Les liens du passé Tome 1 Swatson

Chapitre 4 : Une nuit inattendue

Lilianne

Je rentre chez moi dans un état second. Ce n'est qu'en passant le pas de la porte que je me rends compte que mes deux meilleures amies, Sarah et Lina, sont déjà installées dans le salon, avec une bouteille de vin et trois verres. Prête pour notre soirée fille. Elles sont mes meilleures amies depuis l'adolescence. J'ai rencontré Sarah l'année de mes quinze ans. Scolarisées ensemble dans un collège parisien, notre passion pour l'art nous a menées l'une vers l'autre. Et cette passion a conduit Sarah à son métier, propriétaire de trois galeries d'art. Mais au-delà de notre passion commune, nos situations familiales aussi catastrophique l'une que l'autre a consolidé ce lien, nous rendant inséparable. L'année suivante, nous avons rencontré Adelina, dit Lina. Sa passion, c'est la gastronomie française et tout particulièrement des pâtisseries. Elle a ouvert, après avoir été formée auprès des plus grands pâtissiers de France, ses propres boutiques où elle vend des pâtisseries toutes droits sorties de son imagination.

̶ Les filles ? Mais qu'est-ce que vous faites déjà là ? On n'avait pas rendez-vous à vingt heures ? je leur demande en posant mes affaires sur le meuble de l'entrée.

̶ Chérie, il est pratiquement vingt et une heures... me dit Sarah en me tendant un verre pendant que je m'installe à ses côtés. Tu as encore été retenu au travail ? Ta mère nous a dit que depuis que tu travailles pour la WBBS, elle ne te voit plus qu'en coup de vent et tu ne fais que te plaindre de ce Swatson dès que je t'ai au téléphone. Es-tu sûr que ce poste est sein pour toi ?

̶ Sarah, par pitié, je vais très bien. Je savais avant d'être engagée que je travaillerais énormément, mais la paie en vaut le coup. Tant que ma mère refuse que j'utilise l'héritage de mon père, je n'ai pas le choix. Pour ce qui est de mon non-patron, il me tape sur le système, je n'arrive pas à le comprendre et encore moins à le suivre. Il me perd totalement.

̶ Comment ça ? demande Lina en fronçant les sourcils.

̶ Il m'a... embrassée, dis-je en buvant une longue gorgée de vin.

̶ QUOI ? s'écrie Lina en se redressant tandis que Sarah reste sans voix.

̶ On venait de se disputer, mais cette fois-là, j'étais en faute... j'ai crié sur un client. Mais là n'est pas le sujet. Après qu'il m'ait remis à ma place, on a surpris une conversation entre la femme et le frère de notre client. Je vous passe les détails, mais leur conversation était... choquante. Et après ça, il m'a embrassé. Puis il s'est excusé et s'est enfui avant que je n'aie le temps de réagir, dis-je en revivant une nouvelle fois la scène dans ma tête.

̶ Et... comment as-tu eu envie de réagir à son baiser ? me demande Sarah qui a retrouvé une expression neutre et son éternel pragmatisme.

̶ C'est là tout le problème... J'ai eu follement envie d'y répondre. Vous savez qu'il me plaît physiquement, malgré son mauvais caractère, mais c'est surtout un acharné de travail. Quand il veut quelque chose, il ne lâche rien tant qu'il ne l'a pas obtenu, dis-je en me servant un autre verre.

̶ Dans ce cas, il faut te changer les idées. Donc ce soir, interdit de rester ici à boire et à passer au peigne fin le comportement de ton hystérique de patron. On va sortir dans un bar puis en boîte, dit Lina. Tu y rencontreras sûrement un beau mec qui te fera tout oublier.

̶ C'est mon non-patron, pas mon patron, je la corrige pour la forme, avant de boire mon verre d'un cul-sec.

Faut que tu ralentisses ma grande, à ce rythme, tu vas rouler sous la table avant minuit.

̶ Mais je suis d'accord, je dois me changer les idées, dis-je, revigorée par la perspective d'aller danser toute la nuit.

me demande malicieusement Sarah.