-Chapitre 6-

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Externe

–Ne vous avais-je pas ordonné de le tuer ? crache l'homme dont la capuche noire est rabattue sur son crâne.

Je suis désolé monsieur, il y a eu un contre-temps. Mais nous savons où il se trouve, lui et ses amis, répond l'homme à l'autre bout du fil.

Le concerné se redresse de son imposante chaise, écartant les pans de sa cape, et se met à faire des va et viens à travers la salle.

–Si tu échoues une seconde fois, je viendrais en personne te faire regretter tes actes ! Dis à tes hommes de fouiller les environs et CETTE fois, respecte mes ordres !

Le sujet n'a pas le temps de répondre puisqu'il lui raccroche brutalement au nez. Furieux, le garçon ne cesse de marmonner des injures et tente de serrer les poings afin de ne pas frapper un mur.
Puis, une fois devant le miroir, il abaisse sa capuche d'un mouvement gracieux et se regarde longuement.
Ses yeux bleus océans reflètent sa colère et la haine qu'il éprouve depuis plusieurs années.

–Tout viens à point à qui sait attendre, murmure-t-il, un sourire naissant sur son visage.


**


"ils ne sont toujours pas partis ?" articulé-je à l'intention des garçons.
Cela fait plusieurs minutes que nous sommes tapis là, à espérer que les survivants face à nous partent. Mais ils n'ont pas fait un geste depuis notre arrivée, j'en viens même à me demander s'ils sont vraiment là.
Mais Ryder a une ouïe particulièrement fine et dit entendre leur respiration et lorsque l'un d'eux fait craquer une brindille. Je ne sais pas comment il peut entendre de telles choses mais en tout cas il le fait.

"non, mais je crois que la femme oui" réponds par des mimes Ryder.
Son frère, lui, n'a pas fait un mouvement non plus. Il se fond parfaitement dans le décor ! Le seul petit désavantage qu'ils ont, est le fait d'être blond. Ils sont assez repérables en particulier Ryder qui a des cheveux plus platines que son frère aîné.

"je vais voir" fis-je le pouce en l'air.
Je n'attends même pas la réponse de l'un d'entre eux et m'accroupie le plus discrètement possible afin de me fondre dans les buissons.
J'avance pas à pas, collée aux feuillages dont les branches me fouettent le visage, et m'arrête une fois la distance estimée être assez proche. Parmi les végétaux je réussi à voir deux paires de jambes masculines, étant donné l'épaisseur de leurs muscles, mais je ne vois aucunes traces de la femme. La question qui me taraude depuis quelques temps est : pourquoi sont-ils si silencieux ? Savent-ils que nous sommes ici et ils attendent patiemment que nous sortions de notre cachette ? Dans ce cas personne n'avancerait, ni eux ni nous.

Soudain, je me sens tirer en arrière brutalement et je n'ai pas le temps de réagir. Je fais une roulade arrière et ma tête vient violemment buter contre un tronc d'arbre. Le choc a été si violent que des petits points noirs dansent devant mes yeux et j'ai du mal à bouger ma tête durant quelques secondes.

–Saleté. HÉ les gars ! J'ai trouvé l'une des leurs ! hurle une voix féminine fort peu agréable.

Alors comme ça la femme n'était pas réellement partie..elle inspectait les lieux. Intelligent.
Je la sens me prendre par les cheveux et pousse un cri de douleur lorsqu'elle me tire en m'ordonnant de me redresser. Ce coup m'a tellement affaibli que je m'en sens incapable. Elle s'en rend compte et me relâche alors les cheveux pour venir me donner un coup de pied au tibia. Cette fois je retiens mon cri en me mordant la langue à de nombreuses reprises. Ma vue revient petit à petit et je commence à apercevoir les cheveux brun de mon assaillante qui n'a pas un visage particulièrement propre puisque plusieurs tâches de sueur s'y trouve.
Elle ne doit pas faire partie des privilégiés de la ville qui vivent toujours comme l'antan et non comme des hommes de cro-magnon.

–Quelle trouvaille ! s'extasie l'un des hommes une fois arrivée près de moi.

Je suis toujours à terre et malheureusement la femme a eu le temps de me désarmer. Mais elle n'a pas vu Killer qui se trouve bien cachée à ma ceinture, je suis donc toujours armée. Pour l'instant la situation est critique et je n'ai qu'un plan : feindre la souffrance et l'impuissance. Au bout d'un moment ils se fatigueront obligatoirement et je pourrais agir mais en attendant je vais devoir encaisser les coups.
Heureusement que Kate a eu l'intelligence de me faire un uniforme qui retient un maximum les coups ! Certes c'est douloureux et ça doit me faire quelques bleus, mais au moins je ne serais pas blessée au sang !

–Où sont tes amis, petite ? questionne le même homme qui s'est agenouillé devant moi et me sourit de ses dents noires.

N'ayant pas la force de lui répondre, je lui crache à la figure avec violence ce qui le fait reculer de plusieurs pas. Il affiche un air de dégoût et s'essuie le visage d'un revers de la manche. La femme me lance des regards assassins, je la vois se retenir de me tuer, l'autre homme est distant mais attentif et maintenant mon interrogateur va devenir violent. Je n'ai pas été maligne sur ce coup ci.
Je le vois s'approcher de moi et à la vitesse lumière il me saisit par la gorge, m'obligeant à me relever, et vient me plaquer contre un arbre. Une douleur aiguë me traverse le dos lorsque celui-ci rencontre les écorces du tronc, c'est très désagréable. Pour le moment j'arrive encore à prendre de l'air dans mes poumons, mes pensées se bousculant dans mon esprit, mais je perçois dans le regard de l'homme qu'il ne compte pas s'arrêter là. Un sourire malsain de dessine sur ses lèvres écorchées :

–Tu n'aurais pas dû, petite. Je vais te faire regretter d'avoir cracher ton venin !

Sa prise se resserre et je commence à chercher l'air dont nécessite mon corps. Malheureusement elle se rarifie. Les secondes deviennent des minutes et les minutes deviennent des heures.
J'ai l'impression de voir ma vie défiler devant mes yeux, mes rêves, mon avenir, ma vengeance inassouvie.. Ma main tente vainement de se diriger vers ma taille, dans un geste de dernier recours, mais le second homme a le temps de me saisir les deux mains d'un seul geste pour les lier au dessus de ma tête.

–Fais de beaux rêves petite fille, souffle le premier contre mon cou en enfouissant son horrible tête sous mon menton.

Je me force à garder les yeux ouverts mais mes forces me quittent bien trop rapidement à mon goût. Soudainement la prise autour de mon cou se relâche brutalement et je me sens glisser sur le sol. Ma tête vient heurter les feuilles mortes qui, par chance, amortissent ma chute. Tout mon corps est tendu et lorsque je réussi à enfin reprendre de l'air dans mes poumons, mes membres se détendent. J'ai comme un poids lourd de moins sur les épaules. Ma vue n'est toujours pas revenue mais je réussi à percevoir des cris et des bruits de tirs. Les garçons se seraient-ils interposés pour me sauver la vie ? Cela ne peut-être qu'eux de toute manière.

Mes mains étant toujours liées dans le dos, je remarque que quelqu'un est en train de me défaire les liens. Une fois les mains libres, j'ai le réflexe de les porter à mon cou comme pour chercher à écarter un quelconque assaillant.

–Hey..hey ! chut..chut..ça va aller, je te tiens, murmure une voix toute près.

De forts bras me saisissent derrière les épaules et me soulève en dessous des genoux. Je suis plaquée doucement contre un torse musclé et sens chacuns de ses muscles se contractés lorsqu'il fait un pas.
Je reconnaîtrais cette odeur entre milles : Théodore.

–Endors-toi...tu es en sécurité maintenant, souffle-t-il en déposant un rapide baiser sur ma tête.

J'ai une totale foie en lui, aussi fou soit-il. Je ne sais pas pourquoi mais ma conscience me souffle de lui accorder ma confiance, que je ne crains rien.
C'est l'esprit embrumé que je réussi à m'endormir dans ses bras réconfortants tandis que son allure accélère..

K  I  L  L  E ROù les histoires vivent. Découvrez maintenant