Part 3 : Lucifer can you hear the song of the crow?

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« C'est impossible ! Je ne suis pas fou ! Les cris que j'entends la nuit sont réels. Je passe nerveusement les mains dans mes cheveux gris cendres.

-Je ne prétends pas du contraire, tu ne divagues pas, Kellan. On en a parlé avec Peter. À l'époque, nous entendions ces cris, cependant notre traitement est devenu un peu plus fort, sûrement pour que l'on ne pose pas de questions. Demande un somnifère, tu verras, ça passera. Suggère Cha'.

Hors, de question que je m'assomme de médicaments, au vu de ce qui se trame ici, je veux garder toute ma tête.

-Mais qui est cette personne ? Connais-tu, ne serait-ce que son genre ? Demandais-je.

-On ne connaît ni son nom, ni son âge, juste le son rauque de sa voix semblant provenir des abysses de l'enfer. Affirma une voix provenant de derrière mon dos. Je pivota la tête et mes yeux rencontrèrent les iris noires et profondes de Peter. Son regard est dur, cerné et son éternel sourire narquois n'orne plus ses fines lèvres.

Il s'assit aux côtés de Charlotte, laquelle pâlit en constatant son état. En effet, des contusions ornent son minois, sa lèvre inférieure est coupée en deux.

-Ce que veut dire Peter, c'est que l'on a fait des recherches et fouillés dans les archives, mais rien ne mentionne cette chambre. Pas depuis 19 ans en tout cas, elle est censée être condamnée. Nous avons donc arrêté les recherches.

-Peut-on s'adresser au personnel pour en savoir plus ?

-Je te le déconseille. Me dit Charlotte. De plus notre directrice, la maîtresse de ces lieux, madame Rolling est une mégère. Elle cautionne sûrement tout ce qui se passe ici. Crois-tu qu'elle ne sait pas ce qui se trame dans son propre institut ? Reste à ta place fais ce qu'ils te disent et tout ira pour le mieux.» En disant cela elle jète un regard noir à Peter. L'isolement. Est-ce là-bas qu'il a eut toutes ses marques ? Auto-flagellation ou s'est-il fait malmené ? Une chose est sûre à propos de tout ceci : je ne suis pas fou.

« Avons-nous un moyen de contacter les autorités compétentes ? Essayais-je à nouveau.

-Sans aucune preuve ? Me questionne Peter. En plus, la ville la plus proche est à une quarantaine de kilomètres. Reste loin de tout ça Sherlock et arrête de dramatiser.» Suggère de façon abrupte le garçon à l'allure d'un corbeau.

Comment peut-il garder son sang-froid ? Cela fait à peine quelque temps que je suis ici et les patients ont le droit de faire ce que bon leur semble à partir du moment où ils n'importunent pas les infirmiers. La seule chose "non tolérée" est la violence entre patients. Je préfère ignorer le corbeau et me résous à aller dehors sous son regard persistant.

Je me dirige vers le toit et laisse les deux compères se bercer de douces illusions quant à mes réactions et mes intentions. Mes pieds balancent dans le vide, tandis que j'entends la porte crisser lentement. Mes sens sont en alerte. Et si c'était un des infirmiers ? Dieu sait ce qu'il me ferait s'il m'apercevait sur ce toit. Je me retourne et mes muscles se crispent presque instantanément en apercevant le corbeau, un air sérieux sur son visage. Ses yeux fixent l'horizon tandis qu'il s'assied à mes côtés, laissant une distance raisonnable entre nous.

« Crois-moi. Ne te mêle pas des vieux démons qui traînent ici. Fais le nécessaire pour sortir rapidement.

-Quels secrets si affreux soient-ils enferment ce lieu ? Tu as l'air d'en savoir beaucoup.

-Beaucoup trop. Affirme-t-il. C'est pour cette raison que je te mets en garde. N'attire pas l'attention sur toi.

-Pourquoi tu m'aides ? Tu n'as pas l'air de m'apprécier pourtant. Et toi quand sortiras-tu ?

- C'est le cas, mais si ça peut te consoler, je n'aime que Charlotte et c'est pour ça que je te préviens du danger de la situation si tu fouines un peu trop.. Et sortir de cet asile, pour certains c'est compliqué voire impossible.»

Je reste de marbre. Nous restons un moment dans un silence profond. Aucun air sournois n'est visible sur le visage du corbeau. Il a l'air perdu dans ses pensées. Encore un être torturé. Ça lui donnerait -presque- un air attendrissant.

Un doux murmure se fait entendre. Une voix rauque, envoûtante, un chant et petit à petit, je distingue certaines paroles distinctes. «Are you, are you hanging to the tree, oh you my sister soul..»
Un frisson me parcourut l'échine et je ne sais pas comment réagir, il est beaucoup trop imprévisible. Une larme coule le long de sa joue. Et quand il le remarque, il se redresse et s'enfuit. Sûrement déçu d'avoir été si vulnérable. Le corbeau avait l'air désarmé. Presque à la merci de ses propres émotions. À peine arrivée, une femme nous attend déjà.

Je repense à sa voix si mélodieuse. Si Lucifer avait pu entendre sa voix, il serait redevenu un ange.

Malgré ses paroles étranges, j'aimerais le réentendre chanter. Je dois en parler à Charlotte. Mais en attendant, un infirmier doit sûrement m'attendre à l'accueil pour m'accompagner à mon rendez-vous avec madame Hastings ma psychiatre. Son bureau se trouve à l'aile nord du bâtiment. Je descends et nous nous rendons au bureau. À peine arrivés, une femme nous attend déjà. Un sourire radieux scotché à sa bouche.

-Kellan, je présume ?
J'hoche la tête.
-Bonjour, madame Hastings, mais tu peux m'appeler Élysée. Allons nous installer. Elle fit signe à l'infirmier de disposer.

-Bien, passons aux choses sérieuses...»

Les monstres vivent en nous. Ils nous dévorent de l'intérieur. Jusqu'à ce qu'ils ne fassent plus qu'un avec notre corps.

Uncover.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant