Mobilisation Générale

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20 juillet 1914

Une nouvelle lettre de Victor est arrivée ce matin et les nouvelles ne sont pas encourageantes. Des bruits courent dans la caserne sur l'imminence d'un conflit armé entre la France et l'Allemagne. L'ambiance est tendue à Joppet et les gradés semblent crispés. Les entraînements sont de plus en plus intensifs et Victor se sent fatigué.

Connaissant mon fils, je comprends combien cette atmosphère doit lui peser. Lui qui est si doux, si proche de la nature, si attaché à la montagne ; il doit ressentir la nostalgie d'Avérole.

Je vais lui écrire plus souvent pour le soutenir même si j'ai moins de temps libre ces derniers jours. Le beau temps nous a été favorable et nous avons décidé de commencer les moissons. Les jours de travail sont longs, nous commençons au lever du jour avec la fraîcheur du petit matin. Le soleil brûlant nous oblige à faire une pause entre midi et trois heures. Tout le monde, petits et grands, fait alors la sieste puis nous reprenons le travail jusqu'à la tombée de la nuit.

Cette année, Henri ne participe pas aux moissons car il est trop fatigué. Il surveille Juliette qui est sensée rester à la maison mais ce n'est pas une mission bien reposante car cette chipie adore courir derrière les chèvres dans le pâturage !

1er août 1914

C'est une journée de cauchemar qui s'achève. Alors que nous nous reposions dans la fraîcheur des maisons avant de retourner aux champs, les cloches de la chapelle ont répondu en écho à celles de Bessans pour nous annoncer une effroyable nouvelle.

En entendant le tocsin, j'ai d'abord pensé à un incendie. C'est assez rare mais avec la chaleur qu'il fait depuis plusieurs semaines, cela aurait été possible.

Je me suis précipité dehors mais tout semblait calme en dehors de cette funeste musique.

Je suis alors parti à Bessans avec quelques voisins pour trouver des réponses à nos questions. Il ne nous a pas fallu beaucoup de temps, en arrivant sur la place de la mairie, pour comprendre que nous vivions un événement de la plus haute importance.

Bien installé dans mes montagnes, comblé dans ma vie familiale, serein dans mon travail, je me croyais à l'abri du risque de guerre. Elle nous a pourtant rejoints. Tout bascule dans mon esprit. Une nouvelle histoire va commencer.

Le journal d'un colporteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant