Chapter 4 : Welcome to Dystopia

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Tout ce qui était réel ne l'était plus, c'était comme si la réalité, l'existence de tout ce que nous connaissions devenait factice. Un passage de l'absurde à l'horreur, sûrement dû au médicaments qu'ils m'ont donné après nous avoir trouvé tous les deux.

« Comment te sens-tu ? Une touffe rousse apparut au-dessus de ma tête, ses yeux émeraudes pleins de questionnements se sont posés sur moi.

-Et toi ? En disant cela je faisais référence à l'épisode psychotique dont elle avait été victime.

- Ils ont retracé la marelle, avec de la peinture cette fois-ci, Mervyn a pris l'initiative.

- Elle ne disparaîtra pas de si-tôt.

-Mais mon innocence si. Glisse t-elle dans un murmure.

-Tu veux en parler ? Lui proposais-je avec prudence.

Elle hocha la tête positivement.

Lors de notre sortie, cet après-midi.

Elle était si belle, le soleil caressait sa peau, ses cicatrices blanches étaient visibles, j'aurais aimé la serrer contre moi et apaiser toutes ses souffrances. Mais ce n'était pas dans ma nature. Elle sautillait telle une enfant, elle semblait se rattacher à la douceur qu'ont les enfants, leur pureté les rendaient incroyables. Mon frère Michael avait été comme ça.

Cha' fit quelques pas vers un chêne et s'installa au tronc et me tapota la place qui se trouvait à ses côtés.

« Nous sommes tellement insignifiants dans ce monde tu ne trouves pas ?

- Face à l'immensité, oui, sûrement.

-j'ai souvent pensé être insignifiante après tout ce qui s'est passé.

- Raconte-moi.

- J'avais six ans et demi, mes parents travaillaient souvent, rentraient tard. Je faisais seule le chemin de l'école, à six ans, oui. Puis, un jour, ils ont décidé de se comporter comme de vrais parents et m'ont fait garder par mon oncle. La pire décision qu'ils n'aient jamais pris jusqu'ici. Pendant les premiers mois, la vie semblait normale, il s'occupait bien de moi, j'étais sa petite princesse. Un soir d'orage, j'étais effrayée à l'idée de devoir dormir seule, sans personne pour me réconforter. Je me suis glissée dans ses draps avec toute l'innocence d'une enfant à peine âgée de 6 ans. Et le pire se produisit. Chaque jour, pendant plus d'un an, il faisait subir à mon corps le pire des sévices, me susurrant à l'oreille que c'était normal, que l'on était de la même famille. Mon renfermement alerta mes parents, je ne sais même pas pourquoi je ne leur ai pas avoué. Je sais juste que je me lavais jusqu'à brûler ma peau, mais ça ne suffisait pas. Un jour, j'ai pris une des lames de rasoir que papa utilisait et je me suis coupée, partout. Aucune partie de mon corps n'a été épargné. En ce 14 mars 2009, ma vie s'est arrêtée. Ma vie n'a été faite que de tourments après ça.

- Et tes parents qu'ont-ils fait ?

- Mes parents ? Ils ont vécu dans le déni, ont refusé de voir la réalité en face et m'ont placé ici pour que j'arrête d'être une enfant folle et encombrante. Je ne les ai jamais revu. Ma seule famille c'est Peter. »

Elle ne pleure pas, n'a aucune once de tristesse dans sa voix. Comme si elle avait simplement accepté son sort aussi terrible soit-il. Je me demande si tous les patients qui sont ici ont un passé aussi tragique. Et quel sort cet endroit nous réserve-t-il ?

« Ne va pas courir tant de risques pour un étranger Kellan, j'ai déjà perdu beaucoup de personnes, je ne tiens pas à te perdre toi aussi. Malgré ce que Peter peut te dire, lui non plus n'aimerait pas qu'il t'arrive quelque chose.

-J'ai besoin de savoir, besoin de connaître la vérité sur ce lieu, où certains patients sont cachés de tous. Cette personne a l'air de souffrir, bien plus que nous tous. Regarde nous, on est dehors, en sortie, tandis que lui ou elle se trouve dans une chambre, chaque jour depuis son arrivée ici. J'ai besoin de trouver un échappatoire pour que l'on puisse tous s'enfuir.

-Tu..Tu veux qu'on s'évade ? C'est de la folie, ils nous rattraperont et nous enfermeront à l'isolement.

-Cha', imagine un monde dans lequel des fleurs poussent dans ton jardin, derrière ta propre maison, où la nature te serait accessible à chaque instant, tellement que le monde qui t'entoure commencera à devenir insignifiant. Ou peut-être qu'il sera encore plus précieux à tes yeux. Imagine un monde dans lequel la couleur ne serait pas peinte sur tes vêtements mais serait tout autour de toi.

Ses yeux émeraudes me jaugeaient malgré tout méfiants.

- Il n'y a qu'un moyen de s'échapper d'ici Kellan.

- Dis-moi lequel.

-Par la mort.

J'ai peur, plus que jamais. Peur pour ma vie et pour la leur, j'ai peur d'être détruit au point de ne plus pouvoir rien ressentir.

Uncover.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant