Les applaudissements retentirent. Une nouvelle élève dans la grande famille des Serpentards. Aerin, appuyée sur ses coudes, regardait la petite fille s'approcher d'un pas hésitant vers la table. Autour d'elle, les élèves s'agitaient et tapaient des mains. Elle suivait du regard la fillette qui avançait timidement, les joues rosies par l'embarras, dont les courts cheveux noirs - un petit peu plus longs que les siens - étaient rejetés derrière ses oreilles par un serre-tête gris et dont les yeux d'une couleur étrange vagabondaient de droite à gauche, de haut en bas et en travers, comme si elle ne voulait pas manquer un seul détail de cette scène mémorable.
« Comment elle s'appelle? se hasarda à demander la spectatrice à son voisin de table.
— Aerin Jones. »
Aerin, en sueur, ouvrit les yeux. Elle était dans le dortoir des filles de Serpentard, entourée d'autres adolescentes endormies. Doucement, elle se redressa, se ressaisit, enfila une robe de chambre et se rendit dans la Salle Commune pour admirer le fond du lac visible à travers le plafond vitré. Elle s'allongea sur un divan et riva ses yeux vers l'eau verte foncée dont une créature ou l'autre venait de temps en temps troubler la tranquillité. C'était un spectacle qui avait le don de la rassurer.
« Tu as fait un rêve?
— Oui.
— Que s'y passait-il?
— C'était mon premier jour à Poudlard. Le jour de la Répartition. »
Rosamund était installé dans un fauteuil près de l'âtre. Elle se rapprocha de Aerin et lui dit.
« Tu devrais dormir.
—Je n'ai plus sommeil.
— Alors... tu pourrais lire la lettre? »
Aerin soupira. Elle n'avait pas la moindre envie de débattre de cette fichue lettre.
« Si tu me la lis maintenant, tu n'auras plus à le faire. Je veux vraiment savoir ce qu'elle dit.
— C'est bien pour toi que je le fais. »
Elle se leva et s'en alla chercher la missive dissimulée sous son matelas. Quand elle revint au salon, Rosie avait quitté son fauteuil pour s'assoir sur le divan. Aerin la rejoint et entama sa lecture.
« Ma chère Aerin,
je suis de tout cœur avec toi en ce jour de rentrée des classe, bla-bla-bla... »
Rosamund émit une longue plainte.
« Passe directement à la partie qui nous intéresse.
— ...l'état de ta mère ne s'améliore pas. Les médecins disent qu'il lui reste un an, peut-être deux. Mais je ne voudrais pas t'inquiéter, d'autant que ce retour à Poudard ne doit pas être facile pour toi. Concentre-toi sur tes études, c'est tout ce que ta mère souhaite...
— Ah! s'exclama Rosie, je l'attendais celle-là! Tu sais aussi bien que moi que maman n'en a jamais rien eu à faire de nos résultats scolaire.
— Tu me laisses continuer, oui ou non?
— Très bien, très bien... »
Aerin souffla avant de reprendre sa lecture là où elle s'était arrêtée.
« ... tout ce que ta mère souhaite. Je suis aussi attristé de t'annoncer que tu ne pourras malheureusement pas rentrer à la maison durant les vacances de Noël, ta mère étant à Sainte Mangouste et moi, en voyage d'affaire. De plus, avec les temps qui courent, je suis persuadé que tu seras plus en sécurité à Poudlard qu'ailleurs. Au plaisir de te revoir, papa.
— En voilà une nouvelle. »
Aerin ne releva pas la remarque de sa sœur, ni le fait que rares étaient les parents qui considéraient encore Poudlard comme un lieu sûr et se contenta de fixer la lettre avec une mine déçue. C'était peut-être aussi bien comme ça. Certes, sa mère était toujours en vie, ce qui était plutôt une bonne nouvelle. Les estimations des médecins, que vous trouviez sans doute tragiques, la soulageait. Elle qui était persuadée de se retrouver orpheline dans les semaines qui suivaient.
« On dirait que pour Noël, nous seront toutes les deux. Seules...
— Nous sommes seules chaque jour de l'année, Rosie. »***
Si Drago Malefoy se promenait dans le château, ce n'était pas dans l'intention de se rendre à un endroit précis. C'était parce qu'il avait besoin de s'évader de la tension dont la Salle Commune était chargée. Passée la joie des retrouvailles, les élèves de Serpentards n'avaient pas mit longtemps à se rappeler que l'heure était moins à la fête qu'au désespoir. Le Seigneur des Ténèbres de retour, l'arrestation de son père, toutes les agressions de moldus qui faisaient la une de la Gazette du Sorcier, la fermeture de la plupart des boutiques du Chemin de Traverse, la disparition de certains sorciers, étaient sur toutes les lèvres. On ne parlait que de ça dans les sous-sols de Poudlard et il n'en pouvait plus, si bien que cela ferait bientôt trois, peut-être quatre heures qu'il errait comme une âme en peine dans le château, le visage livide et les mains tremblantes. Lorsqu'il s'approcha d'une fenêtre, il jeta un regard par celle-ci et riva ses yeux sur l'un des aurores engagés par l'école pour protéger les élèves d'une éventuelle attaque. Les jours, semaines, mois à venir s'annonçaient éprouvants, surtout pour lui. Le simple fait de passer les portes de l'école avait été pour Drago une rude épreuve, sans parler d'affronter les regards pesants de ses camarades de classe. L'arrestation de son père avait fait du bruit, s'il ne passait déjà pas inaperçu auparavant, il lui faudrait se faire plus discret.
Pendant qu'il scrutait le paysage, il perçut les premiers rayons du soleil filtrer entre les collines qui entouraient Poudlard. À contrecœur, il se sépara de la fenêtre et regagna la Salle Commune des Serpentards afin de se préparer. Il y trouva la moitié des élèves encore endormis. Évidemment, les cours ne commençaient pas avant plusieurs heures. Il attendit, allongé dans son lit, et lorsqu'il entendit les premiers élèves remuer dans leurs draps, utiliser les salles de bain ou faire du bruit dans la Salle Commune, il réveilla Crabbe et Goyle qui se retournèrent sous leurs couvertures en grognant et sorti ses livres de son sac. Il attrapa d'un geste de la main son emploi du temps qui gisait sur sa table de chevet, y jeta un œil avant de le fourrer dans sa poche et de s'en aller le cœur battant.
En émergeant des cachots, il refusa à ses acolytes de passer par la Grande Salle, déclarant qu'il n'avait pas faim. Ceci n'était pas la cas des deux garçons qui décidèrent de se séparer de Malefoy et d'aller prendre leur petit déjeuner à deux. Leur absence ne gênait pas Drago plus que cela. Il lui restait encore une bonne heure avant de devoir se rendre en cours. Il comptait bien mettre ce temps à profit. Mécaniquement, il desserra le col de sa chemise, jeta un furtif regard autour de lui pour s'assurer que personne ne regardait dans sa direction. Direction le septième étage.
Il s'engagea dans les escalier d'un pas hésitant. Mais à peine son pied était-il posé sur la première d'une longue série de marches, il se rétracta.
Pas maintenant, pensa-t-il, non, pas maintenant...
En une fraction de secondes, il se retourna et se précipita vers les cachots, partie du château qu'il connaissait le mieux, pour fuir quoi que ce fut qui l'attendait là-bas en haut. Sa montre lui indiquait qu'il lui restait pas mal de temps à tuer avant que le premier cours ne débute. Alors il prit une grande inspiration, remit son sac en place sur son épaule, enfonça ses mains dans ses poches et se dirigea vers le local de potion.***
Le premier jour de cours, il règne toujours à Poudlard une atmosphère emplie de gaieté et de bonne humeur. Les amis qui n'ont pas eut l'occasion de se retrouver la veille se racontent leur été, se disent à quel point ils sont contents de se revoir... Ce qui n'était guère du goût d'Aerin qui, elle, se contentait de traverser les couloir avec pour seule compagnie la voix de Rosamund, refusant de la quitter, qui lui donnait son avis sur tout et n'importe quoi. Les gens ne s'écartant jamais sur son passage, elle dût jouer des coudes pour rejoindre les cachots. Etant donné qu'elle déjeunait toujours avant que le flot des élèves ne débarque dans la Grande Salle, elle se trouvait être fort en avance. Il n'y avait personne dans le local de Potion qui, d'ailleurs, était fermé à clé.
Elle s'appuya à un mur et se laissa glisser le long de celui-ci. Il n'y avait pas un chat errant dans les couloirs, pas un bruit retentissant dans les longues galeries du château. Si bien que celui de sa main extirpant son livre de son sac à bandoulière lui parut résonner avec une telle force qu'on aurait put l'entendre jusqu'à l'étage au-dessus. Alors lorsque des bruits de pas frappèrent le sol, elle ne put les manquer. Elle leva la tête pour apercevoir la silhouette élancée de Drago Malefoy émerger d'un couloir et disparaître dans un autre, sans se rendre compte de sa présence. Aerin décida de l'ignorer, de lire son livre en ne demandant rien à personne et aurait très bien put se tenir à cette résolution si le garçon n'était pas réapparu, quelques minutes plus tard.
« Salut, lui lança-t-il d'une voix plus polie que chalaureuse. »
Elle leva les yeux, surprise.
« Bonjour. »
Le ton de sa voix était froid et dur. Il s'adossa au mur en face d'elle et la dévisagea. Pour deux raisons : il n'avait rien d'autre à faire et la jeune fille qui se tenait en face de lui était des plus étonnantes. Elle était grande et n'avait que la peau sur les os. À tel points que lorsqu'elle tournait les page du livre dans lequel elle était plongée, il voyait les articulations de sa main se bousculer. Ses cheveux étaient d'un noir de jais, coupés courts et ébouriffés comme ceux d'un garçon, lui tombaient sur le front. Mais le plus surprenant était sans conteste la couleur de ses yeux. Ils étaient violets, ce qui est étrange, mais d'un violet qu'il lui semblait n'avoir jamais vu, ce qui l'est encore plus. Lui qui n'était pourtant pas locace, et qui quelques secondes avant avait envie de tout sauf d'adresser la parole à quelqu'un, s'entendit lui lancer :
« Comment tu t'appelles ? »
Surprise et légèrement agacée, Aerin soupira. Elle ne connaissait Malefoy que de réputation et était la dernière personne à qui elle voulait parler. En règle générale, elle préférait qu'on la dérangeât pas lorsqu'elle était dans sa bulle, ce qui tombait bien car personne ne si risquait jamais. Excepté Rosie.
« Aerin. AerinJones. »
Les deux jeunes gens retombèrent l'un dans ses pensées, l'autre dans sa lecture et restèrent ainsi jusqu'à ce que d'autres élèves de ne les rejoignent.
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Dark Secrets {Drago Malefoy}
FanficSi vous vous mettiez à scruter le visage de chaque élève de Poudlard, vous remarqueriez qu'il y en a un qui se démarque des autres. Celui d'une jeune fille, Aerin Jones. Depuis la mort de sa sœur, Aerin vit un petit peu recluse, ne se mêle pas b...