Let me help you

Chapitre 15

Discuter de chosesinnocentes, un verre de citronnade à la main, les cheveux au vent :je mourrais si j'admettais que cela m'avait manqué. Le douxtimbre de voix de mon amie me berçait les tympans, pendant qu'elleme parlait de ses filles Bella et Gigi Hadid, mannequins pour degrandes marques de mode et de cosmétique. Oui, ça m'a manqué. Cesont des choses simples et anodines, mais c'est justement ce qui meplaît

Kim aussi me manquait.Ce vide avait été anesthésié par ma rage contre Kathy, etmaintenant qu'elle s'était dissipée, ce manque était comme uneblessure à vif. J'ai fais part de mes sentiments à Yolanda, quim'a confié s'en vouloir pour ma sœur et ma demi-sœur. Étonné,je l'ai rassuré en lui disant qu'elle n'y était pour rien. Jevoyais qu'elle voulais m'aider, mais seul moi pouvais me sortirde cette situation. Avec Kim. Surtout Kim.

Elle m'a demandé sije reprenais le show : non, lui ai-je répondu. Je veux melaisser du temps, reprendre mes aller-retours à l'hôpital et dansma boutique.

Il faut que tu prenne soin de toi, a-t-elle approuvé.

J'étaisd'accord avec Yolanda. Me tuer à petit feu ne servait à rien, ilfaut avancer. Ou du moins essayer. Mon visage s'animait un peu plusau fil de la conversation, ce que mon amie vue comme un signepositif. Je lui ai sourit, et j'ai finit mon verre.

Merci d'être passé Kyle, et rétablis-toi bien. Si tu as du nouveau sur Kim...

Tu peux aller la voir dans sa chambre, l'ai-je coupé.

Elleeu un mouvement de recul, puis elle a commencé, hésitante :

Je ne sais pas, c'est réservé à la famille.

Tu faisais partie de sa famille, ai-je répliqué avec un clin d'œil.

C'étaitvrai, Kim l'appréciait énormément.

Okay. On prend ma voiture ?

Jesuis monté dans sa BMW, pensive. Cela me tombait dessus d'un coup,sans prévenir. Un moment avenante, l'autre renfermé. Une sorte debipolarité qui n'apparaissait que loin de chez moi depuisl'accident. Un signe de dépression nerveuse, avait dit monmédecin. Il m'avait d'ailleurs donné des antidépresseurs, maisj'ai refusé. Ces trucs shootaient trop, et la toxicomanie étaitla dernière solution vers laquelle je voulais me tourner. Dieumerci, mon changement brutale de comportement passa inaperçu auprèsde Yolanda, trop concentrée à conduire. Mais la nausée m'estmontée progressivement lorsque j'ai vu qu'on quittait Malibu etqu'on se rapprochait de Sunset Boulevard. Bien qu'on ne risquaitpas de la prendre car elle n'était ni la plus rapide ni la pluscourte pour se rendre à l'hôpital, j'avais toujours l'angoissequi montait lorsque quelqu'un d'autre que moi conduisait. Je nel'avais jamais réemprunter, et je n'étais pas sûr de pouvoirle faire aujourd'hui. Je crois que j'avais peur que maconductrice oublie que nos destins s'étaient sellés sur ce foutuboulevard.

Tu passes par Sunset ?

Ellem'a regardé avec un air étonné.

Non, bien sûr que non !

J'aisoufflé un peu, avant de me reconcentrer sur le paysage. La têteailleurs, je n'ai même pas remarqué qu'on arrivait sur leparking du Medical Center. J'avais toujours le cœur lourd, et manausée ne partait pas. Je suis restée dans le couloir, face à lavitre qui donnait sur sa chambre, laissant Yolanda avec ma sœur. Ungoût de tristesse s'est incrusté dans mon palet. On était le 19août. Dans un mois, se serait son anniversaire. J'espéraispouvoir le lui souhaiter de son vivant plutôt que dans le cimetière.Je me suis rappelée un dimanche passé sur la tombe de ma mère, ily a un an. Elle m'avait dit que maman était sans aucun doute plusfière de moi que d'elle. J'avais vivement contesté, lui disantque notre mère l'avait toujours aimé, autant que moi. Elle avaitrétorqué qu'elle n'était pas une aussi bonne personne que moi.Est-ce qu'elle buvait pour combler ce manque de confiance, pourattirer l'attention ? Est-ce qu'elle buvait pour paraîtresûr d'elle, pour que je la remarque ? « Être dansl'ombre de sa petite sœur, sa craint non ? » m'avaitdit Kathy le lendemain de ce dimanche. Je n'avais pas su de quoielle parlait, mais maintenant j'ai compris. J'ai compris que mademi-sœur rabaissait Kim. Bien sûr elle n'avait pas une opinionaussi atroce sur ma sœur à l'époque, mais disons que le clouétait déjà enfoncé.