-Chapitre 2-

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–J'ai déjà refusé il y a une semaine de cela Addison ! C'est inutile de revenir à la charge, grogne le général qui fait des va et viens.

Je me place face à lui pour l'arrêter dans ses gestes. Il est hors de question qu'il m'envoie voir ailleurs une énième fois sous prétexte que je suis "beaucoup trop jeune pour explorer l'extérieur".

–Je suis sérieuse général. J'ai l'âge de sortir bon sang ! Vous m'avez dis vous même que j'étais une de vos meilleurs soldats, je suis assez entraînée. J'en ai marre de passer mes journées dans cette base dont je connais les moindre recoins.., soupiré-je pour accentuer mes propos.

L' homme sembla réfléchir un court instant, deux doigts tenant son menton.
Puis il s'approcha de moi et me prit par les épaules.

–Le problème n'est pas ton entraînement. Je sais à quel point tu es talentueuse, je n'en doute pas. Ce sont les survivants dont il faut se méfier..il peut y en avoir des bons mais, vois-tu, dans le monde extérieur la réalité n'est pas comme ici..sous terre.

–Je vous en prie. J'ai vécu la moitié de ma vie ici, avec vous et les habitants. Je veux à nouveau sentir l'herbe sous mes pieds, l'eau de la pluie et le vent sur mon visage ! Je veux à nouveau vivre, supplié-je en plongeant mes yeux dans les siens.

Le général me connaît depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Il est comme un oncle pour moi malgré le fait que je le vouvoie. Simple marque de politesse.
Lui et moi avons tissé un lien particulier, je peux donc comprendre qu'il ait du mal à me laisser sortir là où la vie est rude et qu'un accident peut survenir à chaque instant. Il veut me protéger.

–Très bien. Mais tu devras être accompagnée d'un groupe de cinq hommes, lourdement armés en cas de besoin. Surtout Addison, ne pars jamais seule et reste proche d'eux, cède-t-il.

Je bondille involontairement de joie à l'annonce de ma prochaine escapade. Je vais sortir de cet endroit, enfin ! L'idée de voir le ciel bleu au dessus de moi me réjouis déjà.
Alors que le général s'apprête à faire demi-tour, tout comme je compte le faire, je le vois au dernier moment me saisir l'avant bras :

–Ne te fie à personne Addi.

**

–C'est vrai ? Demain ?! s'écrie Killian qui me regarde abasourdi.

J'hoche la tête pour confirmer ses propos. Il n'arrive pas à y croire, c'est certain, moi même j'ai mis plusieurs heures à me rendre compte qu'on m'a annoncé ma sortie à demain. Demain ! J'ai seulement une demi-journée pour me remettre de mes émotions et, ensuite, je serais à l'air libre.

–C'est...précipité, hésite mon aîné le regard inquiet.

Il se fait sûrement du sang d'ancre en pensant que j'irais sans lui dehors. Je ne connais pas la raison de sa..peur de l'extérieur, m'a-t-on dit que c'était plutôt grave mais que je n'ai pas le droit d'en savoir plus. Pour dire, notre base cache pas mal de secrets aux habitants y vivants pour, comme ils prétendent, les "protéger du mal qui ronge la planète". J'ai toujours voulu répliquer : "si on ne soigne pas ce mal mais qu'on le garde enfoui, il ne peut que s'aggraver" comme le cancer. Mais Killian m'a, malheureusement, contraint à ne rien dire.

–Je sais, je sais, tu es mort d'inquiétude parce que je vais y aller sans toi et que pour u..

Mais mon frère me coupe dans mon discours lorsqu'il se précipite vers moi pour m'enlacer tendrement. Une étreinte à laquelle je ne m'attendais pas. Killian souhaite que je découvre de mes propres yeux ce qui nous a fait vivre sous terre pendant des années, reclus, mais il a aussi peur que je sache la vérité. Quelle est-elle pour qu'il soit aussi effrayé ?

–Tu te souviens de ce que je te disais quand tu étais petite ? murmure-t-il à mon oreille.

–"apprends à suivre ton instinct, il sait ce que ta tête n'a pas encore compris", cité-je calmement.

Ces mots résonnent en moi depuis des années déjà. Les dire à voix haute me rappelle l'époque où Killian et moi venions de trouver le refuge..nous étions tellement jeunes. J'étais seulement âgée de cinq ans, et je sais que nous avions vécu dans les villes autrefois mais je n'en ai aucuns souvenirs. Ils ont comme..disparu.
Mon frère s'éloigne de moi pour me prendre le visage dans ses mains. Ses yeux brillent, je peux y lire toute l'inquiétude qu'il éprouve pour moi mais aussi la colère intérieure qu'il refoule. Quelle est la raison de cette colère ?

–Tu es maligne Addison, tu l'as toujours été. Reviens moi entière surtout, c'est tout ce que je te demande.

Je réponds par un faible clignement des yeux. Je ne peux m'empêcher de me pincer les lèvres à cause de l'angoisse qui commence à prendre forme dans mon bas ventre. Il y a un jour de cela Killian était impatient que je connaisse enfin ce qu'il se trouve à l'extérieur, mais voilà que maintenant il appréhende le jour J.

–Je vais aller nous chercher notre repas de ce soir, attends moi dans ma chambre, annonce-t-il finalement en coupant nette mes pensées négatives.

–Pas de soucis ! Tant que c'est de la tarte ça me va !

–Tu sais bien que le cuisto aime beaucoup te faire ton plat favoris ! plaisante-t-il en me faisant dos.

Effectivement comme on peut le déduire, je suis assez appréciée dans la base. N'étant pas très nombreux, nous nous connaissons pour la plupart et je fréquente tout particulièrement le cuisto.
Je suis une énorme gourmande, je passe la moitié de mon temps à aller lui demander quelque chose à grignoter et, à force, il connaît mes horaires, mes casse-croûte et mes plats favoris. C'est un plaisir pour lui de me faire mes petits repas, bien qu'ils soient restreints ici bas. Je ne suis pas difficile non plus !

Je repense tout à coup à la journée de demain qui m'attend et ma main se porte automatiquement à ma taille où, dans un étui en cuire fraîchement fabriqué, attend sagement Killer.
Je ne m'en sépare plus et ce n'est sûrement pas maintenant que je vais le faire.




Un pressentiment intérieur m'avertis que j'en aurais sûrement prochainement besoin et ma poigne ne fait que plus se resserrer autour de l'arme tel un étau..

K  I  L  L  E ROù les histoires vivent. Découvrez maintenant