Chapitre 5

25 2 0
                                    

Je me répétais la même scène depuis une semaine : Kim qui boit un verre contenant un liquide transparent douteux, juste sous mes yeux. Après cet incident, j'ai comme me l'avais recommandé mon amie parlé avec ma grande sœur, mais elle n'a cessé de me reprocher mon manque de confiance envers elle. Puis les jours ont passés, mais elle continuait de me provoquer. Tantôt par de petites piques bien placés, parfois par des regards ambiguës. Une foutue semaine où j'ai tenté d'analyser objectivement les évènements. Mais j'ai continué de répondre aux personnes qui me posaient la question ultime, à savoir si Kim allait bien, qu'il ne fallait pas s'en faire. Le bénéfice du doute restait encré dans mon esprit, et évasait tout le reste.

J'en avait, évidemment, parlé avec mon mari, qui était du même avis qu'Eileen : il fallait savoir pour comprendre comment l'aider. Il m'a proposer de passer chez elle, d'en discuter, car ça ne pouvait pas continuer comme ça.

- Je suis sur qu'elle t'écoutera si tu lui parle calmement, a-t-il renchérit.

Personnellement, je n'étais sur de rien du tout, à part que cela ne pouvais plus durer. L'après midi même, je me suis rendue chez ma sœur. Le ventre noué, j'ai toqué à sa porte, priant pour qu'elle ouvre et en même temps qu'elle n'ouvre jamais. La porte s'est ouverte légèrement, et j'ai aperçue Kim dans l'entrebâillement. Son visage hagard et blafard m'a horrifié un premier temps, puis je l'ai lu dans ses yeux. La souffrance. La douleur. Elle m'a laissé rentrer sans un mot, et m'a laisser poser mon regard sur une bouteille pratiquement vide. Du Pinard. Je me suis retourner d'un bloc.

- Tu as eu de la visite ?

Elle n'a rien répondu, son regard m'implorant de ne pas en parler. Pourtant c'est pour ça que je suis là.

- Kim, parles-moi. Je t'en pries...

Encore une fois, elle a détourner le regard pour éviter de croiser le mien. Elle a ranger la bouteille dans son frigo, toujours dans un silence de plomb. Je la sentais au bord des larmes.

- Tu sais que je ne te juge pas, ai-je rajouter.

Ce fut la phrase de trop. Son regard a changé du tout au tout, une colère sans nom luisait maintenant dans ses yeux châtains.

- Pourquoi tu ne me laisse pas vivre ma vie comme je le veux ? Je vais très bien !

- Ce n'est pas une vie.

Kim s'est rapproché pour me défier du regard, et a crié :

- Qui es-tu pour en juger ? Tu n'es pas ma mère !

Encore et toujours les même paroles, les même mots que les années précédentes ; des souvenirs similaires me revenaient par dizaines. Des souvenirs que j'aurais préféré oublier une bonne fois pour toute.

Fière de sa réplique, elle s'est servie un verre. Elle te provoque, reste calme.

- Un verre de temps en temps, je ne vois pas le mal, a-t-elle dit d'une voix légère. Ce que personne ne comprend, pas même mes mômes.

Ma sœur a eu quatre enfants : Chad, Whitney, Brooke et Kimberley, qui après un repas de famille très houleux -où le sujet de la dépendance à l'alcool avait été remis sur le tapis- , avaient cesser de prendre contact avec leur mère.

Elle s'est relevé, s'est planté devant moi, et a continuer :

- It's just me, myself and I. Understand ? Tu n'as aucun contrôle, et sa te fais peur, pas vrai ?

Je suis terrifié pour toi Kim. Est-ce qu'un jour tu prendras ça en considération dans ta façon d'agir ?

- C'est une question de confiance, repris-t-elle avec éloquence, si tant est qu'on oubli l'alcool qui se ressentait dans ses paroles. Et le problème, c'est que tu ne sais pas me faire confiance. C'est pourquoi Kathy est partie.

Elle m'en voulait pour le départ de Kathy. Elle m'en voulait pour une chose que je n'avait pu contrôler.

Tout file entre mes doigts. Est-ce qu'un jour tu t'en rendras compte ?

- Et cette vie-là te plais ? ai-je demandé rageusement.

- Oui, a-t-elle répliqué d'un ton orgueilleux.

Ma sœur avait deux facettes quand elle buvait : triste et dépressive, puis agressive et fière. Deux faces qui se battaient sans relâche, et qui au paroxysme de leur combat pouvaient tout détruire sur leur passage. En premier lieu Kim. Sa main s'est mise a trembler, et le verre qu'elle tenait s'est brisé sur le sol. Surprise, je me suis reculée.

- Je veux que tu parte ! a-t-elle hurlé en faisant de grand gestes.

Plusieurs émotions confuses passaient les unes après les autres dans son regard : d'abord la peur, l'angoisse, la colère, la rage. J'essaya de la calmer de ses vieux démons en l'empoignant par le bras, pour éviter qu'elle ne se blesse ou qu'elle ne balance quoi que se soit qui se trouve a sa portée.

- Kim, écoute-moi s'il te plait !

- DEGAGE !!!

Elle s'est libérée malgré tout mes efforts et m'a poussé vers l'entrée, des larmes pleins les yeux. Elle a ouvert la porte, et m'a jeter dehors avec toute la force qui lui restait. Je suis resté un moment bouche bée, impuissante à la scène que je venais d'assister. Seule sur le pavillon, je me suis finalement écroulé, le dos collé à la porte. J'entendais des cris, des hurlements, puis une respiration saccadé. J'ai frappé au portillon, mais il m'était impossible d'entrée car elle l'avait verrouillé. Quelques minutes se sont écoulées avant que j'entende des pas s'éloigner du hall. Je n'arrivais pas à retenir mes sanglots. Ces visions d'horreur me faisaient mal, autant que la réalité. Et que la culpabilité de n'être peut-être arrivé que trop tard.

Tout est de ma faute. Je n'ai pas réussis à retenir Kathy. Je n'ai pas su voir que Kim allait mal. Qu'elle sœur je fais.

Je me suis relever bien plus tard, lorsque la lumière du jour commençais à faiblir, avec l'intime conviction que tout n'était pas encore perdue. Je ne sais pas si c'était un coup de folie ou de raison. Mais je rappellerais Kathy. Je protègerais ma sœur des réflexions des autres, et je la persuaderais de me laisser l'aider. Car c'était un cercle vicieux qu'on connaissait malheureusement trop bien, et qui ne devait pas se reproduire.   

Let me help youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant