Uncover.

Part 1 : Mervyn

J'ai peur de ce qui pourrait advenir. Cet endroit fait ressortir mes plus vieux démons, mes peurs les plus anciennes. Mon visage reflète dans cette forme géométrique, je déglutis. Des cernes pourpres ont pris place sur ce visage blafard. La fatigue me détruit peu à peu, elle prend possession de mon corps. Tous deux se vouent un combat perpétuel. Mon voisin de chambre ne semble pas non plus trouver la paix intérieure. Ses cris deviennent peu à peu une mélodie rassurante à mes oreilles. Me prouvant que tout ce que je vis est réel et que la folie ne m'a pas encore emporté dans des abîmes de démence.

J'évite Cha' et le corbeau, nous ne sommes pas dans le même camp. Ils cautionnent ce qui se passe ici. Je reste méfiant à l'égard de Peter, surtout depuis que je l'ai surpris dans le bureau de la directrice avec ma génitrice. J'essaie tant bien que mal de m'apaiser l'esprit. Mais je me sens sombrer.

J'aimerais en parler à quelqu'un, pouvoir me libérer de tout ce qui me ronge et me consume de l'intérieur. Mais nous sommes coupés du monde, livrés à nous-mêmes. Mme Hastings, la psychiatre ne m'est pas d'une grande aide puisqu'elle est la marionnette de Rolling. Monsieur Moore, peut-être ? Il est un peu sénile, il oublierait vite tout ce que je lui aurais dit. Mervyn est aussi une option. Mais je dois d'abord obtenir des informations sur lui. Le fait qu'il ne m'a pas dénoncé ne veut pas dire qu'il est de mon côté.

Je quitte le toit d'un pas décidé, je croise la rousse, mais ne détourne pas les yeux de mon objectif, bientôt sa voix semble lointaine, les escaliers descendants vers la bibliothèque sont scabreux. L'ampoule tient à un fil pendant cette bibliothèque est vraiment vieille, elle n'a jamais été rénovée d'après ce que monsieur Moore m'a dit. L'octogénaire, tient une pile de livres qui tangue quelque peu. Je me précipite à son chevet pour l'aider à poser ces œuvres sur le comptoir.

"Quel bon vent t'amène ici Kellan ?"

-J'ai quelques questions à vous poser. Voyant que l'homme ne semble pas très enjoué, je décide de jouer la carte de la bonté, je vous aiderai à ranger ces livres si vous voulez.

-Bien, mais fais vite, le travail n'attend pas.

-Connaissez-vous un infirmier du nom de Mervyn ? Il est plutôt jeune.. Le vieillard me coupe

- C'est mon petit-fils, pourquoi cette question ?

Face à cette révélation, mes épaules jusqu'alors crispées se détendent un peu.

-Vous pensez qu'il est différent des autres infirmiers ici ? Je veux dire pourquoi il est ici, il a presque mon âge.

-Il y a encore beaucoup de choses que tu ignores sur cet endroit. Mervyn te l'expliquera pourquoi, mais ce n'est pas mon rôle. Ce serait un bon allié si tu devais avoir des ennuis. Maintenant, aide-moi à ranger ces livres."

J'obéis à l'Antiquité et une fois ma tâche accomplie, je vais au bureau de l'aide-soignant se trouvant à l'aile Sud de la bâtisse. Je trouve la porte ouverte et le voit parlant avec Cha'. En me voyant, ils s'écartent l'un de l'autre et la rousse quitte précipitamment la pièce tout en me bousculant. Le blond arbore un visage impassible.

"J'interromps quelque chose ?

-Pas vraiment, non. Que puis-je faire pour toi ?

-J'ai besoin de réponse. Cet endroit m'obsède et me donne le sentiment d'être fou, parfois. Bien plus qu'en arrivant ici, comme si ce bâtiment était imprégné de quelque chose de mauvais, quelque chose ayant un ascendant sur nous et altérait nos réactions.

-Tu veux aller autre part pour en parler ? Un lieu qui te ferait te sentir mieux ? Le toit par exemple.

-C'est Charlotte qui te l'a dit ?

-Elle est inquiète pour toi, elle s'est fortement attachée à toi. Et c'est la première fois que Peter ne dit rien contre ça. Nous pouvons y aller si tu le souhaites.

-Une prochaine fois peut-être. J'ai trop de questionnements. Tout d'abord, comment se fait-il que tu sois infirmier aussi jeune ? On a deux-trois ans d'écart si ce n'est moins. Et pourquoi personne ne veut réellement dire ce qui se passe ici ? Le patient de la chambre 66, en face de la mienne, il est réel.

-J'imagine que je te dois la vérité. Le patient est réel, tu n'imagines rien, mais s'il-te-plaît ne dis rien de ce que je te révèle à qui que ce soit. Cet endroit regorge de bien plus de secrets que tout ce que tu as pu t'imaginer jusque-là. Si ce bâtiment est aussi excentré, ce n'est pas un pur hasard. À sa construction, il servait de couvent. Des histoires plutôt louches se sont produites ici. Les rumeurs disent que les nones se suicidaient. Jusqu'à ce que l'on découvre qu'un prêtre répandait leur sang contre les murs. Quelques années plus tard, le lieu à fermé. Rolling a décidé de le rouvrir et lui donner une meilleure image, à ce lieu et à sa famille.

-Tu veux dire que le prêtre était de sa famille ?

-C'était son frère.

Lorsque le voile de secrets se désépaissit, un brouillard de mystères fait surface. Les vérités deviennent relatives, les mensonges omniprésents. Qui croire dans ce monde fou ?