Are you happy ?

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Harry n'est plus heureux malgré son jeune âge. Il se rend tous les dimanches soirs sur ce pont et jette une pièce de monnaie pour savoir s'il doit sauter ou non.

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HARRY

    Vous êtes vous déjà demandé ce que ça faisait de mourir ? Moi je me le demande tous les putain de jours de ma vie. Qu'est-ce qu'il y a après la mort ? Personnellement je ne crois pas en Dieu, je ne crois donc pas au paradis si tu es sage ou aux enfers si tu ne l'es pas. J'imagine plus du noir avec un long silence apaisant. Comme quelque chose qu'on recherche toute notre vie mais qu'on acquiert à notre mort : un silence sans fin. Tout ce que je souhaite. Que plus aucun bruit dévastateur atterrisse dans mes oreilles. Que tout le monde se taise, que tout bruit cesse pour ne laisser qu'un doux et long silence.

Je ne suis pas juste sur ce pont pour avoir du silence. Car au fond, la pluie battante fait un bruit agaçant quand elle tombe dans les flaques.

Je suis sur ce pont, indécis, ne sachant toujours pas si je vais sauter ou non. Ne sachant pas si le silence sans fin viendra enfin à moi. Je regarde dans le vide, debout sur la barrière métallique glissante à cause de la pluie. Un pas de travers et je tombe. Ça ne me fait plus peur, j'ai pris l'habitude de ne pas savoir si je tomberais par accident ou si j'en ai envie. Ou bien si, au contraire, je rentrerais chez moi pour une semaine de plus. Je viens sur le pont tous les dimanches soirs. Incertain de savoir si je vais sauter ou non, ne sachant pas si je vais rentrer. Ou pas d'ailleurs.

Mes cheveux me colle à la peau par la pluie, ça me fait bizarre de ne plus avoir mes longues boucles brunes. Je les ai coupé, la semaine dernière. Le lendemain après être venu ici j'ai coupé mes cheveux. Je ne sais toujours pas pourquoi, mais je l'ai fais. Je passe ma main dans mes cheveux trempés et les met difficilement en arrière.

J'attrape ma pièce glissé dans ma poche arrière et la sort difficilement de mon jean qui me colle bien trop à la peau. Je manque de tomber. Je ris légèrement. La pièce est dans ma main, je la lance en l'air et la rattrape. Je la retourne sur ma main et me laisse quelques secondes de suspens pour voir le résultat.

Pile je saute, face je descend.

Je soulève ma main droite et regarde la pièce. Face. Je soupire et descend difficilement de la rambarde, tachant de ne pas tomber. Mon destin décide une fois de plus différemment de ce que je voudrais. Je marche dans les rues de Londres, triste de ne pas être tombé sur pile. Je voulais sauter, comme tous les dimanches vous me direz. Mais je n'ai pas pu. Le jour viendra où je pourrais sauter, je l'attend avec impatience.

J'arrive chez moi. Je suis complètement trempé et je sais que ma mère grognera en me voyant passer la porte. Non pas que je sois mouillé, juste le fait que je rentre et que cette foutu pièce ne soit pas tomber sur pile. Ma mère ne souhaite pas à proprement parlé ma mort, juste si je mourrais elle ne serait pas aussi triste qu'une autre mère, supposée être normale. Elle serait triste, mais le lourd poids que j'étais qui s'enlèvera de ses épaules effacera toute trace de tristesse sur son doux visage.

J'ai toujours admiré ma mère quand j'étais gosse, on avait une relation très fusionnel, mais un jour tout s'est dégradé. Ma demi-sœur n'est pas dépressive et suicidaire, elle est drôle, belle, gentille et intelligente. Mais surtout elle est sociable et populaire. Tout le contraire de moi. Ma mère aime ma demi-sœur plus que moi, c'est un fait. Pas de la jalousie juste pure vérité que j'ai rapidement accepté.

Je passe la porte et enlève mes chaussures complètement trempées. La chaleur du feu de cheminée m'engouffre par tous les pores et je soupire tout de même d'aise.

Larry's book Où les histoires vivent. Découvrez maintenant