Chapter1 : Flashbacks.

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"Toi qui trouvera cette lettre,
L'âme tourmentée que j'ai été,
Va être enfin libérée.
Je suis parti.
Parti de ce monde pour en trouver un autre,
Où je trouverais ma place,
Où je serais heureux pour la première fois.
J'ai tellement de secrets inavoués, de projets inachevés.
Malgré tout, je pars le cœur léger.
L'âme soulagée.
Je ne manquerai à personne.
Et personne ne me manquera.
De toute façon, c'est mieux comme ça.
J'ai souvent crié ma haine.
Juste pour leur faire de la peine.
Enfermé avec Cat dans ma chambre le soir,
Je traçais ces traits le long de mon bras.
Tandis que personne n'était là.
Je vais enfin trouver la paix.

Adieu ce monde que je haïssais.."

Je me réveille en sursaut, cherchant à tout prix à retrouver un rythme cardiaque stable, mais en vain. La crainte. La crainte est répandue sur moi. Mes muscles sont crispés et je suis pris de spasmes, ma tête tourne, je suis à l'agonie. Je déteste ce cauchemar, toujours le même tambourinant dans ma tête, aux allures de flash-back faisant frissonner les tréfonds de mon âme. Ça en est presque devenu une phobie de m'endormir à présent. Les insomnies font partie de mon quotidien, de mon être. Je ne dors que très peu la nuit, et quand je le fais, les mauvais souvenirs du passé viennent me hanter.

Je me redresse correctement et scrute l'horizon. J'imprime chaque petit morceau de ce paysage, car je ne le verrais plus avant un long moment. Ce paysage si vert en cette journée ensoleillée de printemps. Les fleurs sauvages de toutes les couleurs rajoutent de la beauté à ce bout de paradis que je m'apprête à quitter. Les collines, les champs à perte de vue, les forêts de sapins, l'odeur de la liberté, de la sérénité. Tout ceci va me manquer. Je ne vais plus être libre là où je me rends. Toutes les nuits blanches allongé dans les champs à contempler les étoiles, à réfléchir au sens de la vie, de ma vie, tout cela est terminé. À mon grand regret, ce qui faisait parti de mon présent hier est aujourd'hui un vestige du passé.

Ma génitrice arrête le véhicule et m'abandonne devant cette bâtisse de couleur ocre, un rictus de satisfaction orne le creux de ses lèvres. Elle jubile intérieurement de ne plus avoir à me supporter. Elle attendait ce moment depuis tellement longtemps. Se débarrasser de son fils parce qu'elle le considère comme fou.

Mes iris vairons scannent le bâtiment à quelques mètres devant moi. Il ressemble à un vieil hôpital entouré d'une somptueuse et gigantesque forêt. Néanmoins, il y a des barreaux aux fenêtres. Un soupire de lassitude sort de ma fine bouche. J'ai l'impression d'être chez les fous.

J'ouvre l'immense portail en fer noir se trouvant devant moi et lis à haute voix le nom de ce lieu : "Rolling Hills Asylum". Cet endroit est à la fois impressionnant et effrayant. Une sorte de curiosité malsaine m'attire vers ce lieu. J'ai toujours été fasciné par les bâtiments très anciens, ils regorgent d'histoires, plus macabres les unes que les autres. Celui-ci ne fait certainement pas parti des exceptions.

Je suis le petit chemin fait de cailloux à l'allure d'une allée me conduisant une nouvelle fois devant une immense porte en vieux bois marron, sûrement de l'hêtre. Une main enroulée autour de ma valise et l'autre poussant la poignée.
Par instinct, je me dirige vers un bureau se trouvant dans le hall. Une femme à l'allure stricte et au visage marqué par le temps se tient derrière et tape frénétiquement sur le clavier, les lèvres pincées et sourcils froncés.

Je toussote légèrement dans l'optique de lui faire remarquer ma présence. Elle tourne la tête et me détaille d'un air hautain.

«Tu dois être Kellan, je suppose ?» Demande-t-elle farfouillant dans ses papiers soigneusement classés.
Je hoche la tête quand la secrétaire daigne enfin lever la tête.

« Bien, ta mère m'a donné comme obligation de l'appeler dés ton arrivée sûrement pour s'assurer que tu ne te sois pas enfui. Ensuite, tu dois remplir ce formulaire dans lequel tu décris et expliques les raisons de ta venue ici et tu le transmettras chez le psychiatre.
Nous te laissons une journée d'adaptation sans traitement. Cependant, à partir de demain, tu le prendras. De plus ce soir ou demain un infirmier viendra enlever toutes les affaires considérées comme dangereuses, tes bijoux ou même piercings sont autorisés. Et pour finir voilà un carnet personnel, dans celui-ci, tu écriras ce que tu ressens, tes émotions, ou ce qu'il te passe par la tête, personne ne le lira sauf si tu décides de le montrer à quelqu'un.»

Je scrute avec engouement le carnet se trouvant entre mes mains, il est noir, des branches blanches le recouvrent, muni d'une clé et d'une serrure. Après que la femme de l'accueil m'ait donné le numéro de ma chambre, je suis précipitamment monté.

Arrivé devant la porte 65, j'ouvre lentement celle-ci et observe scrupuleusement la pièce, tout est blanc, froid, vide de vie et d'émotions. Je pose mes valises dans un coin, et m'allonge de tout mon long dans le lit attendant le sommeil comme on attendrait le bourreau. Je suis craintif ce qui rend mon âme aussi souffrante que mon corps. Mes paupières se ferment peu à peu et bientôt mon esprit divague et je dois à nouveau faire face à mes démons.

Uncover.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant