« Non ! Hurlais-je à plein poumon.
-C'est le règlement, tu dois t'y plier.
-Vous m'faites chier.» Grognais-je.
Après une heure me battant bec et ongles pour ne pas rendre, "tout objet pouvant nuire à mon rétablissement" je finis par laisser tomber. Observant le personnel de soin récupérer mon téléphone ainsi que mes ceintures. À la fin de ce petit conflit, je me dirigeai vers la "salle commune" suivi d'un infirmier et muni de mon bouquin préféré.
La salle est assez grande, des tables de quatre sont dispersées aléatoirement dans toute la pièce. Les murs sont de couleur beige tandis que les tables sont blanches. Des fleurs de tous types trônent sur les tables. Ces fleurs me rappellent celles des champs où je me rendais quotidiennement. Elles donnent une ambiance presque conviviale et colorée si on oublie tous les aliénés affalés sur leurs tables. Je m'avance jusqu'à une, un peu plus reculée que les autres, m'assieds et commence ma trépidante lecture.
« Qu'on lui coupe la tête ! Entendis-je crier.
Instinctivement, je redresse la tête et mon regard croise de grands yeux rieurs de couleur émeraude, de long cheveux roux et bouclés ornent sa tête. Étant dans l'ombre, je ne parviens pas à distinguer tous les traits de son visage.Instinctivement, je redresse la tête et mon regard croise de grands yeux rieurs de couleur émeraude, de long cheveux roux et bouclés ornent sa tête.
-Le livre que tu tiens entre tes mains est mon ouvrage préféré, quoi de mieux qu'une approche comme celle-ci pour parler ? Puisque je suppose que ce livre est aussi ton préféré ? Me questionne-t-elle un immense sourire éclatant ornant la plus grande partie de son visage.
-Excuse-moi, je parle peut-être un petit peu trop. Je m'appelle Charlotte, mais tu peux m'appeler Cha.' Dit-elle me tendant sa main frêle que je sers doucement.
-Kellan. Annonçais-je rapidement.
-J'ai vu que tu étais seul, veux-tu te joindre à nous ? En disant cela, elle se tourne et montre du doigt un garçon qui doit être son ami. Je le contemple quelques instants, il a des cheveux noirs ébène et des iris de la même couleur. Des yeux qui transpercent voire foudroient en un instant. Cet énergumène ressemble à un corbeau, un frisson me parcourt l'échine.
-Mmh, non merci sans façon, je préfère être seul.» Dis-je tout en regardant son ami qui à son tour me dévisage. Elle hoche simplement la tête, la mine déconfite et repart en sautillant d'où elle était venue. Tandis que je replonge dans les incroyables aventures que me propose le fin papier entre mes doigts.
Au milieu de l'après-midi, je me suis prélassé en dessous d'un grand saule pleureur dans le parc de Rolling Hills dans le but de me détendre et de profiter du beau temps pour dessiner le paysage qui s'offre à moi.
Alors que mon crayon s'active sur le papier, j'entends un rire cristallin recouvrir l'entièreté du parc. Le duo loufoque de tout à l'heure est placé devant une marelle tracée à la craie.
Charlotte m'aperçoit et me sourit. Elle hoche simplement la tête, la mine déconfite et repart en sautillant d'où elle était venue. Des cicatrices recouvrant la quasi-totalité de son visage, de son cou et de ses mains. Cette vue m'horrifie. Comment ai-je pu passer à côté de ça tout à l'heure ? Son corps tout entier est-il peint de cicatrices ? Mes yeux la scrutent quelques instants, cependant, elle ne sourit plus, l'air jovial de tout à l'heure à laisser place à un air maussade. Le corbeau lui serre la main en guise de soutien et me fusille du regard, il y a quelque chose de presque malsain dans la manière avec laquelle il me fixe. Il est très étrange. La jolie rousse se replace devant la marelle et jète la pierre de façon à ce que celle-ci touche le numéro neuf.Plus tard enfin de journée, je me suis surpris à observer les patients de la résidence. Tous sont différents, mais ils ont une chose en commun : leur folie. Pour certains, leurs médicaments les maintiennent dans un état total de mobilité. Tandis que pour d'autres leur traitement les rend dans un état végétatif. Je n'appartiens à aucune de ces deux catégories. Je me porte bien sans traitement. Alors pourquoi suis-je ici ? Entouré de toutes ces personnes ? C'est simplement un caprice de ma vicieuse et perfide génitrice.
Quand celle-ci m'a annoncé que j'allais être interné dans le centre "d'aide" Rolling Hills elle m'a juste dit : «Kellan c'est pour arrêter cette maladie, tu rentreras quand tu te sentiras mieux.» Le pire dans tout ça est que ma "maladie" est d'aimer les êtres du même sexe. Et simplement parce qu'une foutue religion prétend que c'est malsain ça fait de moi quelqu'un d'impur. Les hommes de foi, eux, font subir des atrocités à des enfants, mais ce n'est pas considéré comme immonde ou anormal.
Ils ont simplement peur de l'inconnu, ils jugent tout et n'importe quoi sous prétexte que c'est inhabituel et puisque ce n'est pas explicable, ils préfèrent bannir. Le mot phobie est traduit par : "peur irraisonnée d'un danger inexistant." Ce que la société considère comme maladie n'est en réalité que de l'amour.
Je me rends ensuite dans ma cellule, cependant, avant de tourner la poignée de porte métallique, j'entendis un bruit furtif et tourne ma tête vers l'origine du bruit. Le garçon qui ressemble à un corbeau est là me jaugeant d'un regard torve, un rictus malfaisant aux creux de ses lèvres.
Précipitamment, j'ouvre la porte et plaque mon dos contre celle-ci tentant de retrouver une respiration régulière. Cet endroit m'effraie, cela ne fait que vingt-quatre heures que je suis ici et je suis déjà sur le point de craquer.
Enfin calmées, mes pensées se dirigent vers le carnet que m'a donné la mégère de l'accueil. Mes doigts agrippent le fascicule et feuillettent les pages de couleur blanche cassé. Je me munis de mon stylo à encre noire et écris quelques lignes.
J'ai l'impression que les cauchemars m'emportent, me tourmentent, me torturent, leurs vagues d'effroi me recouvrent et bientôt, je me noie.
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Uncover.
Teen FictionKellan est interné de force par sa mère dans un hôpital psychiatrique du nom de Rolling Hills. Cependant des choses étranges s'y passent. Une chambre semble inhabitée, pourtant, des hurlements s'en échappent la nuit. «On ne connaît ni son nom, ni so...