Chapitre 27 : Derniers baisers

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À l'instant où Elizabeth atterrit dans le champ de blé, elle sut que quelque chose n'allait pas.

La bonne odeur de blé frais qui entourait le château avait disparue. À la place, une âcre odeur métallique, celle du sang. Elle releva la tête vers l'immense château noir en face d'elle et son cœur fit un bond effrayant.

D'habitude, le bâtiment semblait majestueux, avec ses fenêtres parsemées de lierres et de roses rouges qui grimpaient un peu partout. Les hautes tours chatouillaient le ciel pour toucher les nuages.

Elle lâcha son sac sur le sol et se mit à courir tout en balayant les épis sur son passage. Son regard inquiet n'arrêtait pas de se jeter sur les fenêtres éclatées, les rideaux brûlés et la fumée qui s'échappaient comme annonciatrice de mort.

Elle jeta des éclairs sur son passage, brûlant les épis qui s'écartèrent pour la laisser passer. Elle atteignit la porte de derrière, arrachée de ses gongs qui gisait sur le sol de la cuisine. Elle faillit glisser sur des énormes tâches de sang et se dirigea vers le salon, le coeur anéanti.

Les meubles étaient renversés et comportaient des traces de griffures et de sang. Un vent glacial se glissa par la fenêtre et fit balayer des morceaux de verre dans sa direction. Le silence qui régnait la rendit nauséeuse. Personne aux alentours, ce qui augmentait son angoisse.

Elle courut monter les escaliers et se figea. Le corps d'un ami de Nahuel - son nom n'était-il pas Georges ? - gisait sur la dernière marche. Les yeux ouverts, le Loup avait toujours une expression ahurie sur le visage. Un énorme trou occupait sa poitrine et de la fumée s'échappait encore de lui. Elizabeth lui ferma les yeux et enjamba son corps, essayant de ne pas penser aux autres.

Et pourtant.

Le premier étage étaient jonchés de corps et de tas de cendres. Les Loups et les Vampires s'étaient battus comme des forcenés, vu les traces de coups, de flammes et de griffures sur les murs tapissés.

Elizabeth parvenait à peine à respirer et laissa échapper un cri de détresse.

- Matthew ?!

Elle enjamba les corps, se retenant de tomber sur eux en s'appuyant contre le mur. Les larmes coulaient sur son visage, incapable de se retenir. Elle ouvrit les portes et ne tomba que sur des morts, encore et encore.

Elle tenta de monter au deuxième étage mais les corps qui gisaient encore sur les marches de l'escalier l'en empêchaient. Elle Voyagea jusqu'au dernier étage et la fumée noire l'assaillit et la fit tituber. Elle se cramponna au mur et alla tambouriner à la porte de sa chambre et de celle de Matthew.

Vide.

Elle se prit la tête entre les mains, tentant de se protéger contre la fumée et son désespoir. Où étaient les autres ? Avaient-ils été kidnappés ?

Elle releva la tête soudainement, incapable de croire à ce qu'elle entendait. Devenait-elle folle où un rire perçant venait de résonner ? Elle ouvrit les yeux et balaya la fumée devant elle avec ses mains.

Bienvenue sur la scène du crime, Elizabeth.

Elle paniqua en reconnaissant cette voix entre mille. Le ton glacial et pervers, l'accent chantant de la cruauté, le rire sadique. Sa voix résonna dans tout le château et semblait percer son crâne.

Justin.

Il est temps que tu rejoignes ton vrai camp. Nous en avons assez de devoir te pourchasser. Tu n'es qu'une gamine capricieuse qui nous fait perdre notre temps. Regardes ce que tu as fait aux tiens. Tout cela à cause de ta stupidité.

Éternité, Tome 2 : VeritasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant