-même en tout cas. Peut-être pour lui, même s'il était loin, très loin de moi... Je me rendis enfin compte que j'étais assise sur mon lit. Le réveil m'indiqua les 8h30 mais je n'étais pas disposée à me dépêcher pour aller en cours. Pour quoi faire de toute façon ? Étudier ?

Sentant mes mains tremblantes soulever la couette, je m'y installai faiblement. Mais je sentis son parfum. Le Jasmin. Une odeur si délicieuse, si bonne, si réconfortante, si chaude... Je me rappelais alors cette même odeur que j'avais sentie dans ses bras lors de notre nuit d'amour. Je sentis mes doigts agripper le tissu mouillé de l'oreiller avec force tandis que ma gorge était maintenant au comble de l'irritation. Les larmes coulèrent le long de mon nez pour atterrir juste au-dessus de ma bouche. Je sentais en même temps ma mâchoire se crisper puis, au bout d'un moment, le sommeil m'accueillit.

Lorsque je me réveillai, le réveil m'indiqua 22h30. Le ciel était d'un noir profond, comme si le monde sombrait en même temps que moi. Le silence m'indiqua que ma mère n'était pas encore là. Tant mieux, de la paix. Je réalisai dans quelle position j'avais dormi. Cette position de chien de fusil était donc revenue. Dommage, j'avais réussi à la faire disparaître.

Éternité, Tome 2 : VeritasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant