Chapitre 8

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« Salut ! »
Aerin sursauta et porta sa main à son cœur.
« Tu m'as fait peur ! »
Le garçon sourit timidement.  Elle remarqua une série de grains de beauté dispersés sur son visage et dans son cou.  Ses cheveux bouclés retombaient sur son front légèrement luisant, laissant penser qu'il avait dû autant transpirer qu'elle dans cette salle surchauffée.  Elle lui répondit par un bref pincement de lèvres, pour elle synonyme de sourire, avant qu'un silence gênant ne retombe sur les deux jeunes gens.
« Tu t'appelles Aerin, je me trompe ? lui demanda-t-il après un long mutisme.
— Oui. »
Elle n'osait pas lui avouer qu'elle ne connaissait pas le sien, de nom, alors se contenta de se taire et de se concentrer sur sa respiration.  Elle détestait parler à des inconnus, cela lui faisait toujours perdre tous ses moyens et lui faisait dire des choses incohérentes qu'elle finissait immanquablement par regretter.
« Je m'appelle Merlin.  Merlin Adams, lui dit-il en lui tendant la main, comme s'il avait lu dans ses pensées. »
Elle la prit, sans pouvoir retenir une expression amusée de prendre l'emprise sur son visage.
« Merlin ?
— Mes parents ont le sens de l'humour... répliqua-t-il.  C'est tout une histoire...
— Très bien, convint Aerin en lâchant sa main. »
Merlin lui sourit se mit à avancer d'un pas lent, incitant Aerin à le suivre.
« De quelle maison es-tu ? lui demanda-t-il.
— Serpentard, pourquoi ? »
Elle scruta son visage, à la recherche d'un signe de crispation ou de malaise, comme il y en avait souvent sur ceux des élèves des autres Maisons - s'il avait été de Serpentard, elle l'aurait reconnu - mais il réussit à contenir son dégout, sa méfiance ou n'importe quelle autre réaction qu'il aurait démontrée s'il avait été plus maladroit. Incapable de deviner à quoi il pensait, Aerin baissa les yeux et fixa ses pieds.  Elle n'aimait pas avouer aux gens qu'elle venait de Serpentard, car la Maison était très mal vue ces derniers temps.  Par ailleurs, elle restait mitigée face à cette manie de ranger les gens dans des cases en fonction du caractère qu'ils sont supposés avoir.  Mais elle faisait avec en se disant que dans quelques années, plus personne n'accorderait d'importance à sa Maison.
« Pour savoir jusqu'où je peux t'accompagner. »
Le visage d'Aerin se contracta.  Intérieurement, elle s'affolait, comme si une alarme s'était mise en route et criait d'une voix stridente qu'elle entrait dans une zone de danger.  Que faire ?  Que penser ?  Etait-ce de la politesse ?  Avait-il vraiment envie de l'accompagner ?  Devait-elle refuser ?  Devait-elle sourire ?  Dire merci ?  Pourquoi s'amusait-il à la tourmenter, ne pouvait-il pas continuer sa route seul et la laisser dans ses pensées, où elle se sentait si bien ?  Son cœur s'emballait, elle ne rêvait que d'une chose : échapper à cette conversation.  Elle déglutit.  En même temps, elle ne voulait pas la voir s'arrêter.  Il était agréable et plutôt flatteur d'échanger ne fusse que des banalités avec quelqu'un quand tout le monde autours d'elle l'évitait.  Ses joues avaient rougi et ses mains étaient devenues moites.  Elle décida de se demander ce qu'aurait fait, dit Rosamund à sa place, la personne la plus sociable qu'elle connaisse.  Non, se dit-elle, Rosie aurait probablement essayé de l'aguicher.  Qu'aurait fait Rosie s'il avait été une fille ?  En faisant abstraction du fait que cela n'aurait nullement éloigné sa sœur de son projet initial, Aerin leva le regard vers Merlin et lui demanda d'une voix hésitante :
« Et toi, dans quelle Maison es-tu ? »
Merlin avait lui aussi baissé les yeux et continué d'avancer sans dire un mot, les joues un peu roses.  Surpris, il lui fallut quelques secondes pour répondre.
« Moi ?  Serdaigle.
— Ah. »
Immédiatement, elle regretta cette réponse qui sous-entendait une déception qu'elle ne ressentait pas.  Alors elle secoua la tête, et pour se racheter ajouta :
« C'est bien.  C'est mieux que Serpentard, je suppose... »
Alors qu'une envie de mourir étouffée par les tentacules d'un strangulo commençait à germer au plus profond de l'esprit d'Aerin, Merlin haussa les sourcils.
« Si tu le dis. »
Les mains dans les poches, ils continuèrent d'avancer, en silence.  Une fois qu'ils furent arrivés devant l'escalier qui permettait de sortir des cachots, Aerin s'arrêta.
« Je crois que c'est ici que nos chemins se séparent, déclara-t-elle d'une voix peu assurée.
— Oh... »
Des sourires gênés se dessinèrent sur leurs visages.  Aerin se gratta l'arrière du crâne puis regarda autour d'elle.
« J'ai été ravi de te rencontrer, lui dit alors Merlin, de manière trop brusque pour être naturelle, mais si avait su lire les regards, elle aurait deviné de la sincérité dans le sien.
— Moi aussi. »

Dark Secrets {Drago Malefoy}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant