Fallen

Chapitre V: Halo

Une aura. Elle brillait plus intensément que les autres et s'élevait tout au dessus en formant des cercles tourbillonnant dans l'éclat du matin. Une énergie pure, instable et élégante. Différente de toutes celles que j'avais pu observer jusqu'à présent.

Je m'approchais de sa direction, intriguée. Quel humain possédait une telle aura ? Certainement quelqu'un d'influent, ou de surdoué, pensais-je. Je m'approchais encore jusqu'à arriver à la hauteur de la silhouette entourée de ce surprenant halo. C'était un jeune homme accoudé sur un banc, occupé à lire un livre. Je m'approchais doucement et vint me placer à sa hauteur. Comment se faisait-il que son aura soit si puissante ?

C'était un jeune homme accoudé à un banc, occupé à lire un livre. Je m'approchais doucement et vint me placer à sa hauteur.

« Un déchu... ? »

Impossible, je l'aurai senti. Et puis Paul m'avait assuré qu'il n'y en avait aucun à des kilomètres à la ronde. Encore moins des Archanges, ils étaient pour la plupart mobilisés au Moyen-Orient en ce moment même. Le garçon était vêtu d'un simple jean et d'un tee-shirt noir moulant, laissant deviner un corps musclé et entretenu. Ses cheveux bruns rejetés en arrière s'étalaient sur ses épaules. Il était très beau, et en avait certainement conscience car il s'était avachi sur le banc en une posture transpirant la suffisance.

Sentant ma présence, il leva la tête, rangea son bouquin dans son sac et me fixa intensément. Ses yeux verts, mouchetés de gris me transpercèrent et j'effectuais un léger mouvement de recul. Quelque chose dans l'éclat de ses prunelles m'effraya.

J'aurai dû fuir, me fondre dans la masse d'élèves. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher, j'étais désormais trop engagée vers lui. Son aura pris alors une couleur indescriptible.

"Se pourrait-il que...?"

Non non, impossible. Quelque chose me dérangeait, et un sentiment latent que je ne parvins pas à identifier s'empara de moi. Je tentais d'en savoir plus en m'efforçant de déchiffrer son aura. Il se dégageait de lui une énergie fière, entraînante et bestiale. Et rien d'autre. C'était trop lisse, trop parfait, ce qui piqua ma curiosité au vif. Mais je ne voulais pas prendre le risque d'essayer de l'influencer afin de comprendre l'étrangeté de son halo, car je ne tenais pas à m'évanouir de nouveau devant tout le lycée, surtout le premier jour.

Il se leva finalement et m'opposa un sourire affable, curieux. Comme si la petite chose que j'étais lui paru soudainement importante, il se pencha attentivement vers moi et me jaugea de haut en bas, sans la moindre gêne.

Je réprimais un mouvement de recul. Il fallait que je trouve quelque chose à dire, et vite. Je devais avoir l'air incroyablement ridicule. M'approcher d'un inconnu comme ça, ce n'était absolument pas un comportement raisonnable pour une fille soit disant normale. Je me raclais discrètement la gorge.

- Désolée je t'ai pris pour quelqu'un d'autre.

J'allais tourner les talons pour partir car il ne me mettais incroyablement mal à l'aise mais il m'interrompis, comme s'il avait lu dans mes pensées.

- Hey, attends !

Sa voix me fit l'effet d'un électrochoc et je stoppais instantanément. J'eus soudain une impression étrange de déjà-vu, comme si cette intonation m'étais familière.

"C'est impossible."

Je me ressaisis. Oui, je ne pouvais pas le connaître. Mis à part Romain je n'avais encore jamais rencontré d'humain. D'humain vivant, du moins. Mais les âmes n'étaient plus des humains, au sens premier du terme.

Le jeune homme me décocha un sourire éclatant, révélant une rangée de dents blanches, impeccablement alignées. Je lui rendit comme je pu en triturant la bretelle de mon sac.

- Je ne sais pas si je dois en être flatté ou vexé.

Je frissonnais. Cette fois-ci, ce n'était pas de froid, et je pestais intérieurement, frustrée. Pourquoi est-ce-que le son de sa voix me fit un effet pareil ? Je repensais à ce que j'avais éprouvé avec Paul lorsque je m'étais collée à lui à mon réveil.

"Non non non non, je connais à peine ce type."

J'eus soudain envie d'aller vers lui. La force se son aura et sa présence si singulière suffisaient à me pousser à lui parler, sans même que je sache pourquoi.

- Je suis désolée je...

Il compris instantanément mon malaise et me tendis la main.

- Je suis Achille, enchanté.
- Enchantée Achille, je m'appelle Lie.

Ses sourcils s'arquèrent et ses yeux s'agrandirent, curieux. Je tentais de déchiffrer son expression.

- Très original comme prénom, ça. Tu es de quelle origine ?
- J'ai de la famille qui vivait aux États-Unis, répondis-je avec aplomb.
- Yeah, c'est super cool ça. Moi je viens d'emménager, je suis d'une petite ville paumée en province. C'est ma première rentrée ici, ajouta-il.

J'acquiesçais.

"Au moins il est aussi paumé que moi..."

Il me souri de nouveau et j'avançais, désormais rassurée par la petite proximité qui nous liait. Il me fixa de ses prunelles incroyablement profondes et intenses.

L'espace d'un instant, le monde sembla se figer en une tension si instable et si particulière que j'en eu le souffle coupé. Son aura vibrait et tournoyait autour de lui. Achille s'était redressé et fixait mes lèvres. Une lueur étrange et nouvelle éclaira son regard topaze. J'eus alors un sentiment fugace, comme s'il s'agissait d'un regard oublié et perdu.

- Lie....

Sa voix rauque m'enveloppa comme une bulle. C'était comme avec Paul, mais différent, éclaté et incertain.

- Regroupez vous, s'il vous plaît !! C'est l'heure de la répartition !!

La bulle éclata. Nous nous reculâmes l'un de l'autre et je me rendis compte avec un temps de retard que je m'étais assise sur le banc et rapprochée de lui. Son visage se recomposa instantanément en une mine indifférente et son aura cessa de tournoyer autour de lui, comme apaisée. Achille se leva, rangea son livre de s'éloigna avant de m'adresser un petit signe de la main. Puis il disparu parmi la foule attroupée autour d'une estrade d'où provenait la voix. Je me levais, encore sonnée par cette rencontre aussi étrange inattendue.

« Mais c'est qui ce type ?"

Achille m'inquiétais et me troublait d'une façon qui ne laissait rien présager de bon, sans que je sache réellement pourquoi. L'esprit préoccupé, je me dirigeais vers la foule en poussant un soupir de résignation et pris place derrière un jeune à capuche sombre. Je suivison aura si particulière. Il fallait que je garde un œil sur Achille. Il n'était décidément pas normal.

« Pour un humain. »