Chapitre 13

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Les filles me regardaient avec des yeux inquiets, conscientes de mon état au bord du gouffre. Pourtant personne n'a parlé. Tout le monde m'avait remarqué, mais tout le monde s'est tu dans un premier temps.

- Est-ce que tout va bien, Kyle ? a demandé Erika après plusieurs minutes.

- Oui, ce n'est rien.

- On voit bien qu'il y a un problème, a insisté Lisa Rinna.

J'ai secoué la tête dans le but de les convaincre ; je ne pouvais pas savoir qu'une larme allait glissé le long de ma joue, révélant ma détresse.

- C'est la fatigue, c'est tout, ai-je argumenté.

Dubitative, Eileen a ouvert la bouche pour parler, mais devant mon regard suppliant elle s'est tue. Je me suis mordue la lèvre inférieure, cherchant à mettre de l'ordre dans mes idées.

- Combien de nuit n'en n'ont pas été ?

- J'ai arrêté de compté, ai-je avoué d'une petite voix.

Un silence s'est répondu autour des convives, chacune tentant de deviner ce qui ne tournait pas rond dans l'appel que je venais de recevoir. Elles devaient avoir beaucoup d'idées, mais seul moi détenais la vérité. Depuis le début. Alors j'ai tout déballé.

- Je vous ai entendu, dans le vol pour Hong Kong.

Des regards alarmés se sont croisés, et comme personne ne se décidait à développer, j'ai poursuivis.

- C'est gentil de vous inquiéter pour moi et ma sœur, mais ça ne vous regarde pas. Vous ne pouvez pas parlez de nous comme ça. Vous ne connaissez pas toute l'histoire.

- Tu es tellement bouleversée par cette histoire, on est tes amies, et on... a enchaîné Lisa V.

- De vraies amies de porteraient pas de jugement sur nous.

Mes larmes coulaient sans discontinuer. Ce que j'ai haïs mon attitude de pleureuse ! Tu m'étonnes qu'elles s'inquiètes.

- On ne te juge pas, m'a contredis Lisa R., ce n'est que de l'inquiétude, et après t'avoir vue comme ça, on peut difficilement faire comme si on n'avait pas d'avis !

- Vous ne pouvez pas comprendre. Personne ne sait ce qu'il s'est passé lors de cette soirée. Même moi je n'ai que des souvenirs flous. Ca me hante. C'est pour ça que je ne veux pas en parler.

- Raconte-nous, Kyle. Cela te fera du bien.

J'ai ris nerveusement. Du bien ? Sérieusement ?

- Cela ne fera qu'empirer les choses.

- Qui tu protèges ? est intervenue Eden.

Choqué, je me suis laissée du temps pour répliquer. Je me protégeais moi, je protégeais ma sœur, je protégeais mes souvenirs les plus confidentielles. C'est ce que j'ai finit par lui répondre.

- Mais qu'est-ce qu'elle t'as fais ?

Nous y voilà, ai-je pensé automatiquement. La vrai question n'était pas ce qu'elle m'avait fait, mais ce qu'ON s'était fait.

On s'est détruit. Du pire qu'on pouvait.

- Ca ne vous regarde pas.

- Et Kathy ? a continué Eden.

Cela n'en finissait pas. J'avais l'impression de subir un interrogatoire permanent. Ma rage montait, montait et envahissait petit à petit chaque parcelle de mon corps. J'avais envie de les frapper, une par une, pour les faire taire. J'en aurais été capable. Je l'aurais fait, si cette sueur froide si singulière de culpabilité ne m'avait pas paralysé. Clouée sur mon siège, je n'ai rien répondu pour évité de dire des choses que je pourrais regretter. Ces insultes étaient restées bloquées dans mon œsophage, que j'ai tenté de d'ignorer. Une deuxième sonnerie retentit de mon téléphone, et mon regard est resté suspendue sur le nom qui s'affichait. Kathy. J'ai cru à une erreur, mais c'était bien elle. J'ai mis un terme à la conversation, et je suis repartis, plus loin cette-fois, dans la partie du jardin qui donnait sur les chambres. Fébrile, et tiraillée par l'envie de lui raccrocher au nez après un mois sans nouvelles, j'ai laissé sonner. J'étais déjà énervée à cause de tout ce qui s'était dit se soir, et je ne voulais pas lui parler. Je me suis assise dans une chaise qui traînait dans le coin, et j'ai attendu. C'était ridicule d'attendre un coup de fil qu'on avait pas l'intention de décrocher. Pourtant à la quatrième sonnerie, après je l'espère lui avoir fait comprendre que je lui en voulait, j'ai répondu. Même si une partie de moi ne voulait en aucun cas lui adresser la parole, une autre devait entendre sa voix. Je ne sais pas ce que j'espérais. Ca aussi, c'était ridicule.

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