Chapitre XI : Soul Kiss

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Lorsque sa bouche effleura la mienne, L'âme d'Achille explosa dans mon crâne tout entier. Ses échos, en imposants miroirs étaient durs et froids, comme un prisme aux milles éclats de diamants, ricochant tant et si bien qu'ils finirent par se rassembler autour de mes pensées, les entourant de tous parts. J'étais au milieu d'un rien, surpassé par le tout de son âme.

« - Achille !

Je ne résistais plus, explorant avec émerveillement mêlé de peur les miliers de facettes autour de moi.

Je voyais sur les prismes mon halo se refléter en écho au, et tout le temps qu'il avait passé à m'observer depuis le Ciel, en silence.

- Je savais que je te retrouverai, dès l'instant où mon halo a croisé le tiens, Lie.

- Mais...?

Des tas de questions résonnèrent dans ma tête, et dans la sienne. Achille semblait si froid, si dur, si sûr de lui... Et voilà qu'il s'ouvrait à moi, qu'il forcait l'espace le plus intime et le plus intrisèque à ma personne... Mais quelque chose me dérangeait tandis que j'explorais les infinités de sa conscience. Tout semblait trop parfait, trop lisse. Comme s'il cherchait à me cacher quelque chose.

J'avançais. C'était si beau, si pur, si brillant. Je me remémorai l'éclat du Ciel et de l'aurore à travers ses souvenirs, plongeant de plus en plus profondément dans sa conscience.

Il se laissa dévoiler, tout entier au baiser qu'il me donnait. Je perçu ses envies d'ailleurs, l'infinité de son envie humaine, ses lèvres entremêlés aux miennes qui ne cessaient d'en mordiller les contours. C'était nouveau et transcendant. Je m'emparais de sa chevelure sans cesser mon exploration.

Ses remords, sa condition ancienne d'ange, coincé entre un monde désiré et l'absolue dévouement au Tout Puissant. Sa condition, qu'il avait brisée, seul. Et puis ses pensées dévièrent sur moi, petit boule de lumière, filant à travers l'Arc. Achille me connaissait depuis si longtemps...

- Tu allais devenir comme moi. Tu aspirais aux mêmes choses.
- Comment... Comment as-tu pu me regarder sans que je te vois...?
- J'étais là. J'ai toujours été là. Mais toi tu ne voyais que Paul.
- Oh...

Un éclat brisé attira alors mon attention je plongeais dans la brèche, avide. Je voulais me nourir de ses pensées, les imprégner en moi-même, et que cette connexion ne cesse jamais.

- Lie !
- Laisse moi regarder, s'il te plait...
- Pas ça.

Je m'éloignai, frustrée. C'est alors que quelqu'un nous interrompit, brisant instantanément la connexion. Achille détacha ses lèvres des miennes et s'enfuit à l'autre bout de la pièce en évitant soigneusement mon regard. Je repris mes esprits, confuse. J'avais les joues brûlantes et je sentais mes lèvres gonflées d'un désir sourd.

- J'espère que je ne vous dérange pas trop.

Romain se tenait dans l'encadrement de la porte, visiblement mal à l'aise. Son aura vira au rouge vermillon, tournoyant autour de lui avec une énergie sourde, bouillonnante.

- Romain, dis-je d'une toute petite voix, je suis désolée.
- C'est bon. J'imagine que Achille te raccompagne.

Je piquais un fard, honteuse. Achille se dirigea vers la porte de la cuisine sans m'accorder un regard et fixa Romain d'un air absent, avant de le contourner et de s'esquiver en silence. Son aura si tempétueuse sembla absorber celle de Romain, avant de s'effacer définitivement.

J'écarquillais les yeux, stupéfaite.

« Comment peut-il s'ouvrir ainsi et me laisser en plan comme ça ? »

- Qu'est-ce que tu lui trouves à ce type, renchérit Romain d'un ton presque accusateur. Regarde, il t'emballes et se casse sans rien dire !
- Romain...
- OK, OK mais fais attention Lie, ça m'a tout l'air d'être un parfait connard. Sérieusement...

Il me fixa d'un air conciliant. Puis ses yeux dévièrent un instant vers ma poitrine et son aura vira au rosé.

- En tout cas, tu es vraiment belle...

Je sentis un picotement au creu de mon ventre. J'étais flattée. Je souri et lui rendit son compliment en lui attrapant le bras.

- Allez viens petite poulette, enchaina-t-il, on devrait rejoindre la fête d'Héléna et profiter.

J'acquiecais, et le suivi tandis qu'il m'entrainait de nouveau parmi la foule et toutes ces auras entremêlées. Un instant, je cherchais Achille du regard. Il avait disparu, ne laissant dans son sillage que son parfum sur mes vêtements et des bribes de son âme volant en éclat dans mon cerveau détraqué d'ange. Je me mordis les lèvres.

Non, je n'ai pas rêvé. C'était si irréel pourtant... Achille est lui aussi un déchu... Mais puis-je lui accorder toute la confiance qu'il souhaite obtenir de moi...? »

C'était certain désormais, il fallait que je m'éloigne de lui. Même s'il savait, et qu'il me comprenait certainement bien plus que quiconque là où j'étais, je devais avant tout me protéger.

« Un très beau danger aux yeux topaze...»

FallenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant