Chapitre 5

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Bien après, 

Depuis quelques temps, j'avais de plus en plus plaisir à me rendre sur mon lieu de travail. Pourtant rien en soi n'avait changé. Je travaillais toujours au même poste, et au même endroit, ainsi dans le même domaine : la photographie et le graphisme. Et pour cause, la source de ma bonne humeur journalière et matinale n'était pas due au cadre et aux circonstances dans lesquels je faisais mon métier, mais due à mes relations sociales. 

Depuis quelques semaines maintenant, une femme au bureau avait attiré mon regard. Une jolie femme souriante, mince avec des cheveux blonds mi-longs et des yeux noisette en amande. Elle m'avait accueilli un jour, tout sourire. Puis j'eus pris l'habitude de voir ce sourire chaque matin, un gobelet de café brûlant entre les doigts. Un jour même, nous avions discuté. Puis ces conversations s'étaient répétées pour être accompagnées de rires. J'ai pu finalement mettre un nom sur ce visage chaleureux : Madeleine. Un prénom tout autant mignon que sa détentrice. J'avais réussi à lui donner rendez-vous ce soir même, dans l'appartement. Bien sûr, pour mener mes plans à bien, je me devais de fournir quelques informations à mon colocataire :

« Qu'est-ce qui explique ce sourire d'imbécile ?, me lança-t-il lorsqu'il me vit approcher.
— Un rendez-vous nommé Madeleine.
— Où ça ? s'enquit-il.
— Dans l'appartement... et c'est pour ça que je te demanderais de partir pour ce soir. 
— Tu rigoles ? répliqua-t-il en donnant un coup sur sa cigarette pour en retirer le surplus de cendres. Pourquoi ?
— ... Tu sais très bien pourquoi, fais pas le malin.
— Ha ah..., rit-il avec un sourire en coin. Tu joues les timides ?
— Bref, m'écriai-je, je te file vingt euros et tu passes la nuit dans le premier hôtel venu, d'accord ?
— C'est d'accord» répondit-il en lâchant un soupir. 

Je sortis alors un billet bleu de mon manteau et lui tendis. Il l'attrapa entre son index et le majeur et le fourra dans la poche de son jean. 

« Et toi ? me risquai-je, tu n'as pas pensé à rencontrer quelqu'un ?
— Hum ? 
— Oui, tu sais, avec des mots, des conversations et tout ça... ?
— Je suis pas illettré connard, je sais ce que c'est qu'une conversation.
— Bah tu vois ! tu as tout le potentiel requis. Tu ne vas tout de même pas rester allongé sur le canapé et laisser filer les trentaines d'opportunités qui passent.
— En ce qui me concerne..., laissa-t-il en suspens tandis qu'il écrasait encore sa clope et s'en rallumait une autre par la suite.
— Oui... ?
— Je préfère le tabac, répondit-il en lâchant dans l'air la fumée grisâtre. 
— Comment ça ? m'enquis-je, déconcerté.
— La nicotine est mon plan cul si tu veux tout savoir, dit-il en ricanant et mimant des gestes obscènes avec cette dernière.
— T'es vraiment barré, tu le sais ça ? m'exclamai-je en déguerpissant de la pièce. 
— Où tu vas ? m'appela-t-il.
— J'ai besoin de faire les courses pour le repas de ce soir ! » lui criai-je depuis l'entrée. 

O ~ O ~ O

Je rentrai à la maison, avec dans mes poches toutes les victuailles nécessaires pour faire la parfaite impression. À vrai dire, le repas prévu avait été fait et conservé peu avant et ne manquait à l'appel que la pâtisserie qui viendrait clore celui-ci. Je montai tant bien que mal les marches de l'immeuble, le passage étant entravé par mes provisions. 

Après avoir tout installé ou rangé dans la cuisine, je me mis en quête de suivre la recette que je m'étais mis de côté. J'avais choisi pour accueillir mon invitée comme il se doit un dessert typiquement français : un éclair au café. Alors que je m'apprêtais à mettre la main à la pâte, un outils de cuisine me manqua. Alors je questionnai Antoine. Celui-ci, fidèle à lui-même, me répondit par un « Je ne sais pas » dénué de tout intérêt. Je n'aurais pas dû m'attendre à grand-chose dans son état.

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