Chapitre VII : Compass

185 8 0
                                    

Je triturai mon téléphone afin de régler le GPS. L'air était lourd, et la fin d'après midi pointait le bout de son nez avec la nonchalance d'un âme en peine. J'étais installée à une des tables disposées en face de ma résidence à l'ombre d'un arbre, pestant contre ce fichu téléphone lorsqu'une voix familière me sorti de mes pensées.

- Salut !

Romain était comme à son habitude un thermos de café fumante à la main et des traces de peinture s'étiraient sur son tee-shirt et ses doigts. Son aura s'ourla d'une teinte orange vif et je souri, bercée par son optimisme contagieux.

- Salut Romain, comment tu vas ?
- Plutôt cool, ma rentrée s'est bien passée. J'ai eu les options que je voulais, et j'ai réussi à obtenir l'accès à la salle sur demande.

J'arquais un sourcil, curieuse.

- La salle sur demande ?
- Oui, il faut faire tout un tas de démarches pour l'avoir, d'où son nom aha. C'est une salle permettant aux jeunes « artistes » , et il mima les guillemets avec ses doigts, de pouvoir peindre et exposer leurs toiles dans la maison des étudiants.
- Tu me montreras ce que tu fais un jour ?
- Bien sûr, souri-t-il. Je suis sur un gros projet en ce moment.

Il sembla hésiter à ajouter quelque chose, puis se ravisa.

- Oui, Romain ? l'encourageai-je.
- Je... Je ne pensais pas que tu étais le genre de fille à t'intéresser à la peinture...

Je me renfrognai, faussement outrée.

- Et quelle genre de fille tu pensais que je pouvais être ?

Il se passa une main dans les cheveux et son aura redoubla d'intensité.

- J'en sais rien... Le genre blasée et difficile à impressionner.
- Tout ce qui est dans ce monde m'impressionne, rétorquais-je en lui tirant la langue.
Il s'esclaffa de bon cœur avant de s'avancer timidement vers la table.

- Je peux ?
- Bien sûr, installe-toi.

Je dégageais mon barda et tentais de calmer mon téléphone qui ne cessait de vibrer lorsque Romain pencha la tête au dessus de l'espace nous séparant. Une moue compatissante se dessina sur son visage.

- Besoin d'aide ?
- Oui enfin... J'essaye de régler le GPS pour aller chez une amie qui fait une soirée tout à l'heure...
- On dirait bien que toi et la technologie ça fait deux.

«Oui, on dirait bien !»

Il attrapa l'Iphone et nos doigts s'effleurèrent. Ce fut bref, mais suffisant. Son halo devint rose pâle, et je souri intérieurement, flattée. S'il éprouvait de la gêne, il n'en laissa rien paraître et inclina l'écran dans ma direction.

- Alors, pour régler le GPS c'est simple, il suffit d'entrer l'adresse dans la barre du haut.

Je récitai l'adresse que m'avait donné Héléna, l'amie qui organisait la soirée et observai Romain tandis qu'il tapait frénétiquement sur le clavier, faisant résonner toutes sortes de petits bruits. Ses cheveux bruns semblaient doux, relevés en bataille sur le sommet de son crâne, et l'on pouvait deviner à travers le tissu blanc de son haut ses muscles fin, mais saillants. Sa peau bronzée par la saison d'été semblait douce et un tatouage que je n'avait pas encore remarqué arborait le haut de son épaule. Une étoile. Instinctivement, je frissonnai, sans réellement savoir pourquoi.

FallenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant