Théodore.
Une semaine plus tard.
Et arrête de fouiller dans mon passé.
Cela fait une semaine que je ne l'ai pas vue, mais cette phrase tourne en boucle dans ma tête. Perdue dans mes pensées, je sursaute lorsque Ben s'installe sur le siège en face de moi.
‒ Désolé d'interrompre tes rêveries, ricane-t-il en étendant ses jambes devant lui.
‒ Ouais... Qu'est-ce que tu veux ?
‒ Juste parler. Tu as fini tes dossiers et ceux d'Alex, à ce que je vois, fait-il remarquer en fixant les énormes classeurs empilés à l'angle de mon bureau.
‒ Ouais, je ricane sans joie. J'avais du temps libre.
‒ Tu as dormi toute la semaine sur le canapé de ton bureau ? demande-t-il en prenant mon presse-papier pour s'occuper les mains.
‒ Ouais, j'avais une tonne de travail et je...
Je n'avais pas envie d'aller dormir dans cet appartement vide, dans des draps qui portent encore son odeur.
‒ Tu n'avais pas envie de rentrer là-bas seul, conclut-il à ma place. Tu sais que tu peux toujours venir chez moi ou bien chez David.
‒ Merci.
‒ Elle va revenir, j'en suis sûr. Tu as essayé de la recontacter ? La dernière fois, parler vous a été... bénéfique, avance-t-il en haussant les épaules.
‒ Ce n'est pas pareil... Elle m'a demandé d'arrêter d'enquêter sur elle, et de lui foutre la paix, qu'elle voulait être seule.
‒ Ne me dit pas que tu as mené une enquête sur elle ? Théo...Tu m'étonnes qu'elle t'en veuille.
‒ C'était durant sa première semaine. Elle m'intriguait, alors j'ai eu envie d'en savoir plus sur elle.
‒ Premièrement, c'est flippant. Deuxièmement, tu as trouvé quelque chose qui mérite qu'elle t'en veuille pour cela ? demande-t-il, comprenant vite le cœur du problème.
‒ Plus ou moins, tiens, c'est le dossier, dis-je en le sortant du dernier tiroir de mon bureau, le seul que je ferme à clef. Pour te faire court, Lilianne Van Der Bach est censée être morte il y a trois ans, asphyxiée dans l'incendie de son appartement après un court-circuit, l'année de ses dix-huit ans.
‒ Ah... ouais. Je comprends mieux les raisons de ton animosité envers elle, lâche-t-il en posant le presse-papier pour me prendre le dossier des mains.
‒ Ouais... entre autres choses, je murmure, sachant pertinemment que ce mystère me fait seulement avoir atrocement peur pour sa vie.
‒ Mais si tu as entretenu une relation avec elle et que tu ne nous as rien dit. C'est que tu as confiance en elle, dit-il en feuilletant le dossier, tout en me jetant un regard en coin.
‒ Oui... Jack a continué ses recherches. Il a pu trouver quelques informations. Elle a demandé son émancipation à seize ans, le dossier est scellé, alors il a un peu fouiné du côté de la mère et de ses anciennes fréquentations. Il a fini par découvrir que c'était à cause de son beau-père, Alexey Darkch, un type pas très net, avec qui elle ne supportait plus de vivre. Après cela, sa mère a quitté ce type et est venue s'installer ici. Lilianne est née de père inconnu, mais quelques minutes ont suffi pour faire ressortir le nom d'Yves-Charles Prévot. Un riche homme d'affaires, du genre à mettre la nounou encore mineure de ses enfants enceinte.
‒ Classe.
‒ Ouais. Il ne l'a ni pas déclaré ni même vu une seule fois. Il se contentait de verser des sommes d'argent considérables sur un compte auquel elle avait librement accès. À sa mort, Lily a hérité de plus pratiquement toute sa fortune. Divorcé de la mère de ses enfants, son fils aîné était décédé dans un accident de voiture à ses dix-huit ans et il ne parlait plus à son autre fils depuis des années. A la rédaction de son testament, le partage ne s'est pas fait équitablement entre les deux, je lui résume en me laissant aller en arrière sur mon siège, n'arrivant toujours pas à comprendre comment un père peut abandonner son enfant.
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Les liens du passé Tome 1 Swatson
RomanceLilianne, jeune femme fraîchement débarquée à New-York pour venir au chevet de sa mère souffrante, se retrouve engagée comme assistante pour l'un des dirigeants de l'entreprise pour laquelle elle rêvait de travailler. Mais quand elle rencontre Théo...