L'antilope

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La vie d'Adèle Cresta était plutôt ordinaire. Sa mère, Pauline Ayrault, était une femme sublime. Elle avait des cheveux châtains coupés très courts à la garçonne, de longues jambes et de magnifiques yeux  gris très clairs frangés de longs cils noirs. Elle avait la quarantaine mais on lui aurait à peine donné 35 ans. Thomas Cresta, son père, lui avait transmis sa peau mate, qu'il tenait de sa mère espagnole. La malheureuse était morte à la naissance de son fils, son conjoint s'était remarié avec une afro-américaine et avait eu un deuxième fils, Hugh. Adèle adorait son oncle. Il lui avait offert une petite chatte égyptienne au pelage noir bleuté et aux envoûtants yeux jaunes. Elle l'avait prénommé Bastet, en référence à la déesse. Son oncle lui racontait souvent des histoires sur la mythologie égyptienne avec ses divinités mi-humaines mi-animales. 

La jeune fille adorait lire.. Dans sa chambre elle avait une grande bibliothèque remplie de lires divers et variés.

Sa meilleure amie, Emma Lebotier était une petite rousse un peu rondelette, passionnée d'art en tout genre. Elle n'aimait pas vraiment lire et ne comprenait l'engouement de son amie pour la lecture. Elle s'habillait avec des jeans pleins de taches de peinture et de citations écrites au marqueur indélébile noir. Ses parents étaient plutôt riches car sa mère était l'héritière fortunée d'une entreprise de cosmétiques de luxe. Cloé Lebotier était constamment habillée en tailleur Channel, avec un collier de perles et des escarpins à haut talons. Elle semblait avoir son téléphone greffé à l'oreille et sa mallette en cuir noir scotchée à la main. Adèle quand à elle avait la peau mate et la crinière noire et bouclée de son père et les longues jambes et les beaux yeux de sa mère.

Ce matin, Adèle finit sa nuit dans le bus. C'était un mercredi et oncle Hugh venait manger à la maison pour midi. En arrivant elle rejoignit Emma et les deux filles papotèrent jusqu'à la sonnerie. Le cours de première était un cours d'histoire. Elles détestaient ce cours. Pendant que le professeur débitait sa leçon d'un voie soporifique, Emma sortit un dessin et Adèle alluma son téléphone en le dissimulant sous la table. Elle envoya un SMS à son oncle. 

Pfff... Je m'ennuie.

Tu serais pas en cours par hasard ? 

Hugh avait à peine trente ans, il adorait sa nièce. Pour tout dire, il la connaissait par cœur.

Laisse moi réfléchir... :P

De l'histoire ? XD

Comment t'as deviné ? 

J'ai hâte d'être tout-à-l'heure, j'ai deux surprises à te faire !  

L'heure de cours passa très vite et elles enchaînèrent sur de l'anglais, une matière qu'Adèle adorait. 

Enfin, la pause arriva. Elles sortirent dans le froid mordant ; la cour était déserte. Un vent glacial balayait l'air. Une légère odeur de beignet s'échappait de la cantine. Emma était encore en train de discourir sur la "sexitude" de Hugh. Avec sa peau caramel, sa silhouette mince et musclée, ses cheveux tressés de perles et ses yeux noirs, Adèle ne pouvait pas nier qu'il avait du charisme.

"Emma, soupira Adèle, tu es au courant qu'il a 15 ans de plus que toi ?

- Laisse moi rêver ! protesta son amie d'un ton joyeux.

C'est là qu'elle vit une antilope. 

Elle avait un pelage qui rappelait la couleur des cheveux d'Emma, de longues cornes torsadées et les yeux cerclés de noir. Adèle se figea, les yeux exorbités. Une antilope. Au coin d'une rue parisienne. C'était invraisemblable, et même impossible ! Le temps qu'elle réalise, l'animal avait détalé sur ses pattes fines. La jeune fille se tourna vers son amie : 

"- Tu l'as vue ? demanda-t-elle vivement.

- Vue quoi ? répondit Emma, perplexe. 

- Nan, rien. " 

Adèle ne comprenait pas. Avait-elle rêvé ? C'était l'option la plus probable. Les antilopes ne vivent pas aux alentours des lycées parisiens... Quand Adèle rentra, Hugh l'attendait à la porte, souriant. 

MétamorphesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant