Le dernier jour de ma vie

Chapitre 11

Le trajet jusqu'à chez eux se déroule dans un silence pesant. Nous arrivons à la périphérie de la ville, près d'une grande foret. Nous sortons de la voiture avant de suivre une allée pavée, entourée de lampes à gaz. Une très jolie maison se tient devant nous, majestueuse. Elle de style néo-classique, avec de grandes baies vitrées et il y a même une piscine, dont le fond est éclairé de lumières vertes et bleues foncées. Dès que nous entrons, un garçon d'environ dix-huit ans, à l'aura vert clair, se rue sur Rosemary, la prend dans ses bras et l'embrasse tendrement. Il la prend ensuite comme une princesse puis ils disparaissent à l'étage.

-Ca, c'était Victor. Ma sœur et lui sont ensembles depuis presque un siècle, m'informe Lauren, une lueur de regret dans le regard.

Soudain, une femme rentre dans la pièce. Elle a des cheveux blonds, très clairs, des yeux gris ardoise et est toute petite: elle m'arrive à peine à l'épaule. Elle me sers dans ses bras à m'étouffer: décidément, je vais commencer à croire que c'est une habitude dans cette famille!

-Lénobia! s'écrie un homme que je n'avais pas remarqué. Laisse la respirer un peu!

- Relaxe-toi, Carter! J'accueille juste notre invitée! se défend l'intéressée. Au fait, tu veux boire quelque chose Ever?

Je hoche la tête. Tandis qu'elle se dirige vers la cuisine, Lauren me glisse à l'oreille :
-Et ça, c'était mes parents. Ils se comportent comme chat et chien, mais on s'habitue vite !

Nous nous dirigeons vers l'îlot au centre de la cuisine, où sont disposés nos verres, remplis d'un liquide qui ressemble à du vin rouge. En avalant une gorgée, je me rends compte que ce n'est pas du vin. C'est du sang. Prise d'un haut le coeur, je me tue dans la salle de bains avant de vomir toutes mes tripes. Je sens que l'on tient mes cheveux en arrière, puis on me demande :
-Ever? Ça va mieux ?
C'est Lauren. Je le rassure tout en me recoiffant :
-Oui, t'inquiète pas. C'est juste que j'ai toujours eu un système vasovagal défaillant.

À cet instant, une voix moqueuse retentit :
-Un vampire qui a peur du sang ? Décidément, on aura tout vu!
-Katherine Black ! Retire immédiatement ce que tu viens de dire ! s'écrit Lénobia.
-Jamais ! Plutôt crever !

Nous attendons que le calme revienne, puis je dis :
- Je crois que je vais aller prendre l'air.
-Attends ! Je viens avec toi!

Nous sortons dehors. Un timide croissant de lune sort de temps en temps de derrière les nuages.
-On t'as déjà dit que tu étais très belle ? me demande-t-il.

Je rougis de la tête aux pieds. C'est la première fois qu'un garçon me fait un compliment. J'ai toujours été du genre transparente.
-Merci, c'est gentil, je murmure.

Il me prend les deux mains et me force à le regarder dans les yeux.
-Ecoute Ever, des fois, je me comporte comme un imbécile avec toi, je sais pas trop comment m'y prendre, mais il faut que tu saches que je t'aime.... je suis amoureux de toi depuis la première fois qu'on s'est vus.

Je ne réponds pas. Je me hisse sur la pointe des pieds et je l'embrasse passionnément. Pour la première fois depuis longtemps, je laisse parler mon cœur. Ce n'est pas un hasard si je me sentais bien avec lui. Je sais aussi fond de moi que nous sommes fait pour être ensembles. Nous restons là sans rien dire pendant de longues minutes avant de nous décider à rentrer et de finir notre soirée à l'intérieur. Soudain, j'aperçois une jolie blonde qui nous fixe de la fenêtre, les points serrés.
-Ne fait pas attention à Katherine, elle est toujours comme ça, me murmure Lauren.
-D'accord, mais maintenant, tu pourrais me dire pourquoi j'ai l'impression qu'on se connait depuis toujours ?

Il se passe la main dans les cheveux, une lueur de douleur dans le regard.

-Suis moi, je vais tout t'expliquer, dit-il en m'attrapant la main.