Chapitre 3 : Le non-patron

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Théodore

Alors que je réfléchis à la situation, des voix se font entendre dans la pièce voisine. Je range en vitesse le dossier de Lilianne dans mon coffre, aucun des mecs n'étant du style à frapper avant d'entrer. Une fois tout mis en sécurité, je prends les documents de l'affaire opposant l'entreprise Redney construction à Miranda Owlsen pour licenciement abusif, afin de m'entretenir avec Alex des détails. Dans les faits, c'est une affaire facile. On peut en régler dix par mois avec des arrangements à l'amiable. Mais, uniquement, si les parties arrêtent de nous dissimuler des éléments, ce qui est loin d'être le cas pour ce dossier.

Je m'apprête sortir quand je comprends que ce ne sont pas les mecs qui sont de retour. Me collant à la porte, j'entends distinctement deux voix de femmes, dont l'une qui est clairement celle de Kris. La seconde, plus fluide et douce, ressemble clairement à celle de la mystérieuse Liliane Van Der Bach. Je laisse retomber ma main et me mets à écouter leur conversation.

̶ Vous aimé l'art ? demande Kris.

̶ Oui, j'aime tous les arts, à l'exception du contemporain. Je n'arrive pas à trouver de beauté dans une éponge géante.

Nous avons donc les mêmes goûts.

Intéressant...

̶ Alors vous vous entendrez à merveille avec monsieur Swatson, toutes ces photographies sont là grâce à lui. Il est passionné de photo.

N'obtenant aucune réponse, Kris revint au professionnel avant de s'éclipser faisant retomber mon bureau dans le silence que j'appréciais tant il y une demi-heure, mais qui, maintenant, me semble terriblement oppressant. La savoir dans la pièce juste à côté me rend dingue. Je retourne à mon bureau, et entreprends de me remettre au travail, sans succès. Mes pensées ne font que revenir vers elle. Que fait-elle ? Pourquoi ne fait-elle pas de bruit ?

Et merde.

N'y tenant plus, je reprends le dossier Owlsen/Redney. Je sors, sans faire un bruit, du bureau et la découvre debout devant la photographie de « Guernica » que j'ai pris en photo à la « Reina Sofia » voilà maintenant plus de dix ans. Je l'observe quelques secondes avant d'émettre un petit raclement de gorge pour lui signaler ma présence.

̶ Elles vous plaisent ? je lui demande en me rapprochant.

Elle se retourne en poussant un petit cri de surprise, la main posée sur son cœur.

̶ Monsieur Swatson, je pensais que vous étiez vous aussi à la réunion. Madame Watson m'a dit d'attendre ici, m'explique-t-elle, reprenant vite contenance.

̶ Non, ce n'est pas le cas. Que faites-vous planter devant ces photos ? Kris ne vous a donné aucune tâche ? je lui demande, en continuer à être abjecte, tout en me retenant de la détailler.

Qu'est-ce qu'elle est belle.

Lilianne

Merde... Mais qu'est-ce qu'il fait là ?

̶ Je...

Inspire, expire, c'est ton patron...

Enfin, c'est plutôt mon non-patron, mais peu importe, cela ne me permet pas de lui parler comme je l'ai fait dans l'ascenseur. Ce qui est bien dommage. Je devrai d'ailleurs m'excuser.

Non, plutôt mourir !

̶ J'attends Monsieur Battagia. Nous devons voire ensemble ce qu'il attend en détail de moi.

̶ Étant donné qu'Alex m'a emprunté mon assistant, je peux lui emprunter la sienne. Allez me chercher un café, noir sans sucre. Puis, installez-vous à votre bureau, vous serez toujours mieux que debout, m'ordonne-t-il avant de me tourner le dos et de retourner dans son bureau.

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