K I L L E R

Jeanne

Mon cœur tape violemment contre ma poitrine et je suis incapable de le calmer. L'adrénaline a prit possession de mes muscles, mes membres et jusqu'à la plus petite fibre de mon organisme.

Je bondis maladroitement entre deux plate-formes fracturées, manquant presque de chuter, en espérant que mon poursuivant ne puisse pas les traverser à son tour. Je continue malgré tout mon avancée et à mon plus grand regret je l'entendis bondir juste derrière moi..il se rapprochait.

Je plonge sur le côté au moment même où je sens deux mains essayer de me saisir par la taille. Par chance j'ai le réflexe de faire une gracieuse roulade pour m'éviter une chute qui m'aurait pu être brutale.
Ma course se poursuit, plusieurs fois je suis obligée de tourner dans de toutes petites rues, monter sur des toits ou encore faire des acrobaties afin d'éviter qu'il ne m'attrape. Il ne se fatigue donc jamais..c'est un peu mon inverse, j'ai l'impression que mes forces me quittent beaucoup trop vite. Qu'il fait exprès de me fatiguer pour m'attraper au moment fatidique.
Une erreur de ma part et s'en est fini.

Je n'ai même pas la chance de courir pour me réfugier au repère, c'est beaucoup trop risqué..il pourrait voir où je me rends et en avertir ses hommes. Je suis livrée à moi même, incapable d'avertir des personnes de mon camp sous risque de me faire attrapé.

–Tu ne vas pas pouvoir m'échapper longtemps ! crie une voix masculine dans mon dos.

J'ai réussi un quart de seconde à me reposer, adossée à un mur plongé dans la pénombre. Mais je sais qu'il ne va pas tarder à trouver ma cachette, c'est pour cette raison que je décide de bouger le plus vite possible. Trop tard.
Son ombre imposante me barre le passage : je suis prise au piège entre lui et le mur, plus aucun échappatoire ne s'offre à moi.

Tandis que je recule, tremblante, lui avance pas à pas vers moi. La distance entre nous se rétrécie très vite et mon cœur ne cesse de battre à tout rompre.

–Non...je vous en prie, je ne suis pas une survivante.., soufflé-je en espérant qu'il y croit.

–Tututu, ce n'est pas bien de mentir, rit-il en me levant le menton brusquement.

Jusqu'à aujourd'hui je n'avais jamais vraiment vu ses yeux et j'en suis très étonnée. Un fuseau de lumière éclaire son visage, assez pour que j'aperçois de magnifiques yeux bleus océans. Cet homme est d'une beauté dangereuse.

–Je..c'est la strict vérité, déglutis-je lorsqu'il me caressa la joue d'un doigt.

–Ne crains rien...ça ne va pas être long, susurre-t-il au creux de mon cou.

Je sens tout à coup un matériau froid sur mon ventre où il a légèrement remonté mon tee-shirt sans que je m'en rende compte. Il appuie une lame sur mon estomac sans vraiment faire de mouvements brusques ce qui ne fait que plus accroître mon anxiété. Il compte me tuer de toute évidence...mais pas rapidement comme il le prétend.

–Je vous en prie..je n'ai que 19 ans, supplié-je alors à bout de force.

Peut-être qu'il aurait pitié..qu'il aurait un minimum de compassion. Mais sans même m'y attendre je sentis une violente douleur me traverser à l'endroit même où le couteau me menaçait quelques secondes plus tôt.
Le regard de mon agresseur est plongé dans le mien, il se délecte de la scène sous ses yeux tandis que je commence à perdre mon souffle.
La douleur est affreuse..elle me fait pousser un cri atroce qui, malheureusement, ne m'est d'aucune utilité.

Et finalement après un temps qui m'est interminable, elle m'emporte dans les abysses de la mort...