CHAPITRE 10

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Chapitre 10

Elle dormait paisiblement. Pour une fois depuis bien longtemps, son sommeil n'était pas agité par de terribles cauchemars, ou alors simplement une appréhension étrange et non expliquée qui l'empêcherait de fermer l'oeil. Ses traits étaient relâchés, elle était calme. Ses cheveux platines filaient sur son coussin, sa peau blanche contrastant sur les draps sombres, et les rayons de la lune illuminaient son minois enfantin.

Quand soudain entrave son repos un bruit dans la chambre, comme un grincement de parquet sous un pied. Elle se réveille en sursaut. A une heure pareil, Edward dort, personne ne peut marcher. Elle se persuade en pensant simplement que le bois et le vent lui jouent des tours dans la maison, quand cela se reproduit à nouveau, des pas régulier. Sa curiosité piquée à vif, elle décide de sortir de son lit. Dans son vieux tee-shirt de sport gris "Burn after use" et son short noir, elle traverse sa chambre. Les pas poursuivent et semblent vouloir la guider hors de la chambre. Sur ses gardes, elle préfère s'approcher de son sac de cours. Elle a pris l'habitude d'y glisser son revolver ainsi que son costume depuis l'incident à l'académie, plus rien n'est sûr à Gotham désormais. Mais elle a beau chercher, ni ses lames, ni son revolver, ne s'y trouve. Soupirant d'agacement, elle se doit d'y aller sans une seule arme pour se protéger. Elle reste cependant prête à utiliser le pugilat au besoin. Attentive, elle ouvre alors la porte et se hisse hors de sa chambre.

Lentement, elle traverse le long couloir. Deux choix s'offrent à elle, la porte du salon, et celle de la cuisine. Hésitante, elle attend un signe. Elle craint d'entrer dans une et d'être prise au piège. Mais plus un seul pas ne résonne. La personne s'est-elle enfuie ? Et comme pour l'aider dans son choix, la porte de la cuisine s'ouvre en grand. Au loin, sur le mur du fond, près de la porte, elle perçoit l'ombre de la personne se refléter. Plutôt grande aux larges épaules, lui rappelant vaguement quelque chose. Mais quoi?

Inquiète, mais surtout curieuse, elle s'avance. Lorsqu'elle entre dans la pièce, au centre, elle s'arrête. Son souffle se coupe un instant. Elle observe attentivement la pièce baignée par la lumière de la lune que laisse passer la grande baie vitrée. Mais rien. Personne. Elle s'approche alors de la porte et observe derrière. Là encore, vide.

A ce moment, un rire résonne derrière elle. Un rire qu'elle a déjà tant attendu. Trop de fois, elle estime. La peur au ventre, la haine brouillant son esprit, elle se tourne. Mais il n'y a personne. Les rires tournent autour d'elle. Elle tente de le capturer du regard. Mais elle ne voit qu'une nuée blanche et verte tournailler autour d'elle tel un fantôme. Elle se jette alors sur un tiroir et s'empare d'un couteau. Le brandissant, le visage déformé par la douleur, elle est attentive. Elle attend qu'il apparaisse, qu'il se montre, et qu'elle le plante. Elle n'attend que cela.

Lorsqu'elle tourne la tête sur le coté, une larme roule sur sa joue. Sur la table, deux balles de plomb, ainsi que son revolver et ses lames, le tout formant un visage souriant.

<<-Pourquoi, elle marmonne, plaintive. Pourquoi...>>

Essuyant rageusement ses larmes, elle reprend un regard dur, les traits impassibles. Et lorsqu'elle relève la tête, elle perçoit son visage. Le sourire au bord des lèvres, elle plante son couteau. Mais ce dernier brasse le vide, le visage du clown n'y est plus.

<<-Tu es comme moi, petit clown.>>

Ces mots susurrés à son oreille lui arrachent un frisson. Elle se tourne vivement et tranche. Mais il a à nouveau disparu. Les rires reprennent, les pas grincent derrière elle. Elle se tourne et plante encore. Un déchirement de tissu l'interpelle. Aurait-elle touché sa cible? Le souffle court, elle observe. Si elle ne cachait pas la lumière, elle aurait pu voir son visage. Elle s'éloigne quelque peu, sa respiration haletante et lourde comme seul son résonnant dans la pièce. Quand soudain, la lumière s'allume. Elle ne peut empêcher un cri étouffé.

Devant elle, Edward, le coté de sa manche gauche déchiré, dévoilant une plaie qui semble peu profonde. En voyant qu'elle venait de le blesser, les larmes lui montent au yeux. C'est si dur, pensa-t-elle, de fair la différence entre le réel et l'irréel, quand le cauchemar vous guette.

Elle s'effondre en larme. Edward la retient sous les aisselles, pour ne pas qu'elle fasse une mauvaise chute. Et, tout deux au sol, il l'enlace affectueusement. Elle niche sa tête au creux de son cou, les larmes coulant d'elles-même.

<<-Je voulais pas, elle articule difficilement, je voulais pas...Mais, il était là, devant moi. Je voulais qu'il arrête. Je ne suis pas comme lui, je ne suis pas comme lui! Je le hais ! Je suis désolé, désolé, désolé...

     -Chut, je sais, je sais, il affirme en caressant ses cheveux.>>

Mais, plus effrayant, lorsqu'il relève la tête, il est persuadé qu'elle a raison. Qu'elle ne ment pas. Que ce clown qui est son paternel génétique était bien là. Car, sur la vitre, coté intérieur, est collée une carte Joker, sur lequel à été marqué "Little Clown".

Le passé refait surface, les démons rampent sur les murs, je suis cuite.

Les enfants de Gotham -Tome 2 : l'enquête-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant