Chapitre 23 : Vérité

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- Je suis venue à Paris à vingt ans. Mes parents étaient morts dans un accident de voiture et je culpabilisais. Je t'ai raconté, souviens-toi, que je me sentais un peu libre lorsqu'ils sont morts. Ils ont toujours refusés de me laisser monter à Paris, parce qu'ils pensaient que c'était dangereux à la capitale.

- Oui, je sais. Tu... Tu m'as déjà raconté tout ça, dit Elizabeth.

- Quand je suis arrivée à Paris, j'étais émerveillée. C'était différent de tout ce que j'avais connu. Il y avait des gens de mon âge, pour commencer. La mentalité était bien plus ouverte et amusante que dans ma campagne. Je pouvais faire ce que je voulais sans me sentir obligé de respecter mes parents. Ils m'avaient laissé la maison et un peu d'argent. Avec la vente de la maison, j'ai pu m'acheter un appartement à Paris et j'ai commencé mes études de publicité. J'avais réussi à me faire beaucoup d'amis mais finalement, j'ai compris que je me sentais seule. Moi, la campagnarde. L'orpheline.

- Qu'est-ce qui a changé ?

- Un jour, mes amis m'ont invitée à aller dans une de ces boites branchés de l'époque. Mais je n'y suis pas allé, je n'avais pas le moral. Au lieu de ça, je me suis promené dans mon quartier et j'ai fini par entrer dans un bar que je connaissais très bien. J'avais un peu flirté avec le barman et il m'offrait souvent des verres gratuits. Ce soir-là, j'ai eu une envie folle d'aller le voir même si je savais qu'il ne travaillait pas.

- Pourquoi y es-tu allée alors ?

- Je ne sais pas. C'était comme si le destin m'y avait poussé. En tout cas, dés que j'ai franchi le seuil du bar, j'ai senti que quelque chose allait m'arriver. Quelque chose de bien. Ou plutôt quelqu'un.

Elle jeta un coup d'œil à Thobias qui mastiquait toujours un grain de raisin en l'écoutant. Il sourit soudainement et essuya le coulis de raisin qui tentait de s'échapper de sa bouche.

- Nous avons tout de suite su que nous étions fait l'un pour l'autre. Nous devions nous rencontrer, c'était certain. Comme toi et Matthew. Il m'a expliqué plus tard ce que l'imprégnation voulait dire. Je trouvais enfin la personne que je cherchais, ma moitié. Celui qui me rendrait heureuse comme je ne l'avais jamais été. Celui qui me tiendrais compagnie pour le reste de ma vie. Je l'aimais comme je n'avais jamais aimé. J'étais enfin moi.

Elle passa la main sur ses magnifiques cheveux châtains ondulés, comme pour se rassurer.

- Quelques années se sont écoulées. Thobias et moi étions parfaits ensembles. J'avais eu mon diplôme de Publicité et lui dirigeait ses meutes d'une poigne de fer. J'étais un peu mal à l'aise d'être la seule humaine parmi tous ces Loups mais ils m'avaient acceptée et je me sentais bien parmi eux. C'était devenue ma famille.

- Mais ?

- Mais un jour, alors que je dormais, j'ai fais un rêve étrange. Un homme était venu me dire qu'il fallait que j'abandonne toute ma vie pour remplir ma destinée. Quand je me suis réveillé, Thobias m'a rassuré en me disant que ce n'était qu'un rêve. Mais lorsque Thobias est parti chasser, plus tard ce soir-la, l'homme est finalement venu me voir en personne.

- Ce sale Michel, grogna Thobias en croquant férocement dans une pomme.

- L' Archange m'a expliqué que je faisais partie d'une prophétie. Que j'aurais une merveille fille qui rétablira la paix entre tous les Mondes. Mais pour ça, je devais quitter Thobias. Je devais renoncer au bonheur, abandonner l'unique homme de ma vie.

- Pourquoi ? Pourquoi toi, maman ?

- Et bien, Michel m'a simplement dit que je descendais d'une très grande lignée de femme dignes. Que c'était mon devoir.

Éternité, Tome 2 : VeritasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant