Chapitre 18

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Un froid immense m'envahit, s'agrippe à mes os. J'ai l'impression de vivre un cauchemar. Celui que j'aime m'a menti, la fille en qui j'avais le plus confiance vient de mourir et par dessus le marché, mon ennemie jurée est en cavale dans la ville, prête à tuer un autre innocent. Cela peut paraître égoïste, voire cruel, mais j'ai envie de déverser ma souffrance sur quelqu'un. Et pour ça, je ne connais qu'un endroit :les bars des quartiers mal fréquentés. J'entre dans un de ces bars en question, m'assois derrière le comptoir et commande un whisky. Mon regard se pose sur le jeune homme blond à côté de moi. J'entends les battements de son cœur et mes veines se mettent à palpiter. Je dois faire un effort surhumain pour ne pas me jeter sur lui. Je lui lance alors un regard de biche éplorée avant de lui demander :
- Tu pourrais me raconter chez moi ? J'ai un peu peur du noir.

Je vois son aura palpiter de désir. Il hoche vivement la tête en rougissant. Un petit sourire diabolique se dessine sur mes lèvres : le pauvre ne sais pas ce qui l'attend. Il me suis docilement jusqu'à l'immeuble ou a eu lieu la fête qui a bouleversé ma vie. Il a un petit mouvement de recul.

- C'est la que t'habites ? fait-il, étonné.
- Non , j'avais juste envie de faire un petit détour, je susurre en lui effleurant la joue.

Il frémi au contact de mes doigts gelés, mais ne dis rien. Je le conduis à l'intérieur puis nous montons à l'étage. Il s'approche de moi, prêt à m'embrasser. Son haleine alcoolisée me retourne l'estomac, cependant je me retiens et inspire profondément.

- Tu es entreprenant, n'est-ce pas ? je dis en souriant.
- Oui....murmure-t-il en se mordant la lèvre.
- Moi aussi figure toi.

Je sens des crocs acérés me pousser et je m'empresse de les lui  planter dans sa carotide. Il pousse un cri de douleur, se débat, mais je le maintiens fermement. Un liquide chaud se répend dans ma bouche. Je pousse un petit grognement avant de le libérer. Il tombe au sol, inconscient. À cet instant, un filtre noir se répand sur ma vie et je tombe au sol à mon tour.

Quand j'ouvre les yeux quelques heures plus tard, un affreux mal de tête me vrille les tempes. Brusquement, tout me revient : la trahison de Lauren, la mort d'Alaska...
Je m'aperçois que mon jean est tâché d'un liquide encore tiède. Super! Il ne manquait plus qu'un cycle mensuel soudain !  Je me relève, tâte les poches de ma veste à la recherche d'un tampon et -ô miracle !- j'en trouve un. J'entre ensuite dans la pseudo salle de bains pour me passer un coup d'eau sur le visage. Soudain, un gémissement attire mon attention. Le garçon d'hier, que j'avais totalement oublié, se tord de douleur sur le sol. Deux options s'offrent à moi: soit le laisser terminer sa transformation, et par conséquent le condamner à une existence éternelle, soit le tuer. J'opte pour la deuxième option, bien plus judicieuse.

-Désolée, je murmure avant de lui briser la nuque.

Je m'approche de la fenêtre et fixe le paysage. Une fine pluie s'est abattue sur la ville. Tout à coup, un aura bleu indigo familier apparaît dans mon champ de vision. Celui de Rosemary. Prise d'un mauvais pressentiment, je dévale les escaliers quatre à quatre et sors dehors. Rose fait peur à voir, avec ses grandes cernes violacées.

- Qu'est ce qui se passe, Rose? je lui demande en la secouant comme un prunier.
- C'est mon frère, murmure-t-elle, les larmes aux yeux. Il a disparu.

Le  dernier jour de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant