Frères d'accident

Chapitre 8

Pendant des heures, David resta seul et toujours attaché en essayant de lutter contre la douleur. Mais plus le temps passait et plus il arrivait à se détaché de ce qu'il ressentait. C'était comme si il effaçait progressivement la souffrance. Il n'avait plus rien à perdre de toute façon. Enfin il lui restait quand même quelque chose ... La vérité. Il voulait savoir et c'était la seule raison pour laquelle il respirait encore.

David s'était calmé, c'est pourquoi un autre médecin, cette fois seul, vint et lui administra une injection dans la nuque. Le fluide bleu parcourra le sang du jeune homme jusqu'à monté à son cerveau. Ce dernier semblait vouloir exploser tellement il surchauffait. David hurla, un cri qui résonna dans tous les bâtiments du laboratoire. Le médecin le détacha au moment où le garçon tomba sur le sol, agrippant sa tête dans ses mains. Il tremblait énormément et restait prostré dans une position fœtal.
Un garde vint le chercher et le jeta au fond d'une cellule dans laquelle se trouvait déjà Clay.

-< David!> Cria Clay en se jetant sur lui.

Le garde ferma la porte constituée de barreau et verrouilla la serrure à double tour. La jeune fille s'approcha doucement de son partenaire de souffrance, il pouvait à peine se redresser. Elle prit sa tête entre ses mains et la déposa sur ses genoux. Elle
plaça sa main sur le front du jeune homme aux cheveux de gèle et rien qu'à ce contact, il arrêta de pleurer.

Ils restèrent longtemps dans cette cellule de la taille d'un box. Il y avait deux matelas posés à même le sol. Un lavabo minuscule avec une glace fêlée se faisaient discret dans le fond à gauche de leurs nouvelles chambres.
La nuit apporta aux deux adolescents un peu de calme. Juste avant que David ne fut pris d'une crise de folie pendant son sommeil. Il s'agitait, transpirait et criais le nom de Mao. Ce mot, ainsi répété, brisait le cœur de Clay. Elle comprenait maintenant tout le mal auquel elle avait contribué pendant le lycée. Elle s'en voulait affreusement. Mais malheureusement on ne pouvait pas changer le passé.

Le temps semblait infinis dans cette cellule. David restait encore inconscient et Clay n'avait pas osé bouger de peur de le réveiller ou de lui faire mal. Deux jours passèrent ainsi. Deux jours pendant lesquels ils ne mangèrent rien et ne dormirent pas. Clay pensa qu'ils les avaient finalement oublié, mais ils revinrent le troisième jour.

Deux gorilles essayèrent d'attraper Clay, mais cette dernière s'accrochait à David telle une sangsue. Elle ne voulait pas le laisser seul ici, sans savoir ce qu'ils allaient encore leurs faire subir.

Mais étant déjà faible, elle ne put résister longtemps et ils la traînèrent dans les couloirs . Clay jeta un dernier regard à David, toujours immobile, toujours si pâle. Les deux gardes emmenèrent Clay  jusque dans le coffre d'un gros 4x4. Ils prirent soins de bien lui ligoter les mains et les pieds et surtout de lui bâillonner la bouche. Mais même avec un bout de tissus bloquant sa mâchoire, la jeune fille cria et appela sans répit. Certes ses pleurs étaient couverts par les bruit du moteur mais elle continuait, elle espérait que quelqu'un l'entende. La route empruntée était sinueuse et en très mauvaise état. Clay se cogna violemment contre les parois et s'entailla la jambe avec un objet en fer qui dépassait d'un coin. Elle gémit et essaya de défaire ses liens. En vain. La voiture finit par s'arrêter après des heures de trajets. Ou peu être seulement quelques minutes. Clay n'en savait rien à vrai dire.

Les gorilles l'attrapèrent et la jetèrent sur le sol. Clay reconnu la fin de la plaine laissant place à des récifs montagneux. Le soleil se couchait faisant scintillait la neige d'une couleur presque dorée.

Les gardes partirent, laissant la jeune fille seule et livrée à elle même. Le froid se faisait de plus en plus dur au fils des heures. Le soleil avait disparu derrière les montages et le vent fouettait la peau nu de Clay. Elle laissa échapper une larme et pensa à David. Elle n'avait pas eut le temps de lui demander pardon, encore une fois.

Pour le jeune homme aux yeux pales, la situation était bien différente. Il était resté dans sa cellule et avait péniblement entrouvert les yeux. Il fut tout de suite assaillis par un mal de crâne intense qui le clouait au sol. Il entendit beaucoup de bruit venant de l'extérieur. Des caisses qu'on traînait sur le sol, des voix, des ordres, des voitures s'éloignant. David essayait de se relever quand le directeur apparu devant la porte de son cachot.

-< Alors ? Bien dormi?> Lui demanda la vieil homme.

Comme le jeune homme ne répondit pas il enchaîna:

-< J'espère que tu continueras de bien dormir. Pas comme Clay. Elle aura plus de mal avec l'hiver russe.>

-< Où est-elle?> Marmonna David.

-< Dehors. Quelque part dehors. On va voire si tu résiste aussi bien au feu que tu as pu le faire avec le froid.>Dit il en disparaissant.

Encore un bruit de voiture se fit entendre, puis plus rien. Un silence effrayant remplissait alors les différentes pièces du laboratoire. David était toujours enfermé dans le sombre cachot quand une odeur de brûlé lui parvint faiblement. Il put distinguer le début d'une fumée noire s'élevant dans les airs et emplissant les murs.

< Ils vont me faire cramer ici...> Comprit David intérieurement.

Il décida qu'il était désormais temps pour lui de prendre congé de cet endroit monstrueux. Il fit un énorme effort pour ordonner à son corps de se lever malgré la douleur et sa tête qui continuait de tourner.
Il s'approcha de la serrure et la caressa du bout des doigts. Il ferma les yeux et un feu intense parvint de son cœur et traversa son corps afin de s'échapper par sa main droite.
Un jet de lumière bleuté attaqua la serrure et arracha un profond cri de douleur au jeune garçon. La souffrance dura un instant avant que la serrure n'explose sous la pression de la glace.
La fumée avait presque entièrement remplis la pièce. Des flammes d'une incroyable hauteur bloquaient maintenant la seule sortie du dernier sous-sol. David, toujours à terre, avait de plus en plus de mal à respirer et ne pouvait se relever. Sa vie s'effaçait elle aussi progressivement alors que le feu se propageait dans chaque recoin à une vitesse folle. David se laissa tombé  sur le dos et admira les volutes de fumée valsant dans les airs. Le spectacle était tel, qu'il valait la peine que le jeune homme y laissa sa vie. David était maintenant entièrement encerclé par le feu et ses poumons s'asphyxiaient doucement au monoxyde de carbone.

< Je te rejoins Mao.> Pensa-t-il avant de perdre connaissance.

Pour Clay, une tempête effroyable de neige s'était abattue sur elle tandis qu'elle se débattait toujours avec ses liens. Le froid avait lacéré sa peau brune et avait congelé ses cheveux en un énorme noeud de gèle sur sa tête.
Elle repensa alors à David, si seul et si faible lorsqu'elle l'avait laissé. Elle ne pouvait pas le laisser mourir. Elle lui devait au moins ça. Après tout ce qu'elle lui avait fait endurer, c'était à elle d'être forte cette fois. Si ce n'était pas elle, alors personne ne le ferais. Elle devait lui prouver qu'il n'était pas seul.
Tout le poids de ses actes, de sa culpabilité, et des regrets ainsi réunis fient naître un sentiment intense de colère. Cette rage que Clay ressentait se dirigeais contre le laboratoire mais aussi contre elle même. Dans un dernier élan pour sauver sa peau et celle de David elle s'embrasa. Tout son corps s'enflamma, imitant son esprit. Les flammes rongèrent les cordes qui la  maintenait et réchauffèrent ses muscles  qui étaient peu à peu en train de se transformer en stalactites.

Elle se releva difficilement, affrontant avec peine la tempête de neige. Seul un fond gris sombre avec une multitude de flocon se dessinait devant ses yeux. Péniblement elle avança. Un pas après l'autre. Ne désirant qu'une chose: retrouver David.

Mais était-il seulement encore en vie..?