Chapitre 1 Rencontre sous haute tension

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Lilianne

New York en hiver... Je ne sais pas si je l'aime ou le déteste. Les températures sont parfois si basses que mettre un pied dehors me semble presque impossible. Aujourd'hui, le ciel est gris, tellement gris que je ne serais pas étonnée qu'il se mette à pleuvoir. Pour mon plus grand malheur, car j'ai remarqué depuis mon arrivée dans cette ville il y a deux mois que les jours où le ciel est gris, il ne m'arrive que des problèmes. Je ne trouve pas de taxi, je casse le talon de ma chaussure, je me renverse le café dessus et ainsi de suite. Et quand je dis toujours, c'est vraiment toujours !

Aujourd'hui ne fait pas exception à la règle. Je ne suis pas encore debout que les ennuis ont déjà commencé.

Chacun de mes réveils est normalement rythmé par la voix de Nina Simone sur sa chanson Feeling good. Rien de mieux pour commencer une journée. Mais là, rien, pas le moindre son ne vient égayer ma chambre. Rassemblant le peu de force dont je dispose de si bonne heure, je tourne la tête vers le réveil. Il affiche bien sept heures, mais ne fait pas le moindre bruit. Je le fixe un moment, mais rien ne se passe. J'attrape mon téléphone, l'allume et constate avec stupeur qu'il n'est pas sept heures, mais déjà sept heures quarante-cinq. Mon réveil fait grève, encore une fois.

̶ Merde, merde, merde, je crie en sautant hors du lit.

Je cours à la salle de bain, de l'autre côté du petit appartement que je partage avec ma mère. La porte fermée, j'entre dans la douche et effectue un savonnage, rinçage, séchage et habillage en quatrième vitesse.

Dix minutes plus tard, je quitte l'appartement avec l'espoir de trouver un taxi qui pourra m'emmener à mon entretien d'embauche, en plein cœur de Manhattan en moins de trente minutes, pour un poste d'assistante de direction. Mon premier vrai entretien depuis mon départ de France et l'arrêt de mon master en droit, deux mois plus tôt. Quand j'ai décidé de tout quitter pour venir vivre auprès de ma mère à la suite de l'annonce de son cancer du pancréas en phase terminale, je ne pensais pas que trouver un travail serait aussi compliqué. Je m'étais résignée à passer les prochains mois à enchaîner les postes de serveuse, quand j'ai reçu l'appel de Madame Kris Watson, la responsable des ressources humaines de la WBBS, me proposant cet entretien. J'ai cru à un rêve. Mais c'est bien réel, et cette panne de réveil n'est vraiment pas arrivée le bon jour.

Et les choses ne vont pas en s'arrangeant. La rue est déserte, sans le moindre taxi en vue. Résignée, je cours vers la station de métro la plus proche, soit plus de dix minutes d'un footing intensif dans le froid mordant. Heureusement, elle est ouverte. Je prends la première rame qui se présente devant moi. Malgré tout, cela ne m'empêche pas d'arriver devant les portes du building de la WBBS avec plus de vingt minutes de retard.

Après un arrête à l'accueil, où j'attends dix minutes supplémentaires pour qu'ils mettent à jour un badge visiteur, je peux enfin monter dans l'ascenseur privé de la WBBS, le seul moyen d'accéder à leurs bureaux. Voyant le bout de mon périple arriver, je me laisse aller contre l'une des parois et attends patiemment que les portes se referment. Mais alors qu'elles commencent enfin à bouger, une chaussure les stoppe, provoquant leur réouverture. À ce moment-là, je suis prête à commettre un meurtre, un meurtre bien sanglant, du moins jusqu'à ce que je le voie... L'homme qui apparaît est le plus séduisant que j'aie jamais vu de ma vie.

Il est grand, avec des épaules larges et une taille fine. Ses cheveux noirs et mi-longs, légèrement ondulés et désordonnés, lui tombent devant ses yeux encore à moitié endormis. Il semblerait que je ne sois pas la seule à avoir eu une panne de réveil ce matin.

Sans dire un mot, il pénètre dans l'ascenseur, le nez collé à son téléphone. Il appuie aussitôt sur le bouton de fermeture rapide des portes, bouton que je n'avais malheureusement pas remarqué avant. Quand il range enfin son téléphone, nous avons déjà passé une dizaine d'étages. Mais soudainement alors que nous sommes entre le onzième et le douzième étage, l'ascenseur s'arrête brusquement, me faisant presque perdre l'équilibre. La lumière se coupe suivie par la musique, nous laissant éclairer que par les quatre veilleuses situées aux angles de la cabine.

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