-Chapitre 12-

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Je bondis de mon lit, alarmée, envoyant valser mes couvertures de tout les côtés. Quelques gouttes de sueur perlent sur mon front, ma tête tourne et je manque de tomber à la renverse lorsque je pose mes deux pieds à plat sur le sol. Décidant de reprendre mon souffle, je pose mes coudes sur l'avant de mes genoux et plonge ma tête entre mes mains en fermant les yeux.
Quelques minutes après le mal de tête s'atténue et je réussi enfin à me mettre sur pied.

Je me rends alors compte que j'ai dormi dans un lit qui m'est inconnu. Un lit tout en bois, au matelas craquelé et dont les couvertures sont noires comme le charbon. Je n'ai en aucun cas un tel lit au refuge, alors à qui appartient-il ?
J'obtiens ma réponse lorsque mes yeux rencontrent un cadre photo brisé, posé délicatement sur la table de nuit.
Je m'approche de celle-ci et saisit l'objet doucement de peur de le briser un peu plus.

Dans ce cadre il y a une photo ancienne de deux petits garçons aux cheveux blonds comme le blé, qui enlacent une élégante femme. Elle possède le même teint de cheveux que ces enfants et ses yeux bleus lui donnent un air maternelle bienveillant. Son ventre est légèrement arrondi, signe d'une future grossesse.
J'en déduis alors qu'il s'agit de la mère des petits, la ressemblance étant trop flagrante. Mais ce qui me frappe également, c'est qu'il s'agit de personnes que je connais personnellement : Ryder et Théodore.
Je suis chez eux. Dans leur maison d'enfance.

–Nous étions ce qu'elle avait de plus cher, sans compter le bébé qu'elle portait, me surprit une voix dans mon dos.

Je manque de lâcher le cadre tellement la surprise est grande. Mais je le serre fort entre mes doigts, manquant de me les entailler avec le verre fêlé, et pivote brusquement.
Théodore se tient dans mon dos et à ma plus grande surprise : il s'est adressé à moi.

–"portait" ? fis-je, curieuse.

–Oui. Elle est morte lors d'une attaque dans notre village, dit-il d'un ton neutre.

J'ai beau sonder son visage, magnifique soit dit en passant, je n'arrive pas vraiment à savoir ce qu'il ressent. Il parle de sa mère défunte, cela devrait lui faire l'effet d'un coup de poignard ! Alors pourquoi me regarde-t-il avec ce même air indifférent...
J'en conclus que Théodore est très bon dans le jeu de la comédie. De toute évidence il sait y faire.

–Oh...ell

–Ne t'excuses pas. Ce n'est pas de ta faute, tu n'étais pas présente et puis de nombreuses personnes se sont déjà excusées auparavant sans vraiment le penser, me coupe-t-il d'un geste de la main dans ma direction.

–J'allais dire qu'elle était magnifique et sûrement une mère exemplaire. Vous aviez de la chance de l'avoir ton frère et toi, dis-je doucement de peur de le braquer à nouveau.

Mais il n'en fait rien et s'approche de moi pour me saisir doucement le cadre des mains. Il caresse du pouce le visage joyeux de sa mère, tentant certainement de se le graver en mémoire.

–Tu es la première à le penser, murmura-t-il tout bas en relevant ses yeux vers moi.

Son regard ne me quitte plus d'un centimètre. Il détaille mon visage de haut en bas, s'attardant sur mon menton, puis plante à nouveau ses iris dans les miennes. Quant à moi je ne le lâche plus des yeux, je n'en ai ni l'envie ni le besoin. Son visage si parfait m'envoûte de plus belle.
Certains diront que cette cicatrice lui barrant l'œil pourrait, au contraire, gâcher cette beauté, mais c'est loin d'être le cas. Elle le rend toujours plus attirant.

Aucuns de nous d'eux n'ose parler, sûrement de peur de briser ce silence apaisant. C'est surtout que je ne veux pas m'arrêter de le regarder.
C'est mal, je ne devrais pas, Théodore est le plus distant et le plus froid entre les deux frères. Mais il a une aura impressionnante qui émane de lui, une aura qui de toute évidence m'attire.

K  I  L  L  E ROù les histoires vivent. Découvrez maintenant