Dark Secrets {Drago Malefoy}

Chapitre 3

« Bonjour à tous !
— Bonjour... répondirent d'une seule voix - désabusée - les élèves au professeur Slughorn.
— Je suis heureux d'être votre nouveau professeur de Potion.  Je présume que vous connaissez déjà tous mon nom et que vous êtes, comme moi, impatients de commencez.  Alors, commençons ! »
Les élèves se lancèrent entre eux des regards suspicieux.  Cet homme ne devait jamais avoir donné cours de sa vie pour croire qu'ils étaient là par motivation.  Ou alors était-ce il y a très longtemps...
« Est-ce que quelqu'un pourrait me dire... »
Tous les yeux se tournèrent vers la porte de la salle de classe qui venait de s'ouvrir à la volée.  Entrèrent dans la pièce le tristement célèbre Harry Potter, ainsi que son ami, Ronald Weasley.  Aerin, qui se tenait droite que un coin de la pièce, ne leur prêta pas beaucoup d'attention.  Ce n'était pas le cas du professeur Slughorn, dont le visage s'illumina.
« Excusez-nous de notre retard, professeur...
— Il n'y a pas de problème, voyons !   Venez, venez !  Prenez votre livre, et rejoignez-nous ! »
Pendant que Potter débitait on ne sait quelle excuse, Aerin sentit un regard se poser sur elle.  Celui de Drago Malefoy qui l'épiait du coin de l'œil.  Elle rougit et fit comme si elle ne l'avait pas remarqué et était concentrée sur ce qu'expliquait Hermione Granger à propos des différentes potions dispersées sur la table.
« Je crois que quelqu'un te fait de l'oeil, marmonna Rosamund. »
Aerin esquissa un mouvement d'épaule, comme pour chasser la présence dérangeante de sa sœur.
« N'importe quoi. »
Effectivement, Rosie se trompait.  Les yeux de Malefoy semblaient plutôt s'être perdus dans la direction d'Aerin que la regarder.  De toute manière, l'attention du jeune homme n'allait pas tarder à être absorbée par le discours de Slughorn.  Alors que son intérêt pour le cours de potion doublait, triplait devant la description du felix felicis, il se trouva être à son tour épié par Aerin et Rosamund qui n'accordaient désormais plus aucune importance aux potions.

***

Il avait beau les retenir entre ses doigts, Drago n'arrivait pas à découper ces fichues baies.  Ou était-ce des haricots ?  Autour de lui, tout le monde s'affairait.  La récompense qu'offrait Slughorn pour leur potion de Mort Vivant était alléchante, mais encore aurait-il fallu arriver à la faire !  La préparation de Malefoy était catastrophique, tout comme celle de Crabbe, de Goyle, et de chaque élève dans cette pièce.  C'en était trop, il abandonnait !
Il laissa négligemment son couteau tomber sur la table et croisa les bras.  Sur son plan de travail, le défiant, gisait la baie ou le haricot qu'il devait vider de son jus.  Sale petite chose !  En se faisant la promesse que plus jamais il n'aurait affaire à quelque chose de pareil, il se passa une main sur le front.  À l'autre bout de la même table, Aerin se démenait elle aussi avec sa recette.  Sa potion - qui aurait dû être d'un vert bouteille répugnant, d'après le livre - était orange et faisait même de petites bulles.
« J'ai du me tromper quelque part... grommela-t-elle en relisant les consignes.
— Probablement, oui ! s'exclama Rosamund, penchée sur la préparation d'Aerin.
—Pas maintenant, Rosie.
— Tu es sûre que tu ne t'es pas trompée de page ?
— Je ne suis pas idiote non plus ! »
Le ton avait haussé, attirant les regards interrogateurs de plusieurs camarades.  Ceci dit, elle vérifia tout de même les numéros de page, mais cela ne fit que la conforter dans l'idée qu'elle avait commis une erreur car il s'agissait là de la bonne recette.
« Les potions, ça n'a jamais été ton fort.
— Parce que c'était le tien, peut-être ?
— Non, moi je préférais la Défense Contre les Forces du Mal. »
Aerin haussa un sourcil, puis détourna les yeux et souffla :
« C'est que tu n'écoutais pas bien en classe. »
Les joues de Rosamund prirent feu et elle jeta un regard de braise à sa sœur.  Celle-ci pâlit, mais ne mit pas longtemps à se ressaisir.
« De toute manière, ce n'est pas comme si quelqu'un écoutait vraiment ce qui se raconte en cours, tenta-t-elle vainement de se rattraper.
— Apparemment si, rétorqua Rosie en pointant du doigt Slughorn qui, de l'autre côté de la pièce, félicitait bruyamment Harry Potter.  Il a réussi, lui. »

***

Pendant que le reste des élèves regardaient Potter se faire remettre la fiole de chance liquide par le maître des potions, Drago rassemblait ses affaires.
Je m'en fiche, pensait-il, de toute façon je n'en ai pas besoin.
Il quitta la pièce en même temps que les autres Serpentards en direction de la classe de Sortilège.  Accompagné de Crabbe et Goyle, il gravit les escaliers quatre à quatre avant de se rendre compte qu'il avait oublié son livre à côté du chaudron.  Il grogna et fit signe à ses acolyte de faire demi-tour.  Ils traversèrent le couloir à la hâte.  Malefoy tentait de faire abstraction de Crabbe qui ne cessait de lui répéter qu'ils allaient être en retard, et allait même lui dire de se taire lorsqu'il frappa quelqu'un de plein fouet.  Une pluie de livre et une douleur fulgurante à l'épaule résultèrent de cette collision.
« Tu pouvais pas faire attention, évidemment, l'accabla la jeune fille.
— Jones ? »
Aerin ne répondit pas.  Elle s'était abaissée pour ramasser ses affaire, laissant voir à Malefoy uniquement sa tignasse noire qui partait dans tous les sens.  Poussé par un élan de compassion, il était prêt à l'aider à rassembler ses livres mais Goyle lui rappela qu'il avait son propre manuel à aller chercher.  Alors il balbutia de brèves excuses et se sauva.
« C'est vrai qu'il est pas mal, hein, annonça Rosie.
— Tout le monde s'en fout, répondit Aerin.
— Non, tu t'en fous.  Qui d'autre pourrait entendre ?
— Ça fait de moi la majorité de ton auditoire et je m'en fous. »
De son côté, dès que Drago se fut assez éloigné de Jones, Goyle lui attrapa le bras et lui confia :
« Malefoy, tu devrais éviter de parler avec cette fille.  Tu ne te rends pas compte de ce que les gens vont dire.  Elle est complètement folle !  Peut-être même dangereuse... ajouta-t-il pensif.
— Mais de quoi tu parles ?
— Enfin, tout le monde sait qu'elle est bizarre.  Elle parle toute seule, et on dit qu'elle entend des
voix.
— Bien sûr...  Bon, si ça ne te dérange pas, on pourrait y aller ?
— C'est vrai, intervint Crabbe.  Depuis que sa sœur est morte, elle est devenue vraiment étrange. »