Le week-end s'est rapidement écoulé pour faire place à une nouvelle semaine. Assise sur le banc, j'attends avec Mathilde que Clara et Luna arrivent. Nous discutons de ce que nous avons fait hier, tout en observant les lycéens rejoindre leurs rangs respectifs. J'avoue avoir passé ma fin de semaine à repenser à ce qu'il s'est passé avec Luna. Mais je ne peux pas le révéler à Mathilde. J'espère qu'elle et Clara ne m'en voudront pas de le leur avoir caché.
- Hé Océane, tu ne trouves pas que Luna est proche de toi ? me demande-t-elle, sans prévenir.
Je manque de m'étouffer, avant de me tourner vers Mathilde.
- Qu'est-ce qui te faire dire ça ?
- Je ne sais pas, comme une impression... On dirait vraiment qu'elle s'entend mieux avec toi qu'avec Clara ou moi. Comme si elle t'appréciait plus. Tu vois ce que je veux dire ?
- Pas trop, non... Pour moi, Luna est pareille avec nous toutes, me contenté-je de répondre, tout en essayant de garder mon calme.
Je ne suis donc pas la seule à l'avoir remarqué : Luna est différente lorsqu'elle est avec moi. Je pensais que cette impression n'était due qu'à mes sentiments pour elle, mais si Mathilde l'a aussi ressentie, c'est donc bien réel. Les réflexions de ce week-end me reviennent à l'esprit : peut-être, peut-être bien que Luna m'aime aussi. Mais je ne peux pas sauter à une conclusion aussi vite. Si je lui avoue mes sentiments mais que je me suis trompée depuis le début... Rien que d'imaginer ma peine me donne le tournis. Il faut que je parvienne à m'assurer de ses sentiments. Car garder les miens cachés serait moins douloureux que de les savoir unilatéraux.
Lorsque la sonnerie retentit, marquant le début des cours, Luna et Clara traversent en même temps le portail. Nous allons à leur rencontre et Mathilde s'empresse de les taquiner.
- Alors, on arrive en retard, dès le lundi ?
- Panne de réveil, grommelle Clara, qui n'a jamais été du matin, surtout en début de semaine.
Tandis qu'elles s'éloignent, je reste à côté de Luna qui reprend son souffle.
- Et toi ? lui demandé-je.
- J'ai raté mon bus, me répond-elle, en se redressant. Mais je suppose que tu sais ce que c'est.
Elle m'adresse un sourire taquin, et mon coeur se serre doucement. Cette sensation est incroyablement agréable et je sais que Luna en est la seule responsable. Je me contente de lui sourire, avant de baisser les yeux, en sachant que mes joues sont déjà rouges. Puis nous nous dirigeons vers la salle de cours, sur les pas de Clara et Mathilde. Cette dernière se retourne et me lance un regard discret, semblant me dire "tu vois, je te l'avais bien dit".
Tout au long de la semaine, j'ai été incapable de mettre de côté la remarque de Mathilde, ni mes hypothèses du week-end. Chaque geste et chaque parole que m'adresse Luna est désormais compris d'une certaine manière, différente d'auparavant. Je ne compte plus mes maladresses, ni mes excédents d'émotions, à chaque fois qu'elle laisse planer un doute ou un sous-entendu.
Mais les situations s'enchaînent, comme si elle cherchait à les déclencher : quand nous partageons le manuel d'espagnol, ses doigts frôlent les miens sans qu'elle ne s'en rende compte. Lorsque je fais tomber par inadvertance mon crayon, elle est la première à le ramasser. Pendant les cours de science, quand nous jouons au morpion sur une feuille et que je m'apprête à gagner, elle s'empare de ma main droite pour m'empêcher de tracer le trait qui signifierait ma victoire.
Et je ressens la terrible douceur de ses doigts qui effleure et caresse les miens. Et je la regarde, un sourire timide gravé sur le visage. Et elle me sourit en retour, l'étincelle de son regard m'incitant à l'aimer plus que je ne le fais déjà.

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Elle aime
RomantiekLes rumeurs, c'est tout de même bien pratique. Grâce à elles, on peut apprendre des choses sur une personne à laquelle on n'a jamais parlé. Et parfois, on apprend carrément des choses sur nous-mêmes. Qu'elles soient vraies ou fausses, elles sont tou...