Chapitre XII : Heavy

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Ma nuit avait été lente et morne, ponctuée de nausées intenses. Nous étions partis très tard, quelque part entre la fin de la nuit et le début de la journée. Je m'étais écroulée de fatigue sur mon lit, vaincue. J'avais passée le reste du dimanche à me morfondre, coincée entre la chaleur et les draps, humides de ma transpiration.

L'Iphone avait vibré plusieurs fois, mais j'ignorai les messages. Je voulais du temps à moi et rester un peu dans ma bulle. Je n'avais jamais bu d'alcool, et mon crâne subissait encore l'abus de la veille. Je poussai un gémissement et m'étirai en me tenant la tête. Elle était affreusement lourde et la pièce semblait danser autour de moi.

Je tentais de me remémorer des bribes de souvenirs de la veille, mais tout semblait flou et embrumé, comme si un voile avait été posé sur l'historique de la soirée. Je ne savais même pas comment j'avais aterri dans mon lit. J'étais encore habillée, mes sandales étaient posées près du lit, et lorsque je passai mes doigts sur mes yeux collés par une drôle de texture, des traces noires apparurent sur ceux-ci. Je relevai la tête, curieuse, et mon regard croisa mon reflet dans la psyché.

« Pourquoi je suis maquillée...? »

Je titubais maladroitement vers la fenêtre et écartai les rideaux de la pièce principale en clignant des yeux, m'habituant peu à peu à la lumière. Le soleil couchant innonda l'endroit d'une lueur orangée, pareille à l'aura de Romain lorsqu'il était d'humeur optimiste. J'ouvris la baie vitrée en grand et observai un instant le campus s'endormir doucement. Je me dirigeai ensuite vers le coin cuisine afin de me préparer quelque chose à manger, laissant traîner mes pieds.

C'est alors que quelqu'un frappa trois coups à ma porte, finissant de m'agacer pour de bon. J'avais la nausée et le sommeil m'enveloppait encore.

« Quelle horrible sensation ! »

Je jettai un regard envieux vers mon frigo et me dirigeai vers la porte, amère. Je parvenais de mieux en mieux à identifier mes ressentis et mes émotions, et en prendre conscience releva un peu mon humeur, déjà trouble.

- Lie ? C'est Romain.

Je soupirai en tirant le loquet et entrouvris la porte. Romain se tenait dans l'encadrement, son aura gris sale s'ourlant de  reflets rosés, ses cheveux si savamment désordonnés d'habitude semblant ternes. J'abaissai mon regard vers ses prunelles et constatai les dégats de la fatigue. Il avait de longues courbes violettes sous les yeux, pareilles à des hématomes, et son sourire en coin était lasse. Je rougissai, devinant sans peine l'effet que je provoquais en lui.

- Salut, murmura-t-il, je suis désolé de t'ennuyer mais je voulais savoir comment tu allais, tu réponds pas aux textos, ni aux appels... et je dois te dire un truc.

Je l'observai, levant un sourcil, curieuse.

- J'ai dormi toute la journée Romain, ca va, j'ai juste un peu la tête qui tourne.

Il plissa les yeux et eu un air étrange. Un silence passablement gêné s'installa, et je compris après ce qui sembla une éternité qu'il désirait entrer pour parler.

- Oh euh, excuse moi, j'ai pas encore l'habitude de recevoir...

Je m'effacai et le laissait pénétrer une nouvelle fois dans mon antre. Je me remémorai la première, bien catastrophique... je m'étais ramassée sur mon balcon, et Romain, chevaleresque m'avais soulevée et déposée sur mon lit.

- Installe-toi, intimai-je en tentant de réajuster maladroitement mes draps.

Romain s'affala sur le matelas qui s'enfonça sous son poid et je me laissai tomber à ses côtés, ma tête me tournant horriblement. Je poussai un gémissement et m'allongeai en travers du lit, ses cuisses effleurant mes hanches.

- Je suis désolé pour hier soir, j'aurai dû être plus attentif et t'empêcher de te bourrer la gueule, Lie.

Je me relevais sur les coudes et observais son dos ciselé, arrondi par sa posture. Il portait un simple sweat noir et un jogging gris clair. Son aura scintillait légèrement autour de lui. Elle était terne, brouillée par la fatigue et son humeur, triste, maussade au possible. Un instant, j'hésitais à passer mes doigts le long de son dos afin lui envoyer des ondes positives mais je me contentais de pendre mon bras maladroitement derrière lui, sans qu'il ne puisse le voir. Je tentais de me concentrer mais mon mal de crâne était si intense qu'il me fut impossible d'éclaircir son halo. Je soupirai, vaincue.

- Ce n'est pas grave Romain, j'avais envie de tout ça et ...

Il se tourna vers moi et je perçu quelque chose dans l'éclat de ses prunelles. Une lueur alarmée, presque inquète.

- Y'a pas que ça ! me coupa-t-il. Je me suis renseigné sur ton type.

« Mon type ? »

J'ouvris des yeux ronds.

- Mais de quoi tu parles ?

- Achille. C'est pas du tout celui que tu penses.

FallenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant