Chapitre 2 : Nahuel

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- Bonjour, Elizabeth.

Ma bouche s'ouvrit en un geste de surprise, formant un très grand « oh » silencieux. Par réflexe, je reculai d'un pas, venant me cogner contre le mur derrière moi et me nichant par conséquent dans les bras du poster de Cristiano Ronaldo. Mais mes yeux restaient fixés sur le jeune homme assis sur le lit.

Dieu qu'il était beau ! Ses cheveux bruns en bataille se nichaient n'importe comment, formant une crête désordonnée au sommet de son crâne. Son visage souriant me renvoya la brève image de Matthew mais lui avait quelque chose d'autre, je n'aurais pas su dire quoi. Un halo de joie semblait émaner de lui, tout comme autour du perroquet que je savais à présent être lui. Il portait un survêtement de sport bleu foncé d'une grande marque avec un simple tee-shirt blanc. Décidément, les anges s'habillaient normalement. Je les avais toujours imaginé avec de grandes ailes blanches...

Ses yeux d'un vert émeraude me regardaient avec amusement. Il se leva du lit et avança vers moi, tranquillement. Voyant que je reculais encore plus jusqu'au fond de la salle, il s'arrêta non loin de la bibliothèque et prit appuie sur celle-ci. Il continuait de me scruter avec ces yeux magnifiques.

- Je ne voudrais surtout pas t'effrayer, Elizabeth, dit-il d'une voix grave. Ou préfères-tu Eli ?

Ma bouche continuait de former ce cercle stupide et j'entrepris de la fermer immédiatement. Avalant avec difficulté, je me permis d'avancer d'un tout petit pas. On ne sait jamais.

- Je m'appelle Nahuel, continua-t-il en croisant les bras sur son torse, ce qui faisait remonter ses muscles à la surface de son tee-shirt. Tu ne me connais pas mais sache que je te connais très bien.

Me connaître très bien ? Que voulait-il dire par là ? M'avait-il observé, tel un voyeur ? Les anges du Paradis étaient peut-être des pervers ? Je commençais sérieusement à m'inquiéter. Il rit soudainement en se cognant violemment contre la bibliothèque qui remua nerveusement. Je n'avais rien dis pourtant. Oui, j'avais gardé le silence...

- Tu n'es pas au Paradis, Eli, dit Nahuel avec un grand sourire. Tu n'as qu'à regarder par la fenêtre.

Un dernier coup d'œil vers lui et je me penchais un peu vers la fenêtre qui était prés de moi. Je vis une grande rue bombée de gens, comme si c'était les soldes. D'ailleurs, je vis en face de la rue, en plissant bien des yeux, une vitrine d'un grand magasin que je connaissais très bien. Des milliers de pancartes avec écrit « Soldés ! -40 % » cachaient complètement les faux mannequins en vitrine. On était donc dans ce quartier branché de Paris que je connaissais comme ma poche. Certainement pas le Paradis, d'après les prix des magasins que je savais exagérés.

Je me retournais vers lui, toujours sceptique. Il s'était silencieusement assis à la table du bureau et caressait ce que je devinais être sa propre cage. Il releva la tête et me sourit à nouveau. Il se leva et me fit signe de prendre sa place sur la chaise, alors qu'il s'adossait contre le mur à côté, les mains dans les poches.

- Tu n'as pas à avoir peur, dit-il en me montrant ses belles dents blanches. Matthew m'avait chargé, avant son... départ, de te surveiller. Ce que j'ai mal fais apparemment, vu que tu as fais une chute incroyable. Tu devrais t'inscrire dans un club d'athlète, vraiment. Tu as un don pour faire des plongeons !

Je souris malgré moi à sa blague. Mais d'un sourire bien amer. Alors comme ça, il savait que j'allais tenter quelque chose. Il savait que j'avais besoin d'être surveillée. Mais quel toupet ! Je ne pouvais même pas mourir en paix ! Matthew avait donc tout planifié...

- Matt et moi, nous sommes cousins, reprit-il, un sourire aux lèvres comme si quelque chose que je ne savais pas l'amusait beaucoup.

- Cousins ? Dis-je avec une voix enrouée.

Éternité, Tome 2 : VeritasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant