Chapitre 15 : Rêve éveillé

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Elizabeth ne se réveillait toujours pas. Ses longs cheveux châtains se balançaient sur son visage au gré du vent qui passait par la fenêtre. Son petit nez était un peu retroussé et sa bouche était légèrement entrouverte.

Matthew la regardait simplement, assis sur le canapé en face du lit. Il repensait à sa vie jusqu'ici, aux efforts qu'il avait dû employer pour la protéger et aux risques qu'elle avait prit pour lui. Il pensait notamment à la mère d'Elizabeth.

Charlie lui avait assuré qu'il s'était occupé de sa belle-mère. Par « occupé », Matt avait comprit charmé. Célia ne se rappelait certainement plus qu'elle avait une fille. Charlie ne lui avait pas donné plus de détails.

En regardant Elizabeth dormir si paisiblement, Matthew réalisa combien le chemin parcouru avait été long et douloureux. Il était rentré dans sa vie inévitablement et avait complètement chamboulé sa destinée. Si les choses n'avaient pas été écrites ainsi, s'il n'était pas entré dans sa vie, où en serait-elle ? Aurait-elle été heureuse ? Aurait-elle été comblée dans une vie normale et dénuée de surnaturel ?

Matthew se posait ces questions mais il ne pouvait pas en obtenir les réponses. Il pensait au chemin qui restait à parcourir. Il pensait à la guerre plus qu'imminente et qui certainement allait tout gâcher. Il pensait à l'Enchanteresse, celle dont le nom lui donnait des frissons.

Il se rappelait les histoires que l'on racontait à propos d'elle, quelle horrible sorcière elle était. Il se rappelait sa rencontre avec elle, il y avait très longtemps de cela...

FlashBack : Brésil - 1927.

La chaleur était insupportable. Le palmier juste au-dessus de lui avait beau se balancer, il n'y avait aucun vent. Partout dans la rue, les gens se jetaient de l'eau juste en quête de se rafraîchir. Un groupe d'enfant en face de lui faisait une bataille d'eau pour oublier la canicule. Leurs cris joyeux résonnaient à ses oreilles comme une amusante distraction.

Il était assis sur une chaise à bascule, un chapeau de paille sur la tête. La chaleur ne l'atteignait pas, bien sur, mais il faisait semblant en agitant un petit éventail au-dessus de son visage. Son chapeau étant très grand, on ne pouvait voir sa tête que s'il la relevait.

Derrière lui se trouvait une belle villa blanche, dont les fenêtres étaient toutes ouvertes. La maison était la seule dans le quartier à être aussi somptueuse et les voisins, plutôt d'origine modeste, se demandaient pourquoi cette famille riche était venue dans un quartier aussi pauvre.

Le jeune homme était là depuis des heures, assis sur sa chaise, juste à côté de la porte d'entrée, grande ouverte. Il était très bien habillé, son pantalon de soie noir et sa chemise en coton typiquement brésilienne contrastant étrangement avec son chapeau de paille troué. Un serviteur sortit de la maison, un plateau dans les mains.

- Un thé glacé, monsieur ? Demanda-t-il en portugais.

Le jeune homme se saisit du verre glacé sur le plateau et le tendit au serviteur. Pedro suait à grandes gouttes dans son uniforme d'employé. Il crut comprendre le geste du jeune maître.

- Ce n'est pas assez froid ? Demanda-t-il avec un petit sourire désolé.

- Tu devrais le boire, Pedro. C'est TOI qui as travaillé toute la journée. TU mérites de te reposer, tu ne crois pas ? Dit le jeune homme dans un parfait portugais.

Il releva la tête et Pedro fut déstabilisé par ces magnifiques yeux bleu clair et ce sourire ravageur. Le jeune maître lui tendait toujours le verre de thé glacé et il le prit d'une main un peu tremblante.

Éternité, Tome 2 : VeritasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant